INDISCIPLINE A L'ACCUEIL, MEDICAMENTS ET TRAITEMENTS ONEREUX, MAUVAISE NOURRITURE : Calvaire des malades exprimé par les accompagnants

La maladie est un véritable calvaire pour les populations. Et les accompagnants le résument aux maux indiscipline à l'accueil, médicaments et traitements hors de portée, mauvaise nourriture, etc. 

En plus d'être un état difficile et parfois à la limite du supportable pour ceux qui la vivent, la maladie est un calvaire pour les accompagnants. De l'accueil au bon de sortie, tout constitue une épreuve à surmonter pour eux. Saisissant le prétexte de la journée mondiale de la santé célébrée hier, nous avons fait un tour à l'hôpital général de Grand Yoff (Hoggy) pour voir de près comment les accompagnants vivent cet état dans lequel se trouvent leurs parents. 

Assise à même le sol, la tête voilée, Madame Ndiaye qui attendait 18 heures pour voir son fils hospitalisé dans cette structure sanitaire de se confier : «je suis accompagnante d'un malade, mais les conditions dans cet hôpital sont très difficiles» peste-t-elle. «Mon fils est hospitalisé depuis maintenant une semaine, mais vraiment les hôpitaux rendent les patients plus malades qu'ils ne les guérissent. Déjà l'accueil n'est pas des meilleurs. Le jour où il a été admis ici, nous avons poireauté des heures avant qu'un médecin ne vienne s'occuper du malade. Après cela, il nous prescrit des ordonnances qui coûtent très chers», fulmine-t-elle. «Aujourd'hui, je suis sortie pour lui acheter quelque chose à manger, parce que la nourriture à l'intérieur laisse à désirer». Mais, fustige-t-elle : «quand j'ai voulu apporter cela à l'intérieur, les vigiles m'ont dit que ce n’était pas possible». Ce qui provoque son courroux : «les vigiles qui sont à la porte sont insolents, arrogants. Quand tu amènes ton malade ou tu viens rendre visite à un malade, ils te malmènent». Madame Ndiaye de poursuivre : «parfois, il y a les membres du personnel médical qui sont très désagréables envers nos malades». Un ensemble de griefs qui lui font lancer ce cri du cœur : «vraiment les autorités doivent revoir ce qui se passe dans les hôpitaux. Parce que c'est du n'importe quoi». 

Indiscipline, mauvais accueil, arrogance dénoncés 

Dans la même veine, Sokhna Diop, une autre accompagnante scotchée devant la porte en attendant que l'horloge sonne 18 heures, heure des visites, s'inquiète pour son mari hospitalisé dans l'hôpital parce qu’étant restée sans ses nouvelles depuis le matin. «Je suis venue accompagner mon mari qui est hospitalisé. C'est un maçon, il a chuté d'un immeuble où il travaillait. Et depuis vendredi, nous sommes là», confie Sokhna Diop les larmes aux yeux. «Vraiment je peux vous dire que le traitement reste à désirer. Si j'avais assez de moyens, on n'allait jamais venir à l'hôpital. J'allais l'amener à la clinique. Parce que là au moins, le personnel médical s'occupe très bien de ton malade même si ça revient très cher». Selon elle, «dans cet hôpital il y a une indiscipline caractérisée». Ayant visiblement énormément de choses à dire, Sokhna ajoute : «je suis sortie ce matin pour aller préparer à mon mari quelque chose à manger et quand je suis revenue, les vigiles m'ont interdit d'entrer. Ils m'ont dit d'attendre l'heure de la visite à 18 heures. C'est incroyable. Je leur ai dit que je suis une accompagnante, que j'étais juste sortie pour aller chercher à manger. Mais ils ne m'ont même pas écoutée. Depuis 13 heures, je suis dehors et je dois attendre jusqu'à 18 heures. Et le plus grave, c’est qu’ils laissent d'autres personnes qui viennent rendre visite à leurs malades entrer. Alors que moi qui suis accompagnante, ils m'interdisent d'entrer. Je ne sais même pas dans quelles conditions est mon malade». 

Ordonnances, prises en charge hors de portée 

Des dénonciations de Sokhna Diop et de Mme Ndiaye que ne partagent pas Cheikh Diop dont c'est la fille qui était hospitalisée. Soulignant qu'elle était bien prise en charge, il regrette la cherté des médicaments et des frais d'hospitalisation. «Je suis juste venu à l'hôpital pour prendre des résultats. C'est ma fille Khady Diop qui était hospitalisée ici. Elle était admise au service de cardiologie, accompagnée par sa mère. Elle a séjourné ici 13 jours. C'était difficile le premier jour quand on l'a évacuée aux urgences. Je suis un paysan et je n'ai pas assez de moyens et il fallait dans l'immédiat trouver 25000 F pour acheter les ordonnances. C'était la galère. Après, ils l'ont transférée au service de cardiologie. Et grâce à Dieu, le médecin qui s'occupait de ma fille était bien. Il nous a beaucoup aidés dans l'achat des ordonnances et même pour la nourriture. Nous habitons à Tataguine, nous n'avons pas de parents à Dakar, le docteur faisait de sorte que ma femme et ma fille mangent bien. Moi je me débrouillais avec le peu que j'avais et le soir j'allais à Usine Benn Talli chez des jeunes de mon village pour y passer la nuit», indique-t-il. Son souhait, c'est que «les autorités fassent de sorte que les prises en charge dans les hôpitaux, même si elles ne sont pas gratuites, restent à la portée de toutes les bourses». Parce que, martèle-t-il, «la maladie est un calvaire au Sénégal» 

ABDOULAYE BA, UN PATIENT VENU SE SOIGNER : «Vraiment c'est n'importe quoi dans ces hôpitaux»

Confirmer ce que les accompagnants ont exprimé, c'est ce que le vieux Abdoulaye Ba a fait. Rencontré à la sortie de l'Hôpital général de Grand-Yoff (Hoggy), il venait de finir sa consultation. Assis sur une chaise-roulante, en compagnie de son fils, la jambe droite plâtrée, il était dans tous ses états. Suffoquant de colère, le vieux Ba d'exploser : «Vraiment c'est n'importe quoi dans ces hôpitaux. Ils m'ont rendu plus malade. Depuis ce matin, je suis dans ce foutu hôpital, et aucun médecin n'est venu me consulter». Il peste tout en criant sur son fils qui était en train de chercher un taxi. Il proférait même des injures. «Je me suis cassé la jambe droite, il y a de cela 15 jours. Les médecins l'ont plâtrée et ils m'ont donné rendez-vous aujourd'hui (Ndlr: hier). Mais vous me voyez, je vais rentrer sans être soigné. Je me suis levé à 5 heures pour venir ici, j'habite à Keur-Massar et depuis ce matin, j'ai fait la queue jusqu'au soir. Et le médecin ne m'a même pas regardé. Je suis venu, il a juste renouvelé mon ordonnance et m'a demandé de revenir le 05 mai». 

Il est d'autant plus courroucé que «les autorités avaient dit que les personnes du 3e âge ne devraient pas faire la queue dans les hôpitaux», dénonce-t-il. Ce qu'il trouve «faux». 

Reprochant au personnel médical de faire du parti pris, il explique : «Vous faites la queue, quelqu'un de plus jeune débarque, je ne sais d’où, ils le font entrer». Également, il soutient : «Les médecins et les infirmiers sont nuls. Ils ne prennent même pas le temps de voir si le patient va bien ou pas». Ce qui lui fait dire : «J'ai l'impression qu'ils veulent se débarrasser des malades en leur renouvelant des ordonnances à n’en plus finir et qui coûtent très cher». 

Autre grief déploré par le vieux Ba, c'est le coût des déplacements pour venir à l'hôpital. «Vous me voyez, je suis à la retraite depuis des lustres, je ne peux plus tenir debout, mais c'est moi qui achète mes ordonnances», fulmine-t-il avant de déverser sa colère cette fois-ci sur un taximan qui lui demandait de payer 5000 F pour le transport jusqu’à Keur-Massar.