La ville de Thiès a une bonne perception de la situation des handicapés, en particulier grâce à l’existence de structures de formation telle que l’Institut national des aveugles et d’autres structures s’occupant des handicapés moteurs. L’un d’eux, Amary Thiam, nous a séduit par le courage déployé pour devenir informaticien après maintes péripéties.

Thiès : Parmi ces handicapés résolus à vivre et gagner leur vie à la sueur de leur front, il y a le jeune Amary Thiam. Atteint par la polio à l’âge de deux ans, il a grandi et a appris depuis lors à vivre avec son handicap moteur, en se déplaçant avec une canne. Il est inscrit à l’âge de 7 ans au CI à l’école primaire élémentaire Abdoulaye Yakhine Diop ex Mbambara nom du quartier où habitent ses parents.

Il n’a pu faire l’entrée en sixième à cause de son âge avancé. Le temps perdu à suivre des traitements pour soulager son handicap l’obligeait à interrompre ses études . Il fallait dès lors, grâce à son courage et son intelligence, se débrouiller pour trouver une alternative. En 1981, il quitte Thiès pour se rendre à Ndianganiao où il s’inscrit à nouveau à l’école primaire avec la bienveillance de Mamadou Wade, ancien directeur de cet établissement scolaire. Animé par une foi inébranlable, il réussit son examen d’entrée en sixième en 1981. Les portes du CES Mamadou Diaw du Château d’eau de Thiès s’ouvrent à lui et il trouve encore une âme charitable en la personne de Monsieur Diakhaté. Ce monsieur avait pris sur lui de louer une calèche pour les besoins du transport du jeune Amary Thiam entre son domicile et l’école. Le BFEM fut obtenu quatre ans plus tard Amary prend le chemin du Lycée Malick Sy de Thiés où il poursuit les études jusqu’en terminale série D. Nouvelle interruption des études. Plus tard, Amary passe au théâtre. Il est membre de la troupe théâtrale des handicapés moteurs du centre de promotion et de réinsertion sociale des handicapés moteurs de Thiès et en devient le secrétaire général.

Muni d’une attestation de scolarité, Amary Thiam, soutenu par l’ONG allemande Sénégal hile-Verein, s’ attèle ensuite à suivre des cours de formation de Technicien en bureautique informatique et en DEC comptabilité sanctionnée par un diplôme reconnu par l’Etat. Dans la même lancée, il suit un stage à la Sonatel et à la Senelec qui lui ont délivré des attestations.

Les dirigeants de l’Ong, en tête Madame Doris Raket, conscients de sa réussite due à ses performances au plan technique, l’aident en lui offrant du matériel dont un ordinateur et une imprimante. Ceci afin qu’il serve d’exemple.

C’était en 2000, date à partir de laquelle Amary Thiam ouvre un télécentre cumulativement avec ses activités informatiques. Il s’établit au quartier Serigne Ablaye Yakhine sur l’avenue du Baol, non loin des mausolées (Ablaye Yakhine) en face de son école d’origine où il jouit d’une très bonne réputation. Il a saisi l’occasion lors de notre rencontre pour énumérer les problèmes auxquels les handicapés sont confrontés. En particulier, les handicapés diplômés qui après une formation professionnelle chôment Agé présentement de 37 ans, Amary, marié et père d’un enfant, tient à mener une belle sa vie familiale auprès de ses parents.