Nichée dans la commune de Fimela, au cœur du delta du Sine Saloum, la ferme agroécologique de Kaydara incarne une vision alternative de l’agriculture au Sénégal. Initié dès 2007 par Gora Ndiaye avec le soutien de l’association Jardins d’Afrique, le projet s’est progressivement structuré en ferme-école, devenant aujourd’hui un lieu de formation, de production, et d’expérimentation pour une transition agroécologique à l’échelle locale.
Permaculture, agroforesterie et autonomie semencière
Kaydara s’étend sur 7 hectares aménagés selon les principes de la permaculture. La configuration des parcelles, les haies fruitières, les mares de rétention d’eau et les cultures diversifiées témoignent d’une volonté d’imiter les écosystèmes naturels. Compostage, agroforesterie, rotations culturales et lutte biologique font partie des techniques privilégiées. L’objectif : restaurer les sols dégradés, réduire la dépendance aux intrants chimiques et retrouver une autonomie à la fois agricole et alimentaire.
Un espace de transmission des savoirs paysans
La ferme se veut aussi un lieu d’apprentissage. Chaque année, des dizaines de jeunes, hommes et femmes, venus de tout le Sénégal mais aussi d’ailleurs, sont formés à des pratiques agricoles durables. Le modèle repose sur une pédagogie de terrain, valorisant le savoir-faire paysan tout en intégrant des connaissances agronomiques modernes. L’accent est mis sur l’autonomie des exploitants, la relocalisation de la production et l’engagement communautaire.
Un modèle économique sobre et résilient
À rebours de l’agriculture intensive, Kaydara s’appuie sur des circuits courts et sur la vente locale de ses produits, issus d’une production diversifiée. Des légumes aux fruits, en passant par les plantes médicinales et les semences, tout est valorisé dans une logique d’économie circulaire. Ce modèle, sobre en capital et en énergie, garantit une certaine résilience face aux chocs climatiques et économiques, même s’il reste fragile sans appui durable.
Un laboratoire social tourné vers la jeunesse
Plus qu’un site de production, Kaydara est un projet de société. Il ambitionne de redonner à l’agriculture son attractivité, notamment auprès des jeunes en milieu rural, tout en favorisant l’implication des femmes dans la gouvernance foncière et l’entrepreneuriat agricole. Le fonctionnement collectif de la ferme et son ancrage dans la communauté locale en font un laboratoire social à échelle humaine.
Une inspiration pour demain, malgré les limites
Cité comme modèle dans de nombreuses conférences nationales et internationales, Kaydara reste une exception dans un paysage agricole encore peu ouvert à l’agroécologie. L’absence de politiques publiques claires en faveur de ce type de transition limite son essaimage à grande échelle. Pourtant, dans un contexte de crise climatique et de pression foncière, les enseignements de Kaydara résonnent avec une acuité croissante.
Commentaires (0)
Participer à la Discussion