HOPITAL ARISTIDE LE DANTEC - Le mouroir

Crée en 1913, l’hôpital Aristide Le Dantec, l’une des structures sanitaires les plus vieilles du Sénégal offre aujourd’hui une image dépassée. Des bâtiments délabrés, des routes défectueuses, des équipements obsolètes, un appareillage inadapté, une dette de plus d’un milliard 300 millions due aux fournisseurs, une subvention étatique insuffisante, et pis encore un personnel sanitaire qui a en raz-le-bol. A vrai dire, l’hôpital Aristide Le Dantec est un véritable mouroir pour les malades. Tout ce qui traduit la mauvaise politique de santé du Sénégal et l’échec des réformes hospitalières adoptées, il y a presque dix ans.

L’hôpital Aristide Le Dantec, la structure sanitaire la plus fréquentée au Sénégal est en train de s’effondrer. Avec 17.000 entrants composés de malades venant de Dakar comme de l’intérieur du Pays, des régions comme des coins les plus reculés du Sénégal, de la sous-région comme de toute l’Afrique de l’Ouest, l’établissement sanitaire est presque à genoux. Le dysfonctionnement dans presque tous les services de cette structure sanitaire fréquentée de plus par les indulgents et les personnes démunies met en face des patients des conditions de soins et d’hygiène, d’infrastructures et d’équipements, qui s’avèrent réellement déplorables. Comble de malheur, la situation désastreuse de cet établissement public de santé semble aller de mal en pis depuis la fameuse annonce de sa délocalisation. Une décision problématique qui a contraint les partenaires à plus de réticence en matière d’investissement.

Au bout du compte, l’hôpital dont sa mort semble avoir été programmée à brève échéance vit une situation difficile, voire calamiteuse avec les 24 services qui le composent. Sur les lieux, c’est un personnel sanitaire déboussolé face à un plateau technique défaillant, obsolète et qui ne répond plus aux normes d’un hôpital digne de ce nom. Les lits sont plus malades que les malades. Les toilettes laissent à désirer avec des odeurs nauséabondes. En face, des salles non climatisés, voire des bâtiments non repeints et dont les fers sont en train de rouiller. Les routes de l’hôpital, elles, sont tout simplement défectueuses.

Les patients, tout à leur désarroi, ne savent plus où donner de la tête dans ce micmac insoluble pour eux. Tant ils sont fatigués des navettes incessantes et autres rendez-vous de plusieurs mois sans voir leurs médecins. Tel cet homme arrivé de Saint Louis avec sa femme pour faire une radio et des analyses et qui est obligé de passer la nuit aux abords de l’hôpital, faute de lieu d’hébergement à Dakar. Quant aux patients qui traînent des maladies chroniques, la prise en charge médicale dans l’hôpital s’avère un véritable chemin de croix. Le patient Cheikh Sylla est quand à lui dérouté. Ayant subi une opération par laquelle il a eu à traîner des séquelles, il éprouve d’énormes difficultés pour bénéficier d’une radiothérapie, comme recommandé par son médecin traitant.

La grippe générale

Du service de l’Urologie à celui de la Cancérologie, de l’Orl à la Maternité fermée depuis l’année dernière, de l’accueil au Bloc opératoire central et autres services, c’est toute une structure sanitaire qui est grippée face à des difficultés de fonctionnement de toutes sortes. Rien que les tables d’opération du Service de l’urologie datent de plus de 25 ans avec des salles d’endoscopie en déficit de vidéo et d’amplificateur de brillance qui a plus de 20 ans (voir ci-après). Pis encore, la situation risque d’être plus explosive pour la rentrée prochaine relativement à l’encadrement des étudiants en médecine dans cette structure sanitaire de référence. L’hôpital risque de ne plus accueillir les 1500 étudiants de la faculté de médecine du fait des multiples problèmes rencontrés dans les différents pavillons. D’où l’avertissement solennel de Baye Assane Diagne, chef du bloc opératoire du Service d’Urologie et d’Andrologie « la crise de l’hôpital Aristide le Dantec va rejaillir sur le rayonnement de l’Université de Dakar ».

Ce qui choque cependant le plus les visiteurs, malades ou autres accompagnants, c’est surtout l’entrée principale avec des restaurants longeant tout au long du mur, cet hôpital de référence. Alors qu’à l’intérieur, l’image choquante reste au delà des vieux bâtiments dépeints, les routes défectueuses qui tuent la majorité des malades évacués. A côté, des arbres vieillissants qui demandent à être renouvelés, un jardinage de mauvaise qualité, des toilettes qui puent avec un accueil déplorable souvent au niveau du personnel de santé dépassé par un surnombre de malades venant des différentes horizons.

DOSSIER REALISE PAR
Cheikh Tidiane MBENGUE ET Moctar DIENG