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Ibrahima Diagne (Candidat à la Chambre de commerce de Dakar) : ‘Le président sortant s’est arrangé pour être le seul membre du bureau à gagner un salaire’

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Ibrahima Diagne (Candidat à la Chambre de commerce de Dakar) : ‘Le président sortant s’est arrangé pour être le seul membre du bureau à gagner un salaire’
La chambre de commerce, de par son statut et ses missions, aurait dû être au cœur de l’économie et du commerce au Sénégal. Malheureusement, elle est reléguée à la périphérie. C’est la conviction d’Ibrahima Diagne, candidat à la présidence de la Chambre de commerce de Dakar. Le Dg de la Nouvelle société des mines et travaux (Nsmtp), par ailleurs président de la commission négociations commerciales et internationales au Cnp, impute cette situation au manque de vision du président sortant et ambitionne de mieux faire connaître cette institution, dont le rôle est de promouvoir la création de la richesse.

Wal Fadjri : On parle beaucoup des élections à la Chambre de commerce. Que représente d’abord cette institution, peu connue des Sénégalais ?

Ibrahima Diagne : Le décret 2003-827 organise le fonctionnement des Chambres de commerce d’industrie et d’agriculture. Son rôle est de promouvoir l’intérêt des opérateurs économiques, de promouvoir le business. La Chambre de commerce doit être l’interface entre l’opérateur économique ou le businessman et l’Etat. Son rôle, c’est également de collecter des informations et proposer des réformes à l’Etat, dire ce qui marche et ce qui ne marche pas dans la création de la richesse. Mais il y a surtout que le président de la Chambre de commerce doit être le promoteur et non le défenseur des opérateurs économiques. Car, quand on parle de défenseur, on pense souvent au syndicat ; alors qu’une Chambre de commerce, ce n’est pas un syndicat. Malheureusement, l’actuel président (Mamadou Lamine Niang, Ndlr) a commis cette erreur. Dès qu’il est arrivé, il a positionné la Chambre de commerce de Dakar comme un syndicat. C’est cela mon combat : je veux restaurer l’image et le rôle de la Chambre de commerce.

Wal Fadjri : Vous remettez donc en cause les choix du président Niang…

Ibrahima Diagne : Quand le président est arrivé, il n’a pas su donner une bonne orientation stratégique de ce qu’est une Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture. Il l’a positionnée plutôt comme une organisation patronale. C’est pour cela que le président sortant s’est toujours posé en concurrent avec le Cnp, la Cnes, le Meds et l’Unacois etc. Ce qui fait qu’à chaque fois que vous voyiez l’interpellation du secteur privé, les gens adressent une invitation à la Cnes, au Cnp, au Meds, à l’Unacois, etc., puis à la Chambre de commerce de Dakar. Ce qui est anormal, car la Chambre de commerce est un établissement public à caractère professionnel et non un syndicat patronal. C’est la première erreur de l’actuel président.

La Chambre de commerce est une institution différente des organisations patronales. Elle devait avoir un rôle d’accompagnateur de tous les opérateurs économiques. Pour preuve, elle a en son sein une section agricole (la pêche, l’élevage et l’agriculture). Elle doit initier des réformes, car c’est à nous de dire ce qui ne va pas dans la création de la richesse et faire remonter ces informations au niveau de l’Etat pour l’inciter à prendre des réformes. Il faut signaler que nous sommes sous la tutelle du ministère du Commerce. Et nous recevons une partie de notre budget - 10 % - de l’Etat. Et l’Etat nous a concédé le poids public qui est une infrastructure de contrôle de poids à l’import. Cela sort 500 à 600 millions de francs par an.

Wal Fadjri : Quel est le budget de la Chambre de commerce de Dakar ?

Ibrahima Diagne : C’est le montant que je viens de vous donner. Notre budget tourne autour de 600 à 700 millions par an, représentés par le poids public et les 10 % que nous donne l’Etat. Ni plus ni moins. En dehors des documents que nous vendons, c’est-à-dire les imprimés, les cartes commerçantes, etc., Dieu sait qu’il y a énormément de choses à faire et à porter pour améliorer les ressources de la chambre ; comme par exemple, construire des infrastructures et les gérer.

Wal Fadjri : Mais qu’est-ce qui fait courir les gens pour occuper le poste de président de la Chambre de commerce ?

Ibrahima Diagne : Ce n’est pas une question de poste, c’est un outil de travail. Ce n’est pas un poste de privilèges. Non loin de là. Nous tous qui sommes membres du bureau de la Chambre de commerce de Dakar, nous sommes avant tout des opérateurs économiques. Et on est bien là où on est. Si je postule à la présidence de la Chambre de commerce de Dakar, c’est plutôt pour développer une institution qui appartient à tout le monde et répondre à la demande de la majorité des opérateurs économiques inscrits et votants. Est-ce que nous devons rester assis, croiser les bras et dire que cela ne marche pas ? Non ! Il faut participer au développement de notre pays. Et pour ce faire, il faut être dans les cadres de réflexions et de décisions.

C’est pour vous dire qu’il n’y a rien à gagner à la Chambre de commerce. A part peut-être lui, le président sortant, qui s’est arrangé pour avoir un salaire à l’intérieur. Et il est le seul élu à gagner un salaire à la Chambre de commerce. A l’exception de la fonction de président, celle de membre titulaire ou suppléant est gratuite. Aucun des six vice-présidents ne perçoit un salaire ; le président sortant est donc le seul à gagner un salaire dans le bureau de la Chambre de commerce. C’est ce que dit le décret qu’il a lui-même initié. Il s’est arrangé pour être le seul à gagner un salaire.

Wal Fadjri : Et comment se passent les élections au niveau des Chambres de commerce pour désigner le président, chargé de piloter l’orientation de l’institution ?

Ibrahima Diagne : Les opérateurs économiques s’affilient à des organisations patronales, mais individuellement, ils viennent voter pour l’élection du bureau de la Chambre de commerce. Ces votants faisant valoir leur appartenance dans telle ou telle autre organisation, du coup, la Chambre a cherché à distribuer des postes en fonction d’organisations patronales. Voilà une autre catastrophe. Les gens doivent participer librement dans leur globalité à la Chambre de commerce, mais ils sont libres d’appartenir à des organisations patronales différentes. C’est aussi cela mon combat. Et mes pairs m’ont choisi pour être tête de liste de ‘And défarat Chambre de commerce’ ; parce qu’on juge qu’il faut tout refaire à la Chambre de commerce. Il faut rendre compte, et toujours rendre compte.

Pour en venir à l’élection, le collège électoral est convoqué un mois avant le jour de l’élection, par arrêté du ministre de tutelle qui détermine les lieux de vote, le mode de formation des bureaux de vote et les heures d’ouverture et de fermeture ; tout ceci pour élire une assemblée générale. Une fois installée, cette assemblée élira, à son tour, un bureau qui est composé d’un président, de six vice-présidents, d’un secrétaire et d’un trésorier. Le président et les vice-présidents, le trésorier, le secrétaire et leurs adjoints sont élus à la majorité absolue des membres titulaires. Le bureau est élu pour cinq ans et le président ne peut être réélu qu’une seule fois. Le collège électoral, appelé à élire ces membres titulaires et les membres suppléants des Chambres de commerce, est composé des représentants des entreprises dûment établies dans un ressort territorial de la région et disposant d’infrastructures et de moyens humains et matériels qui attestent de la permanence de leurs activités. Et le collège électoral comprend la section commerciale, la section industrielle et de services et la section agricole.

‘M. Niang a décidé de suspendre l’antenne de Rufisque sans donner les raisons l’ayant amené à agir ainsi. Pourtant, c’est l’assemblée de la Chambre de commerce qui avait décidé qu’on ouvre l’antenne de Rufisque. Et le bureau a entériné et mis en place cette antenne.’

Wal Fadjri : Les élections de la Chambre de commerce de Dakar étaient prévues en décembre 2009. Qu’est-ce qui justifie le retard dans le processus électoral ?

Ibrahima Diagne : L’autorité s’est rendu compte qu’il y avait des choses pas très démocratiques dans le processus et cela a été l’objet d’un contentieux. Je peux, notamment, citer l’exemple de la répartition des sièges. A ce niveau, le ministre du Commerce a le pouvoir discrétionnaire de répartir les sièges en fonction des sections : Commerce, Industrie et Agricole. C’est un peu comme dans une répartition des sièges à une élection de députés. Le ministre peut octroyer, par exemple, 30 sièges au secteur commercial, 20 au secteur industrie et 50 au secteur agricole. Comme il peut également octroyer un siège au commerce, un siège en industrie et tout le reste - 98 sièges - au secteur agricole, le tout débouchant sur une élection libre et transparente bien entendu démocratique, mais pour moi, la logique voudrait que les sièges soient répartis au prorata des inscrits. Parce que c’est une élection et il s’agit de représentativité, et nous sommes tous égaux devant la loi.

Wal Fadjri : On parle également de la suspension de l’antenne de Rufisque par le président Mamadou Lamine Niang. Cette décision serait-elle motivée par le fait que le responsable de l’antenne roule pour votre candidature ?

Ibrahima Diagne : Cela ne peut qu’être l’interprétation qu’on peut faire de cet acte du président de la Chambre de commerce de Dakar. Et il s’agit d’une décision injuste, car elle n’est pas motivée. M. Niang a décidé de suspendre l’antenne de Rufisque sans donner les raisons l’ayant amené à agir ainsi. Pourtant, c’est l’assemblée de la Chambre de commerce qui avait décidé qu’on ouvre l’antenne de Rufisque. Et le bureau a entériné et mis en place cette antenne. Parce que Rufisque, c’est un département éloigné du siège de la Chambre de commerce de Dakar. Pour faciliter la tâche aux Rufisquois, on a décidé de la mise en place de cette antenne. Ce n’est pas normal qu’un opérateur quitte Rufisque pour venir jusqu’à Dakar pour chercher ses papiers à la Chambre de commerce.

Pour créer la richesse, il faut aller vite. On a estimé qu’il fallait décentraliser la Chambre de commerce de Dakar. Et le monsieur, qui dirige l’antenne de Rufisque, s’appelle Abdoulaye Wade. Il est président de la commission agriculture de la Chambre de commerce de Dakar. C’est un élu, membre de l’Assemblée. Son rôle est d’accompagner, de recevoir les opérateurs économiques du département, de les orienter. (Je ne crois pas que ce monsieur qui s’appelle Abdoulaye Wade soit à nouveau gênant pour le président sortant).

Mes pairs et moi, dans notre mandat, nous comptons décentraliser les activités de la Chambre de commerce dans les quatre départements. Il faut une antenne dans chaque département. Il faut que les opérateurs économiques sentent qu’il y a une Chambre de commerce et connaissent son utilité. Aujourd’hui, beaucoup de Sénégalais ignorent le rôle et l’utilité d’une Chambre de commerce. Ce n’est pas normal. Je suis donc pour une gestion de proximité.

Wal Fadjri : Voulez-vous dire que le président sortant n’a pas œuvré à l’essor de la Chambre de commerce de Dakar ?

Ibrahima Diagne : Bien sûr ! Les Sénégalais ne connaissent pas la Chambre de commerce depuis plus de vingt ans que ce président est là. Ça suffit vraiment. Je dis aux électeurs que la Chambre de commerce est l’épicentre du cercle des activités économiques essentielles au Sénégal. Elle est la porte d’entrée naturelle des partenaires, des investisseurs et opérateurs étrangers. Elle est aussi la porte de sortie des exportations à l’étranger. Ma candidature, c’est une candidature de challenge pour une bonne gouvernance de la Cciad, un pont entre les autorités de tutelle et la Cciad, une détermination à servir ses membres et le secteur privé et public.

Wal Fadjri : Et quel bilan présentez-vous en tant que vice-président de la Cciad pendant sept ans ? Il se dit que vous n'avez jamais réuni la section industrie que vous présidez.

Ibrahima Diagne : Au début du mandat, le président avait décliné sa feuille de route, en nous disant qu’il allait ‘nous donner des lettres de mission’. Jusqu'à présent, on attend et on attend encore l’orientation stratégique.

Il y a tous les procès-verbaux des réunions de cette section, même des commissions de la section. Si c’est lui le président, et que je sois resté pendant tout ce temps sans réunir personne, il y a problème ! Il faut dire que les opérateurs économiques ne trouvent aucun intérêt à venir à la chambre parce que, soit, ils ne sont pas informés, soit, ils ne connaissent pas, c’est dommage.

Wal Fadjri : Baïdy Agne a appelé récemment à un consensus pour l'élection à la Cciad. Cet appel peut-il trouver une oreille attentive à votre niveau ?

Ibrahima Diagne : Le consensus était aussi mon souhait. Il faut rappeler que le président sortant a toujours dit, devant tout le secteur privé, qu’il ne se représenterait plus. Il l’avait dit aux élections de 1991, bien entendu il était déjà président, n’empêche qu’il s’est représenté devant Madior Bouna Niang qui avait reçu tous les accords et soutiens pour se présenter. Mais devant une insistance invraisemblable du président sortant, le secteur privé et quelques personnalités ont convaincu Madior Bouna Niang de se retirer pour laisser pour une dernière fois le président sortant conduire une liste unique. Aux élections de 1999, il avait redit qu’il ne se représenterait plus mais, au finish, il s’est présenté devant feu Yoro Fall (paix à son âme) avec qui il partageait la même organisation patronale, la Cnes. Le secteur privé s’est levé pour convaincre M. Fall de le laisser encore pour un dernier mandat. Aux élections de 2003, il y a eu le même scénario et on le laisse conduire une liste unique. Aux élections de 2009, le président sortant m’a personnellement dit que ça suffisait pour lui. C’est ainsi que le secteur privé s’est organisé et m’a désigné pour que je conduise la liste. Et pour la énième fois encore, le président sortant se manifeste en disant qu’il est candidat.

Il faut aussi ajouter qu’à chaque fin mandat, il s’arrange pour avoir une prolongation du maximum existant, et ce par des reports d’élection. Avouer que c’est inadmissible. C’est ainsi que la majorité du secteur privé s’est mobilisée pour dire que ça suffit. Mais il s’accroche comme pas possible. Malgré 17 ans passés à la tête de la Chambre de commerce, le président sortant s’accroche toujours au fauteuil de président.

Wal Fadjri : Le même Baïdy Agne a regretté les allures d'une élection politique qu'a prise cette élection consulaire. Qu'est-ce qui, selon vous, est à la base de cela ?

Ibrahima Diagne : Quand on s’est levé pour mobiliser, sensibiliser et informer de ce qu’était la chambre de commerce et qu’est-ce que pouvaient attendre les opérateurs économiques de la Chambre de commerce qu’ils ne connaissaient presque pas, il y a eu un engouement terrible, mais légitime. Et il faut dire que les inscrits de la section agricole composée de pêcheurs, éleveurs et agriculteurs représentent 5 fois les commerçants inscrits et 5 fois les inscrits de la section Industrielle. Les inscrits de la section agricole sont dans les départements de Rufisque, Guédiawaye et Pikine et le seul moyen de mieux les informer, c’est par des rencontres et assemblées générales de sous-sections qu’ils organisent eux-mêmes. Ce sont les numéros un dans la création de richesse dans ce pays, on leur doit donc respect et considération.

Wal Fadjri : Ne seriez-vous soutenu par certaines franges du pouvoir pour occuper le poste de président de la Chambre de commerce de Dakar, ainsi que vous le reprochent vos détracteurs qui disent proche du Pds ?

Ibrahima Diagne : J’aime bien le Pds, maintenant le Pdsl. Dieu merci, si je soutiens le président Wade. Dieu merci, si je suis du Pdsl, c’est par conviction. Mais je tiens à souligner que l’Etat ne vote pas. Ce sont les opérateurs économiques régulièrement inscrits qui votent. Je suis le candidat du secteur privé, je suis soutenu par plusieurs patrons des trois sections qui composent la Cciad. Mais je n’adopte pas une démarche de clan. J’adopte une démarche de compétence. Je dis aux gens que j’ai un programme.



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