Dans la commune de Djinaky, récemment marquée par une attaque inattendue le 13 avril 2025, le Comité régional de solidarité des femmes pour la paix en Casamance (CRSFPC/USOFORAL) a lancé l’initiative « Kaira Moussol » (Femmes de paix) pour consolider la paix et promouvoir le développement communautaire. Ce projet, porté par les femmes de la région, vise à renforcer leur rôle central dans la résolution des conflits et la reconstruction de la Casamance, une région meurtrie par plus de quatre décennies de rébellion armée.Gabriel Raymond Dia, chargé de projet à USOFORAL, a salué le dynamisme des femmes dans la quête de paix. « Leur engagement est un moteur essentiel. À travers des tables rondes et des universités populaires, nous invitons les communautés à gérer participativement les ressources naturelles pour prévenir les conflits et consolider la paix », a-t-il expliqué. Selon lui, « sans paix, il n’y a pas de développement », faisant de « Kaira Moussol » une réponse aux besoins urgents de la Casamance. Dia a souligné que la voix des femmes sera « un élément fondamental » dans ce processus, malgré les défis persistants, comme en témoigne l’attaque récente à Djinaky, qui a ravivé les tensions dans cette zone frontalière avec la Gambie.Diaretou Yaye Set Badji, membre de la Fédération des femmes de Djinaky, a exprimé la déception des habitantes face à cet incident, qui a semblé remettre en question les progrès vers une paix durable. « Nous pensions que la paix était acquise à Djinaky, mais ces événements nous ont bouleversées. Ce projet nous pousse à nous mobiliser davantage, à travers des actions de sensibilisation et, si nécessaire, des rencontres directes avec les acteurs concernés », a-t-elle affirmé. Elle a insisté sur le rôle clé des femmes : « On ne peut parler de paix sans elles. Elles sont au cœur de la paix en Casamance. »L’initiative « Kaira Moussol » repose sur trois axes prioritaires : le renforcement des capacités communautaires, le développement économique des populations, et la consolidation des dynamiques de paix. USOFORAL, créé en 1999 et signifiant « unissons-nous » en diola, s’appuie sur son expérience de médiation et de leadership féminin, notamment à travers des comités de paix locaux dans des communes comme Djinaky, Enampore, Nyassia et Oulampane. En 2010, USOFORAL a cofondé la Plateforme des Femmes pour la Paix en Casamance (PFPC), qui regroupe 170 associations et plus de 250 000 membres, renforçant l’influence des femmes dans les négociations de paix.Ce lancement intervient dans un contexte où la Casamance connaît des avancées, comme le désarmement de la faction Diakaye en 2023 à Mongone, mais aussi des tensions persistantes, illustrées par l’attaque d’avril 2025 à Djinaky, où des assaillants ont pillé des boutiques avant de s’enfuir. « Kaira Moussol » ambitionne de revitaliser l’espoir et de poser les bases d’une paix durable par l’action communautaire des femmes.
Auteur: Max Euclide KANFANY Correspondant à Ziguinchor
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