Femmes en quête d’enfants : Tonguia, village de tous les espoirs

Village mythique, situé  en plein pays jadd, Tonguia la belle, accueille, chaque année, le pèlerinage de centaines de femmes en détresse, comme c'était le cas le week-end dernier.

Situé à 72 km au sud-est de Vélingara, à la frontière avec la Guinée Conakry, Tonguia est un hameau, gros comme cinq (5) terrains de football. Pour entrer à Tonguia, village mythique, il faut dévaler une pente raide qui laisse deviner que la bourgade est construite dans une cuvette. Au milieu de ce gros hameau trône majestueusement un grand fromager bicentenaire de 172 m de hauteur, icône de cette localité composée de Badiaranké ou Jadd originaires de Badiar en Guinée. Et si son grand ombrage enregistre tous les jours les palabres des anciens, il est également le lieu qui abrite tous les ans, pendant trois jours, la cérémonie sacrée de fécondité des femmes en mal de bébés ou à la recherche de maris. Appelée "Dimbaya-Touloung" en mandingue, "Kagnalin" en diola, "Bassamb-Bassambé" en kanjadd, cette cérémonie tant respectée draine tous les ans des centaines de femmes vers le village de Waly Wayé Niabaly fondateur de la bourgade. Sous la houlette du kankourang et des génies protecteurs, les femmes, en rangs serrés, dansent et chantent la tête recouverte d’une calebasse symbole de la virginité, ornée de perles de toutes les couleurs et un bâton à la main (qui matérialise la puissance). Ici, témoigne-t-on, avec fierté, toute femme venue implorer le ciel obtient satisfaction totale, trois (3) mois après la cérémonie de "Bassamb-Bassambé". D'où l'affluence! Selon M. NIABALY  “nous avons hérité cette pratique de nos ancêtres, depuis ce jour nous la respectons scrupuleusement, sinon un malheur risque d'arriver dans le village". Et d'ajouter : “plusieurs femmes ont tenté dans les structures sanitaires pour avoir des enfants, sans sucés, mais une fois ici, elles sont satisfaites".  "J'ai fait onze (11) ans de mariage sans enfants mais depuis que je suis venue ici j'ai enfin eu un bébé" nous confie Méta Mané. Et ce n'est pas le seul côté mythique de Tonguia, car ici, on raconte aussi non sans fierté que depuis des temps immémoriaux, aucun voleur n'est parvenu à s'enfuir avec son butin. Selon l'histoire contée par les anciens, des voix assourdissantes et entêtantes interpellent le voleur qui, se résout à déposer les objets ou à défaut de prendre des giffles de mains invisibles. Fodé Sandé, le fils du chef de village de Tonguia témoigne : "On a tenté de voler plusieurs fois le bétail mais c'est sans succès car le village a été protégé contre tout malfaiteur”.

Article paru dans La Voix Plus