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INONDATIONS, ÉLECTROCUTIONS, RISQUES D’EXPLOSIONS… : Les dangers qui guettent les populations installées sur les conduites d’eau

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INONDATIONS, ÉLECTROCUTIONS, RISQUES D’EXPLOSIONS… : Les dangers qui guettent les populations installées sur les conduites d’eau

Un peu partout à travers Dakar, des maisons, des usines, des stations services sont construites près ou sur les grosses conduites (feeders) qui charrient dans le réseau secondaire un volume d’eau d’environ 260.000 mètres cubes par jour, soit 3 mètres cubes par seconde et dont la pression varie entre 2 à 12 bars, selon les lieux et les heures. Une rupture brutale d’un feeder expose les occupants des emprises du réseau à des inondations, des électrocutions et même à des explosions des stations d’essence.

Les tenanciers d’une quincaillerie située à Liberté 6 doivent s’attendre à tout. Le refoulement de forage Dn 300 situé à l’entrée peut à tout moment sauter. Et leur quincaillerie sera littéralement envahie par l’eau. Inutile de vous énumérer les éventuels dégâts matériels. Parlons plutôt des conséquences de la réparation de ce refoulement. « S’il y a casse, il faudra plusieurs heures pour la réparation et peut-être même casser une partie de la quincaillerie », avertit Mamadou Guèye, directeur de l’exploitation du réseau de la Sénégalaise des eaux (Sde).

Loin de là, à Hann Mariste, les belles villas alignées en fil d’oignon affichent leur toit au soleil à quelque deux pas de la conduite dénommée Bonna construite vers les années 1957. Une image illustrant l’agression pressante de l’emprise des conduites posées avant la construction des habitats.

À quelques encablures de ce somptueux quartier, au village de Hann, en allant vers le centre-ville, le garage de Atteman se trouve à gauche à quelques dizaines de mètres de la route de Rufisque. Ici, les caterpillars, les pelles mécaniques sont sur la conduite qui alimente une partie du port, de la Médina, entre autres. Les mécaniciens s’activent à dépanner les engins. Les résidus de la graisse et les huiles dégoulinent des moteurs. Le pavé a viré au noir. Dans cet atelier, on doit surtout craindre la contamination de l’eau en cas d’ouverture. Et ce n’est pas le seul lieu où les Dakarois courent des risques.

À la hauteur du croisement Cambérène, et à l’entrée des Maristes, s’étend un lopin de terre transformé en un « pôle d’activités économiques ».

Forte pression sur les emprises

L’endroit vit au rythme incessant des va-et-vient des camions et des charrettes. C’est aussi un entrepôt de ferraille et un marché pour les vendeuses de petits-déjeuners et de déjeuners. Le hic, c’est qu’ils sont en train de bâtir leur fortune au péril de leur vie. En effet, sous leurs installations se trouve la conduite Bonna 820 qui a atteint la durée de sa vie. En cas de casse de Bonna, le débit de transit peut provoquer de graves accidents.

« La pression et le volume d’eau en cas de rupture d’un feeder situé à proximité d’une voie de circulation peut détruire instantanément une partie du revêtement et propulser les véhicules sur le bas-côté », avancent les techniciens.

Mais, c’est surtout dans la banlieue que les populations exercent une grande pression sur les emprises des conduites. L’installation de ces canalisations est antérieure à la construction des habitations ou des bâtiments administratifs.

À Touba Thiaroye, une conduite 400 fend la cour de la mairie de Yeumbeul Sud en construction. En remontant vers Pikine, une succession de cantines s’échelonnent sur elle.

De l’autre côté de la rue, en logeant ce sentier sableux, on découvre près d’un bas-fond une maison dont l’adjonction est bâtie sur le Bonna. Sur la véranda, une vieille mère est confortablement assise sur une chaise. Cette posture inspire le technicien Mamadou Guèye. « Tu vois, ils ne sont pas conscients du danger qui les guette ».

À Nietty Mbar, les forgerons, les mécaniciens, les menuisiers exercent tranquillement leur métier sur la partie cachée du Bonna. Et sur la partie visible, les riverains versent leurs ordures.

Dans certaines parties de Dakar, les maisons ne sont pas à l’abri des effondrements. La rupture d’un feeder enfoui sous ou près d’une dune peut entraîner l’affaissement des murs des habitats perchés sur celle-ci du fait de l’érosion du sable provoquée par l’action de l’eau.

C’est surtout dans des nouvelles agglomérations de Dakar, que les constructions des routes et des maisons se font sans prendre en compte le réseau de la Sde. La vaste étendue de terrains comprise entre les zones d’excroissance de la ville de Dakar et Rufisque est parcourue par les conduites aux débits plus puissants.

Explosions des stations et des usines ?

À Keur Mbaye Fall, on voit la conduite dénommée Adduction du lac de Guiers (Agl 1) s’étirer sur du sable comme un amphibie qui ressort de la terre pour prendre de l’air ou se faire bronzer sous ce soleil de plomb du dernier jeudi du mois béni de ramadan. Paradoxalement, c’est dans cette zone où la pression des feeders est plus forte que les nouveaux propriétaires de terrain construisent sans tenir compte du réseau. Dans ce quartier de Keur Mbaye Fall, derrière les rails, et près de cet îlot de foyers isolés dans cette vaste étendue de terrains, l’Agl (Adduction de lac de Guiers) visible est prise en étau dans un bas-fond par les nouveaux habitats et des maisons en construction. « En cas de casse, les maisons qui se trouvent dans le bas-fond seront carrément inondées », indique Mamadou Guèye.

Risques de pollution de l’eau

De cette plaine, on rapplique sur la nationale 1. L’axe est à quelques points jalonné par les conduits qui longent les demeures, les structures de santé, la pharmacie de Diamaguène et deux stations-service.

En cas de rupture d’un feeder, outre la contamination de l’eau, les usagers de la route et les riverains sont exposés aux explosions de ces stations en cas d’incendie ayant entraîné la rupture d’un feeder. Dans la zone industrielle, à Hann, plusieurs installations dont une usine de mèche mordent l’emprise du 700 Point Y.

De l’entrée de Dakar jusqu’aux collines des Mamelles, des habitats ou des bâtiments administratifs sont érigés sous les conduites d’eau à forte pression. Et tout peut arriver. À n’importe quel moment. Et comme on ne peut raser toutes les installations, il ne reste qu’à sensibiliser les populations afin de parer aux constructions sur les conduites.

INSTALLATIONS IRRÉGULIÉRES SUR FEEDERS : Une panoplie de mesures pour éviter une éventuelle catastrophe

Les techniciens de la Sénégalaise des eaux (Sde) pèsent leurs recommandations pour mettre fin à l’occupation des emprises. La sensibilisation semble aujourd’hui l’une des solutions les plus viables.

« J’occupe ce lopin de terre depuis 1974. Je n’ai jamais connu une rupture d’une canalisation qui ait provoqué une inondation dans cette zone ». Ces propos de l’exploitant de l’espace vert, Mbaye Cabe, dont la maison est traversée par une grosse conduite dans la zone de Dalifort-Forail, posent l’urgence d’une campagne de sensibilisation. Car, les occupants des emprises ignorent ou minimisent les risques qu’ils encourent. Pour certains d’entre eux, il faudrait peut-être qu’une catastrophe se produise pour qu’ils s’en rendent compte. C’est justement à ce titre que le volet de la sensibilisation est la solution la plus en vue au sein des techniciens et des autorités compétentes.

Une mobilisation contre ces occupations irrégulières éveillera les occupants sur les conséquences néfastes d’une ouverture d’un feeder. Et dans le même temps, elle servira d’opportunité pour les différents acteurs de poser des balises contre les agressions des emprises. « Nous pensons que nous devons mettre l’accent sur la sensibilisation pour informer les populations sur les risques qu’elles encourent. Et, d’autre part, agir en amont pour empêcher la construction de maisons sur les emprises », indique le chef de la division Cartographie de la Sde, Ahmadou Kane.

Pour parer les catastrophes, les techniciens de la Sde ont, entre autres, proposé la démolition des constructions sur les feeders. Dans cette optique, une partie de la capitale changerait de visage. Cette option est idéale, mais irréalisable. Parce que le nombre d’habitats érigés sur les canalisations est inestimable.

« Nous avons formulé des recommandations. Parmi ces points figure le déguerpissement des populations installées sur les feeders. Cela est difficilement réalisable parce qu’il y aura plusieurs foyers à faire déplacer », fait savoir M. Kane.

Ë d faut de pouvant créer plus de danger est envisageable. La Sde va entreprendre le renouvellement du Bonna dont l’itinéraire sera dévié, ce qui épargnera certains habitats. Le financement est déjà acquis. Les travaux seront lancés dans les mois à venir.

L’arrêt des constructions en cours sur les canalisations figure en bonne place dans le catalogue des recommandations. Il a été également proposé l’affectation d’une brigade de gendarmerie pour la surveillance des emprises. La délocalisation des stations-service a été aussi citée comme mesures de sécurisation de notre espace urbain.

PRÉVENTION DE L’OCCUPATION DES EMPRISES : Une coordination de délivrance de permis de construction souhaitée

Un Comité régional de développement sur « les situations présentant un danger pour l’alimentation en eau potable dans la région de Dakar » a été tenu, il y a quelques jours, à Dakar. Au cours de cette rencontre, le gouverneur de la région de Dakar a soulevé l’importance de la nécessité de coordination entre les différents services pour la délivrance des permis de construction.

Un Comité régional de développement (Crd) demandé par la direction de la Protection civile et la direction de la Sde (Sénégalaise des eaux) a été organisé à Dakar. Lors de cette rencontre présidée par le gouverneur de Dakar, Ndary Faye, les participants ont passé à la loupe les zones à risques et dégagé des axes pour parer aux risques. La rencontre a permis de remettre au goût du jour cette propension des Dakarois à exploiter des parcelles en foulant au pied les règles de l’urbanisme et de l’environnement. « La pression démographique fait qu’aujourd’hui, même dans les aires non aedeficandi sont exploitées pour la construction de bâtiments », a souligné le gouverneur. Ce dernier, selon un journaliste, a annoncé que « ceux qui ont érigé des constructions sur les conduites sont appelés à redresser leurs bâtiments ». Le Crd a aussi soulevé l’urgence d’une coordination des structures des départements de l’Urbanisme, de l’Environnement, de l’Hydraulique, de la Planification, du service régional du Cadastre ainsi que la direction de la surveillance des sols. Une concertation entre les différents services pour la délivrance des permis de construction est nécessaire pour éviter l’occupation des emprises. Il va s’en dire que la lutte contre ces installations irrégulières nécessite aussi l’implication de la police et de la gendarmerie.



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