INTERDICTION DE LA MENDICITÉ DANS LES RUES : Me Wade s’explique et affiche sa détermination à ne point reculer

Encore une délégation d'imams au palais de la République, hier, trois mois après la polémique autour des 50 millions qui avaient été remis aux imams et oulémas du Sénégal, dans le courant du mois de juin 2010. En effet, ils étaient près de 600 imams à être reçus dans la salle des banquets par le chef de l'État. Prétexte de cette rencontre, la traditionnelle distribution du «Murum Koor», (aumône de la rupture du jeûne), une pratique en cours depuis le magistère de Léopold Sédar Senghor, premier Président du Sénégal. Tous les imams, présents hier au palais de la République, ont reçu chacun un montant de 50 000 F. Ce qui porte l'enveloppe distribuée à la somme de 30 millions de francs.
Au cours de la cérémonie, l'imam Omar Diène, de la Grande mosquée de Dakar, Ousmane Sarr, membre du bureau de l'Association des imams et oulémas du Sénégal et Tahirou Fall de Rufisque ont parlé au nom des imams et c'est pour remercier le Président Wade pour ses actions en faveur de l'islam, notamment l'introduction de l'enseignement coranique dans les écoles publiques, ses actions de bienfaisance dans les mosquées etc.
Le président de la République a aussi été remercié par ses hôtes pour avoir porté le montant du «Murum Koor», de 7000 F (montant en cours jusqu'en 2000), à 50 000 F. Un des orateurs, rappelant que le Président Wade s'était étonné qu'on puisse remettre la somme de 7000 F à quelqu'un qui s'est déplacé depuis les régions pour venir à Dakar, alors que ce montant ne couvre même pas son transport. Enfin, les imams ont formulé des prières à l'endroit de leur hôte.

INTERDICTION DE LA MENDICITÉ DANS LES RUES : Me Wade s’explique et affiche sa détermination à ne point reculer
L’État ne reviendra pas sur la mesure d’interdiction de la mendicité dans les rues. Me Abdoulaye Wade l’a dit, hier, en recevant une délégation d’imams. Même s’il se dit ouvert à la réflexion pour développer des mesures d’accompagnement, le président de la République, qui a révélé s’être concerté avec les familles religieuses, avant d’appliquer cette loi, se refuse à cautionner cette forme de traite des enfants.

La mesure d’interdiction de la mendicité dans les rues de Dakar et du reste du Sénégal, l’Etat n’est pas près de la lever. C’est ce qui se dégage de la position exprimée, hier, par Me Abdoulaye Wade, lors d’une audience qu’il a accordée au Palais à une délégation de près de 600 imams. S’exprimant pour la première fois depuis le début de la mise en ?uvre de la loi interdisant la mendicité, il y a trois semaines, le président de la République est revenu sur la démarche qui a abouti à cette directive. Me Wade a ainsi révélé qu’avant de décider d’appliquer cette loi, il a discuté de la question avec l’essentiel des familles religieuses du pays.
Justifiant cette interdiction, le chef de l’Etat a dit aux imams qu’il s’est rendu compte, après s’être informé, que la plupart des talibés qui mendient dans les rues de Dakar ne sont pas issus des véritables «Daaras» et autres grands foyers religieux du pays. Aussi, dira-t-il sa conviction que les vrais talibés n’ont pas le temps d’aller mendier dans les rues tous les jours.
Pour démontrer que le phénomène de la mendicité devait être combattu, parce qu’il sous-tend en réalité une forme de traite des enfants, Me Wade a usé d’une anecdote qu’il a tenu à partager avec ses hôtes. Il leur a en effet confié que «lors des enquêtes de police qui ont suivi l’arrestation des premiers mendiants à Dakar, une dame ressortissante d’un pays voisin a eu à faire un aveu de taille. Elle a reconnu que les cinq enfants qu’elle avait avec elle, et qu’elle faisait mendier, n’étaient pas les siens. Elle a avoué les avoir loués dans son pays et qu’une fois rentrée, elle allait désintéresser les parents qui lui avaient loué leurs enfants».
Face à cet état de fait, Me Wade a affirmé aux imams que devant de telles pratiques, quoi qu’il soit panafricaniste, il est obligé de contrôler les entrées et les sorties aux frontières pour préserver l’image de son pays.
Affichant sa détermination à appliquer cette mesure d’interdiction de la mendicité dans toute sa rigueur, Me Abdoulaye Wade a prévenu qu’il n’allait pas reculer, même s’il reste ouvert à toute réflexion qui pourrait aider à développer des mesures d’accompagnement de ces mendiants.
Une invite du président de la République qui répond à une demande déjà formulée par la Fédération des maîtres coraniques du Sénégal. Cette structure a demandé, la semaine dernière, à l’Etat d’initier une concertation afin que trouver les voies et moyens d’aider les «Daaras» à prendre en charge les talibés et à leur éviter ainsi de devoir tendre la main dans la rue.