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Exigence des femmes : Il faut criminaliser le viol

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Exigence des femmes : Il faut criminaliser le viol

Au Sénégal, des associations féminines se mobilisent pour faire adopter au Parlement la criminalisation du viol. Après avoir obtenu la parité, l’autorité parentale et la prise en charge médicale de leur mari, les femmes continuent leur ‘longue marche’. Des manifestations sont prévues le 25 novembre à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

’Si le parlement devait adopter une loi pour criminaliser le viol au Sénégal, je serais le premier à la voter…’ Ainsi parlait, mi-novembre, à l’Assemblée nationale, le ministre de la Justice du Sénégal, Me Madické Niang. Il répondait aux questions de députés femmes de son pays sur les violences faites aux femmes (Vff), le viol en particulier.

Au Sénégal, une femme est violée chaque jour. Environ 400 cas ont été enregistrés l’année dernière, selon le Groupe de recherche et d’action contre les violences faites aux femmes et aux enfants (Grave). Le viol est considéré comme un simple délit et les auteurs s’en tirent avec des peines allant de 3 à 7 ans, selon le Code pénal (Art 320 al 5).

Mais il n’y a pas que le viol, car les femmes et les filles sont aussi victimes du harcèlement sexuel, de mariage précoce forcé, de violences verbales et physiques : coups et blessures, excision, infibulation, avortement, meurtres, etc. A Kaolack, bastion de la lutte contre les Vff, on a dénombré, de janvier à novembre 2008, plus de 195 cas de violences faites aux femmes, selon Mme Ndèye Diagne, coordinatrice du Point d’écoute contre les Vff à l’Association pour la promotion de la femme sénégalaise (Aprofes.). Sous ce registre, le dernier crime sur une femme remonte au mois d’octobre dernier. C’était à Guédiawaye, dans la banlieue dakaroise, où la jeune fille Ndèye Selbé Diouf a été violentée, puis égorgée. Plusieurs associations féminines du pays avaient manifesté colère et indignation.

A Dakar, le réseau ‘Siggil jigéen’ (rendre à la femme sa dignité, en ouoloff), qui regroupe près d’une vingtaine d’associations, s’était mobilisé en publiant une déclaration commune. Selon cette déclaration, ‘il est urgent que le Parlement soit saisi d’une proposition de loi sur la criminalisation du viol…’ Une délégation de femmes de ‘Siggil jigéen’ s’était ensuite rendue à Ndiongolor au village natal de Ndèye Selbé Diouf. ‘Cette affaire nous a beaucoup affectée. J’ai été moi-même jusqu’à sa tombe’, confie, la voix presque étouffée, Mame Ndèye Fatou Sarr, travaillant au projet Vff de ce réseau.

Ce n’est pas la première fois que des associations féminines luttent contre ces Vff. En 1992, à Kaolack, sous la houlette de l’Aprofes, une grande marche des femmes avait eu lieu dans cette ville, suite au décès de Mme Doki Niass battue par son mari. Quatre ans après, 10 000 femmes s’étaient retrouvées au tribunal de Kaolack pour dénoncer le double crime que constitue le viol commis par un homme du 3e âge sur une fille de 9 ans.

Pour rendre à la femme plus de liberté et de dignité, le gouvernement du Sénégal a ratifié la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples, relatifs aux droits des femmes, adopté à Maputo en juillet 2003.C’est dans ce contexte qu’un Observatoire des Droits de la femme et de l’enfant, ainsi qu’un Comité consultatif sur les Vff ont été mis sur pied au ministère de Femme, de la Famille et du développement social. Mais aux yeux des organisations féminines, dont on dénombre plus d’une centaine au Sénégal, le viol, ayant de plus en plus cours, doit être criminalisé, afin qu’on l’introduise dans le Code pénal et le Code de procédure pénale. ‘Nous voulons mettre fin à l’impunité qui caractérise trop souvent le viol et que nos associations puissent se constituer partie civile….’, explique Mme Ndèye Fatou Sarr.

Depuis la promulgation du Code de la famille, il y a plus de 30 ans, que de combats gagnés par les femmes : droit à la scolarisation des filles, droit à l’autorité parentale (et non plus paternelle), droit à la parité, droit aux femmes fonctionnaires de prendre médicalement en charge leur époux et leurs enfants, etc. Malgré ces acquis, les associations de défense des droits de la femme et de la fille travaillent sans relâche sur la vulgarisation d’instruments juridiques auprès de leurs sœurs analphabètes, organisent des marches (lire encadré) et des causeries-débats avec l’appui des religieux (musulmans et catholiques), font de la médiation sociale dans les familles, etc. ‘L’accroissement du niveau d’information des femmes sur leurs droits et devoirs et l’acquisition de réflexe d’alerte et de défense en cas de violence sont importants pour nous…’, déclare Mme Ndèye Diagne de l’Aprofes. Son association a très tôt mis sur pied, en 1993, le premier Point d’écoute et d’orientation pour les femmes et les filles victimes de violences.

Quant au réseau ‘Siggil jigéen’, il démarre bientôt un programme de plaidoyer dans les régions de Matam, Tambacounda et Kolda. Il travaillera sur des cas spécifiques de Vff, en attendant l’ouverture de son centre d’écoute confié à l’Ong Radi à Colobane. Mais, ‘le plus important demeure l’éducation et la formation des femmes et des filles en vue de leur intégration dans le monde de la production, seul gage de leur libération…’, commente Mme Ndèye Diagne de l’Aprofes.

Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes : Le 25 novembre, les femmes chez Ndèye Selbé

Le 25 novembre, une marche simultanée dans toutes les régions du Sénégal va être organisée par le réseau ‘Siggil jigéen’ à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. A Dakar, le point de chute de la manif sera la Chambre de commerce où les populations pourront bénéficier d’une journée de consultation juridique gratuite. A Factick, une caravane quittera la ville à destination de Ndiongolor où les femmes vont aller chez la famille de la petite Ndèye Selbé Diouf pour apporter un réconfort moral.



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