Située dans le département d’Oussouye, la commune de Cap Skirring était le foyer de vives tensions et de violences, ce week-end. A l’origine : le manque d’eau potable dans cette localité. Ingénieur géologue, Amath Bodian a expliqué à Seneweb les raisons de ce manque d’eau dans cette partie sud du Sénégal.
«La zone de Cap Skirring est caractérisée par une concentration importante d'eaux marines au niveau du continent. Hormis les plateaux de Tandine, Ziguinchor et Oussouye, tout le paysage se situe en-dessous de 20 m d’altitude par rapport au niveau marin. C’est cette faiblesse des pentes dans la région qui explique, en partie, la formation de ces vastes réseaux hydrographiques communément appelés «bolong» et la pénétration profonde de la marée à l'intérieur du bassin, plaçant ainsi l'ensemble de la Basse-Casamance dans le fief maritime», renseigne un document du géologue Amath Bodian parcouru par Seneweb.
Il explique que la nappe d'eau superficielle de Cap Skirring, qui est la principale source d'alimentation en eau de la population, flotte sur de l’eau salée. Et elle est coincée entre deux compartiments salés : d’une part, l’océan Atlantique à l’Ouest et, d’autre part, par les cours d’eau qui forment un réseau hydrographique très dense en doigts de gant appelés «bolong».
Il explique également que la nappe phréatique, captée dans toutes les localités par des puits traditionnels, joue un rôle très important dans l'hydraulique villageoise. Elle est libre et se trouve à quelques décimètres du sol, aux abords des «bolong» et à une trentaine de mètres de profondeur sous les plateaux. Ce qui présente, selon l’ingénieur, un risque de vulnérabilité énorme par l’intrusion saline des «bolong» dont la teneur en sel peut être trois fois plus élevée que celle de l’eau de mer.
Ces contaminations par intrusion saline sont surtout favorisées, d’après M. Bodian, par la faiblesse de la profondeur de la nappe dans cette zone, accentuant les échanges entre les cours d’eau et la nappe pendant les périodes de crue.
Il s’y ajoute, dit-il, l’avancée de la mer et la surexploitation de la nappe, en raison du nombre important de forages qui alimentent une centaine d’hôtels et de campements dans la zone.
Toujours selon l’ingénieur géologue, la pollution observée lors des études menées en 2016, montre que les zones les plus affectées sont les abords des «bolong» où habite la population locale où certains puits ont été abandonnés à cause de l’intrusion saline et d’autres utilisés seulement pendant l’hivernage, quand l’eau de pluie s’infiltre et dilue l’eau salée des puits.
A ce rythme, avertit Amath Bodian, les estimations prédisent que d’ici 200 ans, tous les puits qui captent la nappe superficielle à Cap Skirring seront tout simplement hors service, à cause de la salinité.
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