Le professeur Lamine Ndiaye, maître de conférences au Département de sociologie de l'Université Cheikh Anta Diop (UCASD) de Dakar, a estimé mercredi que la pratique rituelle autour du deuil est fondamentale pour permettre aux familles des victimes du Joola ''d'accepter la mort'' de leurs proches.
''Le deuil, c’est un ensemble de
pratiques rituelles, c’est par le biais de cette action rituelle que
nous parvenons à humaniser la mort et a humaniser le traumatisme que la
mort provoque'', a t-il souligné.
Lamine Ndiaye s'exprimait à l'Institut français Léopold Sédar Senghor
lors de la présentation de son œuvre intitulée : ''Mort et thérapie en
Afrique: enjeux, représentations et symboles''.
''L'être humain ne peut faire le deuil que s'il dispose d'un corps, car
l'absence d'un corps empêche d'accepter la mort et c'est pour cela que
le renflouement de l'épave du Joola est important'', a-t-il souligné.
Selon lui, la meilleure façon d'aider ces parents de naufragés à
accepter leur mort, c'est de leur donner les moyens d'être sûrs que ces
corps sont là et de leur donner aussi la possibilité de les enterrer.
En Afrique et au Sénégal en particulier, cet enterrement permet
également ''de pouvoir accomplir les rites qui sont nécessaire pour la
paix de ces morts et par ailleurs la paix de ces vivants''.
''C’est par le biais des rites adéquats qu'il faut pour la mort que la
famille parvient à se libérer du dû au mort, ce dû ne peut être accompli
qu’en les ritualisant'', a estimé Lamine Ndiaye.
Pour lui, faire son deuil, c’est mettre en œuvre tout un ensemble de
pratiques afin que la mort soit acceptée, car chaque deuil a une fin,
''mai la fin du deuil se solde par une rupture et donc un rituel qui
permet de rompre avec la mort''.
''Sans ces obligations sociales, les familles de victimes vont continuer
à penser que le parent mort n’est pas mort, en pensant même pouvoir
communiquer avec eux et ce sont des formes de traumatisme que seuls les
rites autour du deuil peuvent soigner'', a-t-il conclu.
Le livre de Lamine Ndiaye s'attache à élucider la manière dont les
communautés perpétuent, en adoptant le principe de la modification des
faits, des comportements sociaux.
C'est de la sorte qu'est abordée la question du rite articulé autour de
la mort, du deuil, mais également de la parenté ou de la maladie.
Le Joola, navire qui assurait la liaison maritime Dakar-Ziguinchor, a
sombré au large de la Gambie dans la nuit du 26 septembre, faisant 1863
morts. Outre 64 rescapés, seuls quelques corps ont pu être repêchés.
Depuis, le ferry gît au fonds de l'océan, et les associations de
familles des victimes n'ont cessé de demander son renflouement, pour
permettre aux proches de faire le deuil.
2 Commentaires
Injuma
En Septembre, 2012 (08:57 AM)Le renflouement et le deuil permettront aux familles d'effacer ce sentiment d'abandon et de retrouver la tranquillité d'esprit du devoir d'accompagnement de leurs proches à leur dernière demeure ...
Rudy
En Septembre, 2012 (14:05 PM)Participer à la Discussion