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FRONT SOCIAL : 2006, une année de rudes épreuves

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FRONT SOCIAL : 2006, une année de rudes épreuves

2006: ça a bouillonné partout. Éducation, santé, justice, collectivités locales, nettoiement, travailleurs sociaux, fonctionnaires de l’État. Dans tous les secteurs, les acteurs ont râlé. Bref, hormis la presse, aucun secteur n’a été épargné par la grève. Une situation aggravée par un mutisme de l'État...

Janvier 2006. L’année est partie pour être bouillante. Les enseignants ouvrent le bal des grèves. Ils mettent à exécution le préavis de grève arrivé à expiration depuis longtemps. Ils revendiquent l'indexation de l'indemnité d'enseignement à la solde indiciaire, la fixation de cette indemnité à 50 % de la solde indiciaire et l'extension de l'indemnité d'enseignement à tous les corps émergents (volontaires, vacataires).
Après un long silence, et face à la détermination des enseignants à obtenir gain de cause, au lendemain d’une grève de 72 h (les 25, 26, 27 avril), l'État se décide à les appeler à la table des négociations. Et c’est le ministre de l’Education qui est chargé de les mener. Rendez-vous est pris pour le 05 mai. Une rencontre qui n’a rien donné, car les enseignants n’ayant pas eu satisfaction ont décidé de poursuivre la grève. Ils demandent l’arbitrage du Président de la République. L’ensemble des centrales syndicales est convoqué à la présidence.
Le Cadre unitaire des syndicats de l'enseignement moyen secondaire (Cusems), jusque-là "exclu du système", voit à travers cette initiative du Président Wade un moyen de créer des divisions et des dissensions syndicales pour noyer les revendications du Cusems. Au sortir de cette rencontre, l’intersyndicale de l’enseignement est scindé en deux parties: la A et la B. L’une accepte les propositions du Président de la République et décide de surseoir à la grève, tandis que l’autre se radicalise car ne pouvant gober la stratégie du gouvernement. C’est reparti pour chauffer encore plus ardemment.
Le Cusems, quant à lui, campe sur sa position et veut une satisfaction totale de sa plate-forme revendicative. La grève se poursuit de plus belle. Le ton se durcit. Les enseignants menacent de bloquer l’année scolaire. Ils décident de boycotter les différents examens de fin d’année et gardent les notes de second semestre des élèves.

Retour en arrière, mois de février : les étudiants entrent dans la danse

Tout est parti quand ils découvrent la nourriture de mauvaise qualité qui leur est servie tous les jours à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Comme à leur habitude, pour manifester leur colère, ils descendent dans la rue. Les policiers les poursuivent. Il s’ensuit de violents affrontements. Plusieurs d’entre eux sont blessés dont certains grièvement, et plusieurs biens détruits.
Du côté de Saint Louis, aussi, cela chauffe. Les pensionnaires de l’Université Gaston Berger (Ugb), voulant se solidariser avec leurs camarades de Dakar, butent sur la furie des forces de l’ordre. La situation s’envenime jusqu’au mois de juin, moment des examens. Les enseignants mettent à exécution leur menace de boycott de ceux-ci. Les élèves commencent à payer les pots cassés, leurs parents s’inquiètent.
La population assiste, impuissante, à ce qui se passe. L'État ne fait rien. Les élèves sont ainsi pris en otage, ils sont pessimistes quant à leur avenir. La peur de ne pouvoir passer les examens les ronge. C’est dans cette situation de quasi-incertitude que se pointe le mois de juillet. La situation devient de plus en plus critique. Malgré la menace d’une année blanche, les examens ont lieu, seulement sans les enseignants.
Ces derniers refusent de corriger les épreuves. Les examens sont bloqués. L'État tente de résoudre le problème en décidant de réquisitionner des professeurs. Ce qui accentue la grève. Finalement, après de longues tergiversations, les élèves terminent enfin l’examen bloqué et les résultats commencent à tomber. Pour les orienter, on se base uniquement sur les notes de premier semestre, conduisant les élèves à passer les grandes vacances sans être fixés sur leur sort.
Une incertitude qui sera de mise à la rentrée au mois d’octobre. Les élèves ne savent pas s’ils passent, redoublent ou encore s’ils sont exclus. Pour éviter le scénario de l’année précédente, le gouvernement donne des instructions pour faire passer les élèves en classe supérieure sur la base des notes disponibles. Les enseignants rendent les notes. Mais, de nouveaux plans d’actions sont déroulés.
Malgré les menaces du gouvernement (ponctions sur les salaires, blocage des avances de Tabaski), la grève s’est poursuivie tout au long de l’année 2006 et n’est pas à son épilogue, car l'État continue de refuser aux enseignants ce qu’ils revendiquent et ces derniers ne comptent pas se laisser faire.

Mouvement d’humeur dans la justice

C’est au courant du mois d’octobre que la grève a éclaté au bloc des Madeleines. Chose rare, du côté du temple de Thémis, les acteurs se sont révoltés. Réunis autour du Sytjust (Syndicat des travailleurs de la justice), ils sortent de leur réserve et boudent les salles d’audiences.
Ce qu’ils réclament, c’est un meilleur traitement (l’indemnité de logement, la finalisation du statut et un plan de carrière, l’admission des greffiers à la hiérarchie A1, la réforme des textes et la généralisation des indemnités de judicature). Pendant toute la période qu’aura durée la grève, le système est paralysé. Les citoyens ont, comme pour toute grève, payé des pots qu’ils n’ont pas cassés. Pas de papiers administratifs, pas d’audiences. Là aussi, la manière dont le gouvernement a géré le problème a aggravé la situation.
En lieu et place d’un dialogue, le Président de la République a fait un décret, réquisitionnant l’ensemble des agents relevant du ministère de la justice. Un acte qui a grippé la machine. Car la grève s’est intensifiée. Mais, contrairement à celle des enseignants, elle n’a pas trop duré, car les deux parties ont vite trouvé un terrain d’entente. Les magistrats pour leur part, sous la direction de l’Union des Magistrats du Sénégal (Ums), par des sorties musclées sur le pouvoir, ont fini par contraindre Me Wade et son gouvernement de lui accorder des privilèges et de lui hausser de manière significative l’indemnité de judicature.
Celle-ci, qui était de 150.000 FCfa sous le régime de Diouf, est passée à 800. 000FCfa. De quoi susciter des vocations pour la magistrature.

Les travailleurs des collectivités locales, de l’action sociale et de la santé dans la mouvance

Au même moment (dans la première quinzaine du mois de novembre), les travailleurs des collectivités locales étaient eux aussi en mouvement d’humeur. Tout comme les autres corps de métiers, leurs revendications tournent autour du traitement (statut, indemnité de logement, revalorisation des salaires).
Le mois de novembre pourrait être classé parmi les mois les plus troublés de l’année 2006. Durant cette période, tous les secteurs de la vie sociale, à l’exception de la presse, sont allés en grève. Santé, Étudiants, travailleurs des impôts et domaines entre autres…
Et les revendications sont quasiment les mêmes pour tous les corps. Ces mouvements ont ceci de commun : ils ont tous été accentués par le mutisme de l'État, qui n’a pas su engager le dialogue au moment opportun. A l'heure actuelle, la situation reste en dents de scie. L'alizé n'a pas encore soufflé sur le front social.



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