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Khalifa Ababacar Diagne, sur les répercussions psychologiques du drame de Mouna: « Les rescapés de Mouna peuvent être sujets à un stress post-traumatique »

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Khalifa Ababacar Diagne, sur les répercussions psychologiques du drame de Mouna: « Les rescapés de Mouna peuvent être sujets à un stress post-traumatique »
Ils ont vécu l’horreur en direct, y ont
survécu, mais peuvent ne pas en sortir indemnes. Du moins
psychologiquement. Les rescapés de la bousculade de Mouna auront
certainement besoin de suivi psychologique permanent pour apprendre à
vivre avec les flash-back de cet indicible drame qui ne manqueront de
les hanter. L’assertion est du Psychologue-conseiller et chargé du suivi
psychologique des étudiants, Khalifa Ababacar Diagne. Entretien.

Répercussions sur le mental des
rescapés : «Après avoir survécu à un drame pareil, on ne peut pas ne pas
ressentir des séquelles sur le plan psychologique. Pour une raison bien
simple : ce sont des situations extrêmement dures auxquelles, les
pèlerins n’étaient pas préparés. Aucun individu ne va à La Mecque avec
l’idée d’y trouver la mort. Dès lors qu’ils n’étaient pas préparés à ce
genre de situation, ils ne pourront échapper à de graves troubles
psychologiques. J’ai suivi la conférence de presse du responsable de la
commission médicale du Commissariat au pèlerinage (Papa Amadou Diack) et
je ne sais pas si, dans la commission, il y a des psychologues. Et s’il
n’y en a pas, ce serait extrêmement difficile. S’il y en a déjà, ce
serait une bonne chose, car ce dont les rescapés ont le plus besoin, en
ce moment, c’est d’être écoutés, afin de comprendre ce qui leur est
arrivé. Dans ce genre de situation, il est primordial, pour la personne,
de comprendre ce qui lui est arrivé et cette étape, une fois franchie,
constitue un énorme bond en avant pour sa récupération sur le plan
psychologique. Le suivi ne doit pas se limiter à La Mecque, il doit se
poursuivre, une fois le retour au pays effectif. Sinon, ils seront
exposés à un stress post-traumatique».

Manifestations du stress
post-traumatique : «Ce stress post-traumatique peut se manifester par
l’expression d’émotions négatives. Cela peut aller des pleurs continus
au dérèglement psychologique. Ces gens peuvent être amenés à des
monologues ou à ressasser, quand ils sont seuls, le film du drame. Ce
stress post-traumatique peut survenir immédiatement ou six (6) mois
après, pour d’autres. C’est la raison pour laquelle, je vous disais, dès
l’entame de mon propos, que même après le retour, ces pèlerins auront
besoin d’un suivi psychologique. Ils peuvent rentrer et avoir l’air
d’être bien sur le plan psychologique et quelques mois après, sombrer
dans une profonde dépression. Aussi, pour éviter cela, est-il recommandé
de suivre ces personnes au moins 6 mois après leur retour. Ce suivi
psychologique est aussi valable pour les pèlerins laissés en rade à
Dakar. Le fait d’aller à La Mecque, chez nous, n’est pas uniquement un
devoir religieux. C’est aussi une question sociale. C’est un rêve qui
fait partie de notre socialisation, dès le bas-âge. Ce qui fait que
beaucoup de Sénégalais ne jugent leur réussite qu’à l‘aune de leur
capacité à envoyer leurs parents à La Mecque. Sur le plan social, aller à
La Mecque est une consécration. En se voyant refuser ce «droit», il y
en a qui iront jusqu’à penser que leur dignité a été éclaboussée et de
là, développer des expressions négatives qui les conduiront, pour
certains, au suicide.»

Conséquences du stress
post-traumatique : « Elles peuvent être de plusieurs ordres. Certains
peuvent en arriver à développer une phobie de La Mecque ou même du
pèlerinage. Ils vont ressentir une sorte de peur, dès l’évocation des
Lieux Saints de l’Islam ou quand on montrera des images de La Mecque ou
même dès qu’ils verront quelqu’un en partance pour La Mecque. Tout cela,
ce sont des manifestations du stress post-traumatique. Raison pour
laquelle, toutes ces personnes ont besoin d’être accompagnées, de même
que leurs familles, afin qu’elles puissent les aider et les soutenir. Il
est impératif de les écouter car, dans ce genre de situation, la
personne peut être amenée à s’interroger sur ce qui lui est arrivé et
pourquoi cela lui est arrivé. Pourquoi a-t-elle survécu et pas une
autre ? Pourquoi n’a-t-elle n’a pu sauver telle personne ? Qu’est-ce qui
n’a pas marché ? Sa chance d’avoir survécu relève-t-elle du miracle ?
Marcher sur des cadavres pour sauver sa peau est un fait traumatisant
qui peut provoquer, sur le long terme, des cauchemars, des crises
d’angoisse, une perte d’appétit, l’insomnie ou même la folie. Parce que
quand on parle de dérèglement psychologique, on ne peut pas savoir, à
l’avance, jusqu’où cela peut aller, s’il n’y a pas une bonne prise en
charge psychologique. Laquelle doit combiner à la fois l’action des
psychiatres et des psychologues. Leurs actions permettront de limiter
les dégâts car, il faut aussi savoir que ce sont des évènements qu’un
psychiatre ou un psychologue ne peut pas effacer de la mémoire des
rescapés. L’oubli est impossible. Les rescapés ne vont pas oublier ce
qu’ils ont vécu. On peut les aider à vivre le plus «normalement»
possible avec, à faire le deuil mais, il leur sera impossible d’oublier.
Durant toute leur vie, ces rescapés peuvent avoir des flash-back, quand
il s’agira de revoir des images de La Mecque ou même juste un drame, un
accident similaire à celui de Mouna ».


NDÈYE FATOU SECK


4 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Octobre, 2015 (20:02 PM)
    Ah maintenant vous renommez les villes ? C'est mina ou mouna ? Lol
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  2. Auteur

    Nene

    En Octobre, 2015 (22:11 PM)
    merci khalipha jespere kil tentendron
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    Auteur

    Anonyme

    En Octobre, 2015 (02:51 AM)
    Aller à la rencontre de dieu et revenir avec du stress. Je pense que ce drame éveillera les consciences au Sénégal. Croire d'abord en soi plutôt que de confier son destin à l'abstrait.
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    Auteur

    Anonyme

    En Octobre, 2015 (08:45 AM)
    MAY L7NE NIOU diameu avec vos machins de traumatismes post je ne sais quoi. Chaque jour des gens meurent dans des accidents de voiture. Est-ce qu'on assure un suivi aux survivants ?

    May lène niou diameu waye.
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