Le juge a rendu, hier, son verdict dans l’affaire d’extorsion de fonds. Celle-ci opposait le journaliste du magazine Lissa à la notaire Me Aïssatou Guèye Diagne. Le prévenu, Mamadou Ndiaye, s’est vu infliger une peine de 3 ans de prison ferme. La défense s’est indignée du déroulement des débats, du fait de l’absence de l’accusatrice et non moins partie civile dans cette affaire. Mme Diagne, au lieu de se présenter à la barre, a tout simplement envoyé une lettre par le biais de son conseil, Me Moustapha Diop. Dans celle-ci, elle déclare ne pas pouvoir comparaître, pour des raisons personnelles.
Il s’est avancé, d’un pas lent, en direction du prétoire, non pas cette fois-ci pour s’expliquer sur les délits d’extorsion de fonds et de chantage perpétré sur la notaire Me Aïssatou Guèye Diagne, qui l’a attrait à la barre, mais pour entendre la sentence. A l’annonce de la peine de 3 ans de prison ferme, Mamadou Ndiaye, les mains parcourant ses lèvres, a regagné sa place, la tête basse, les lunettes en loupe, tombant sur son frêle nez.
Le coucher du soleil qui englobe tout le Tribunal de Dakar, vient aussi d’emporter les derniers espoirs d’un journaliste qui a clamé, jusqu’au dernier moment, n’avoir jamais perpétré un change encore moins une extorsion de fonds sur la notaire Me Aïssatou Guèye Diagne avec qui il est lié par un contrat destiné à parfaire son image déjà entachée par des affaires scabreuses.
En effet, le journaliste Mamadou Ndiaye vient d’être édifié sur son sort. Après deux renvois, le dossier a été plaidé hier devant le Tribunal des flagrants délits présidé par le juge Bodian. Ce dernier, après plus de 4 heures de débat, l’a reconnu coupable du délit d’extorsion de fonds et de chantage, et l’a condamné à 3 ans de prison ferme et à payer un franc symbolique à la plaignante. En rendant un tel jugement, le juge a suivi le réquisitoire du procureur de la République qui avait requis, auparavant, la même peine.
Mais pour l’avocat de la défense Me Sadio Diaw, le verdict ne le surprend guère. Car, dit-il, «Mamadou Ndiaye est en mauvaise posture. Personne ne peut poser des questions à la notaire qui a refusé de comparaître». Aux yeux du conseil du prévenu, «c’est un procès perdu d’avance», pour la simple raison que «la notaire a des ramifications partout».
Auparavant, l’avocat a mis en garde le tribunal sur les relations de la notaire. Il a également souligné le fait que «la dame a essayé d’acheter le silence de la presse. Elle est aussi capable d’acheter les décisions de justice». Me Sadio Diaw a, catégoriquement, réfuté les accusations d’extorsion et de chantage dont son client Mamadou Ndiaye est l’objet sur la notaire, Me Aïssatou Guèye Diagne. A l’en croire, c’est cette dernière qui s’est approchée du journaliste pour se «faire une bonne image dans la presse». Mieux, tonne l’avocat, la logique est que dans ce «contrat illicite entre les deux», il est difficile d’établir que «la dame qui gère des dossiers où on parle des milliards, des personnalités comme le Président Nino Vieira de la Guinée-Bissau, puisse être extorquée par ce pauvre journaliste».
La vérité, martèle l’avocat, est que «la dame a utilisé le journaliste pour son image qu’elle se doit de polir». Mais pour Me Moustapha Diop, l’avocat de la notaire, «Mamadou Ndiaye est tout sauf un journaliste». Car, ce dernier «n’est sorti d’aucune école de journalisme. Même s’il affirme avoir subi une formation pendant 2 ans à l’Issic (Institut des sciences de l’information et de la communication)». Ce procès, a ajouté Me Diop, «n’est pas un procès contre la presse, mais contre Mamadou Ndiaye».
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