La vision formelle de certains décideurs locaux et services déconcentrés constitue un obstacle au développement de l'éducation non formelle dans la commune de Linguère. C'est l’un des constats amers établis par différents acteurs de la communauté éducative qui se sont penchés sur le thème « Entraide et Solidarité pour l'inclusion et la qualité en éducation et santé » à l'occasion des Journées de la famille initiées par le Service d'entraide scolaire de cette ville.
Autour de l'inspecteur départemental de l'éducation, chefs religieux, notables, enseignants, responsables de femmes et de jeunes, administrateurs d'écoles communautaires et conseillers municipaux ont déploré le manque de soutien des nombreuses initiatives communautaires en faveur de la prise en charge des droits de l'enfant à une éducation, à la protection par les pouvoirs publics mais également par les collectivités locales.
"Ces écoles ont droit au soutien de tous, de l'état mais également des collectivités locales, en l'occurence le conseil municipal et les conseils ruraux!" a conclu M. Samba Kambel, enseignant d'arabe et conseiller municipal qui avait éclairé la lanterne de ses interlocuteurs sur les fondements islamiques de la solidarité et de l'entraide. Avec force citations de versets, de hadihts et d'anecdotes, l'arabisant a montré l'obligation pour les musulmans de s'entraider , de s'acquitter de l'aumône et de la zakat dont les bénéficiaires sont le "fakhir et le miskin". Les ressources immenses détenues par une partie de la communauté musulmane peuvent suffire pour financer l'éducation, la formation et l'accès aux services sociaux essentiels. selon M. Kambel qui a rappelé la recommandation du Sceau des Prophètes(PSL) de construire des écoles avant de bâtir des mosquées car l'éducation est au début et à la fin de tout processus de progrès et de vie sociale tout court.
A sa suite l'exposé du patron de l'enseignement du département de Linguère, M. Thiome, a présenté les textes législatifs et réglementaires relatifs à la décentralisation et l'éducation dans le contexte de la mise en oeuvre du Plan décénal de l’éducation et de la formation (Pdef). Ainsi, l'éducation l’un des neuf domaines de compétences transférés aux collectivités locales, entre dans une phase cruciale qui interpelle tout le monde et au premier chef les collectivités locales qui ont la responsabilité de conduire leur propre plan de développement de l'éducation et de la formation. Elles sont, de son avis, investies de prérogatives en matière de conception, élaboration et conduite de leurs politiques éducatives en rapport avec le document de référence, le PDEF. Il a, ainsi regretté que « malgré la sortie des arrêtés nommant les comités locaux de coordination et de suivi du PDEF à tous les échelons, ces instances ne se sont pas encore mises au travail ». Ce sont des avancées en pensant à la proximité et la participation, la transparence et la bonne gouvernance locale induites! « Mais nous avons des inquiétudes quant au piège de tomber dans le clientélisme », a-t-il fait remarquer. Avant d’ajouter, « une des urgences à résoudre est la formation et le renforcement des capacités des décideurs locaux afin que les vertus de la gestion concertée et participative soient au rendez-vous ».
Les communications ont bénéficié de contribution qui les ont enrichies. Il en est ainsi de Diama SECK , responsable de la SCOFI de Linguère et des Clubs de Solidarité qui a dit que « les familles ont des responsabilités énormes et que les associations de parents d'élèves, les organisations de femmes et les individus doivent se sentir concernés et s'impliquer davantage dans la réalisation de l'EPT, de la parité et du maintien des filles dans le système en soutenant les initiatives communautaires telles le Service d'Entraide Scolaire, les écoles maternelles de langue arabe, les daras coraniques ». Les enseignants retraités et les parents d'élèves ont soutenu qu'ils peuvent apporter davantage si le cadre leur est offert. Ils ont plaidé pour la tenue des Etats généraux de l'éducation et de la formation de Linguère afin que toutes les questions soient étalées et des stratégies dégagées ensemble et mises en oeuvre dans la transparence par les pouvoirs locaux dans des partenariats efficaces. La diversification et la libéralisation de l'offre d'éducation, principes directeurs du PDEF, doivent être internalisées par toutes les composantes de la communauté et se traduire en actes concrets dans la gestion des collectivités locales qui ont l'obligation morale de former tous les enfants dans les structures de formation de leurs choix. Cela incombe, selon lui, également aux personnes physiques et morales, aux organisations de la société civile. Les ressources potentielles de la zakat peuvent effectivement et valablement aider à financer le développement en général, la formation et l'éducation notamment. Déjà un mareyeur de la place s'est engagé à se joindre à la chaîne de solidarité que l'association pour le développement communautaire s'emploie à déployer depuis la rentrée scolaire d'octobre 1997.
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