Si le Sénégal a choisi la date du 4 avril pour célébrer son indépendance, c’est parce que c’est le 4 avril 1959 que le Sénégal et le Soudan se regroupèrent pour former la Fédération du Mali. Ainsi, depuis le 4 avril, les deux Etats avaient délégué certains domaines comme l’enseignement, les travaux publics, la santé, etc., à la Fédération. Mais, quelques mois plus tard, notamment en août 1960 le Sénégal se retire de la fédération et proclame son indépendance, mais conserve la date du 4 avril pour commémorer son accession à la souveraineté internationale. Le 22 septembre 1960, le Soudan occidental proclame à son tour son indépendance sous la conduite de Modibo Keïta, tout en conservant le nom de Mali.
Selon l’historien Adama Baytir Diop, un choix politique de Senghor de s’opposer à la balkanisation de l’Afrique occidentale française (Aof) fut la création de la Fédération du Mali. Dans un élan unitaire, les dirigeants de l’Ups, section Pra avaient, en 1958, pris la résolution avec leurs homologues de l’Aof pour l’accession de l’indépendance dans l’unité. Compte tenu des blocages internes et externes, il fallait faire vite et mettre sur pied une fédération primaire avant la mise en place complète des institutions de la communauté, prévue le 5 avril 1959, rapporte l’historien.
L’éclatement de la Fédération a été favorisé, au plan interne, par des suspicions entre les deux pays. Dans un discours, Mamadou Dia, Président du conseil, après la proclamation de l'indépendance du Sénégal, avait mis en cause la politique autoritaire de Modibo Keïta, président de la Fédération du Mali.
Au plan social, l’historien Adama Baytir Diop souligne que le vote, en 1959, par l’Assemblé constituante de la Constitution du Sénégal et du Mali sembla remettre en cause l’accord tacite entre les marabouts et le pouvoir. Ainsi, à l’initiative des marabouts Cheikh Tidiane Sy et El Hadj Ibrahima Niass, le Conseil supérieur des chefs religieux envoya un télégramme de protestation au Général Charles De Gaulle, président de la République française. Ces marabouts, qui dénonçaient la manière de l’adoption de cette Constitution, voulaient faire du Sénégal un territoire d’outre-mer. Au plan externe, en France, des dirigeants de l’Eglise catholique, craignant que le Sénégal devienne la porte d’entrée du communisme, vont aussi favoriser l’éclatement de cette fédération.
0 Commentaires
Participer à la Discussion