Comme pour toutes les fêtes chrétiennes, il faut en chercher l’origine dans la vie du Christ. Si Marie est aujourd’hui honorée d’une façon toute particulière, c’est parce qu’elle a accepté d’être la Mère du Sauveur. L’humble fille de Nazareth à qui l’ange Gabriel a annoncé qu’elle serait la mère du Christ a répondu "Oui". Marie a accueilli dans sa chair celui qui est l’origine de toute vie. Les Évangiles sont d’une discrétion étonnante sur Marie. Il faut beaucoup d’attention pour apercevoir sa figure, car le cœur du message des Évangiles, c’est la Révélation d’un Dieu Père par son Fils Jésus.
Origine de la fête de l’Assomption
Si les Évangiles ne s’attardent pas sur Marie, celle-ci n’en est pas moins présente auprès de son Fils, comme à Cana ou bien encore au pied de la Croix. Marie est "la servante du Seigneur" comme le dit le Magnificat. Marie accompagne la vie de Jésus car elle est, à sa manière, une disciple. Une femme qui a su écouter la Parole de Vie et se mettre à son service. Quand Jésus ressuscite, c’est le triomphe de la vie qui est manifesté au grand jour. La mort n’a pas pu retenir captif le Maître de la vie. Jésus n’a pas connu la corruption du tombeau. C’est notre salut, notre bonheur qui est ainsi annoncé. La mort n’a pas le dernier mot. Avec la Résurrection de Jésus, c’est l’annonce de notre propre résurrection personnelle qui est dévoilée. "Je crois en la résurrection de la chair". L’affirmation du Credo est constitutive de notre foi chrétienne. Croire en Dieu, croire en son Fils et en sa Bonne Nouvelle, c’est aussi croire à la vie éternelle et à la résurrection des corps.
L’Assomption de Marie, un dogme
Le 1er Novembre 1950, l'Assomption de Marie est établie sous forme de dogme par la constitution apostolique. La constitution dogmatique du Concile Vatican II en 1964 a énoncé «enfin la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toutes atteintes de la faute originelle, ayant accomplie le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l'univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du péché et de la mort».
Ascension et Assomption prêtent à confusion
Souvent, une confusion dans les mots, Ascension, Assomption. En fait, ils sont très proches. L’Ascension, où montée au Ciel de Jésus-Christ, est commémorée 40 jours après Pâques, après la Résurrection. Ce jour-là, le Seigneur disparaît de la vue de ses disciples. Le parcours terrestre de Jésus est achevé, mais pas de manière définitive. Il se poursuit par la présence missionnaire de ses disciples dans l’attente de son retour. Son corps (l’Église) poursuit la mission du prophète de Jérusalem, reconnu et confessé comme Fils de Dieu. Tandis que l’Assomption est l’élévation de la Vierge- Marie dans la gloire du ciel.
15 Août, jour exceptionnel à Lourdes
Rien n'est dit dans les Évangiles sur la fin de vie de Marie. Une tradition rapporte que l'Assomption aurait eu lieu à Éphèse à la Maison de la Vierge-Marie. La maison en question est un lieu religieux Chrétien où, selon la tradition, la Vierge Marie a été emmenée par Jean l'Évangéliste à qui le Christ a confié sa mère au pied de la croix après la crucifixion du Christ, fuyant la persécution à Jérusalem et y demeurant jusqu'à sa bienheureuse Assomption ou Dormition selon les orthodoxes. En 1896, l'Église Catholique a officiellement décrété que la maison était un monument pour les Chrétiens. Visitée par plusieurs milliers de pèlerins tous les ans, Paul VI est venu confirmer son authenticité le 26 Juillet 1967. Une autre tradition parle de Jérusalem. Quoi qu'il en soit, les Catholiques ont adopté cette croyance avec ferveur, au point qu'en France le roi Louis XIII avait fait du 15 août la fête nationale, décision reprise par la Restauration. En France, elle demeure la fête patronale de nombreux villages et le 15 Août est le jour le plus important de l'année à Lourdes (lieu de pèlerinage Catholique qui accueille chaque année environs 5 millions de pèlerins, dont 60.000 malades). Egalement, beaucoup de pays en ont fait un jour férié, y compris le Sénégal.
Ce qu’en pensent les autres Eglises
Les Églises Orthodoxes adressent au dogme de l'Assomption les mêmes critiques qu'à celui de l'Immaculée Conception. D'une part, il est contraire à la foi des Pères de prier la Très Sainte Mère de Dieu comme «préservée par Dieu de toutes atteintes de la faute originelle». Ce serait en faire une personne à part du genre humain, supprimant toute liberté pour la Vierge Mère de dire «non», faisant perdre de ce fait sa valeur salvatrice à la réponse positive qu'elle fit à l'annonce de l'ange Gabriel (je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole). Mais surtout prier la Vierge Marie, comme préservée du péché originel, c'est-à-dire sauvée par avance, serait la rendre hors d'atteinte de la mort. Les Églises Orthodoxes affirment qu'elle est morte et ressuscitée, ce qu'elles nomment la «Dormition» de la Vierge. «Si elle resta encore dans le monde, si elle se soumit aux conditions de la vie humaine, jusqu'à accepter la mort, c'est en vertu de sa volonté parfaite, dans laquelle elle reproduisit la kénose volonté de son Fils. Mais la mort n'avait plus d'emprise sur elle. Comme son Fils, elle est ressuscitée et montée au ciel, première hypostase humaine qui réalisa en elle la fin dernière pour laquelle fut créé le monde». Le protestantisme refuse cette doctrine ou croyance, qui n'est pas relatée dans les livres et dans laquelle il voit «une nouvelle tendance de l'Église catholique à la Mariolâtrie».
VIERGE-MARIE, VIERGE IMMACULÉE : La première des croyantes
Marie est désignée comme la première des croyantes parce qu’elle a cru en la venue du Christ. La fête de l’Assomption est issue de cette logique de foi. Si Marie est la première de ceux qui ont placé leur foi en Jésus, il est naturel qu’en elle soit manifestée avant tout autre ce en quoi elle a vraiment cru. Or, la Résurrection de la chair fait partie de sa foi. L’Assomption est la célébration de l’accueil en Marie de la vie éternelle jusque dans sa chair.
Marie est une femme d’Israël. Elle était issue du sang royal de David et eut pour mère Sainte Anne. Fiancée vers l'âge de 15 ans à St Joseph, déjà âgé, elle habita Nazareth avec son époux, qui ne fut que le gardien de sa Virginité. Peu après son mariage, l'Ange Gabriel lui apparut et lui annonça qu'elle concevrait par la vertu du Saint-Esprit, sans cesser d'être vierge. Il lui dit de nommer son fils Jésus (le sauveur). Neuf mois après il naquit. Marie l'emmena avec elle en Égypte pour le soustraire à la fureur d'Hérode le Grand qui, inquiet de certaines prophéties, voulait le faire périr ainsi que tous les nouveau-nés de la Judée. Le danger passé, elle revint avec Saint-Joseph à Nazareth où elle mena pendant plusieurs années une vie fort retirée. Elle accompagna Jésus pendant ses prédications et fut présente à son crucifiement. Marie est honorée, comme mère de Jésus, d'un culte particulier, et invoquée comme intercédant d'une manière toute-puissante auprès de son fils. Elle a vécu sa condition humaine pleinement mais sans le péché. Sa solidarité avec l’humanité est cependant totale. Sa vie de jeune fille, tout comme celle de mère, a été marquée par les joies, les souffrances, les peines et aussi par la mort. Marie n’a pas échappé à la mort. Comme son fils, elle a assumé l’ensemble de la condition humaine. Mais, sa vie a été remplie par la présence de l’Esprit de Dieu. Après sa mort, Marie a été enlevée à la vie terrestre pour entrer d’emblée dans la vie en Dieu. Voilà le mystère de la fête de l’Assomption. C’est un résumé du parcours du croyant. Elle a placé sa foi en Jésus ressuscité, alors elle est destinée, corps et âme, à vivre dans le sein de Dieu. Et Marie fut la première à vivre cela.
L’ASSOMPTION ET SES DÉBOURS: Vins, ripailles et bals à la taverne
De plus en plus, le côté festif a tendance à prendre le dessus sur la solennité de l’Assomption. En effet, c’est l’occasion, pour bon nombre de jeunes, de déserter Dakar au profit des régions de la petite côte (Mbour, Joal et Fadiouth) et aussi la ville de Saint-Louis. Ce qui mène souvent à des dérapages. On se soûle sans retenue et les plages deviennent des lieux de débauche. Sans parler des nuisances sonores qui durent jusqu’au petit matin. Ce rituel a fini de faire de Dakar, chaque 15 Août, une ville placide.
Dakar, une ville, qui d’ordinaire grouille de monde à la veille du 15 Août, est complètement désertée. Vous me direz par les campagnards qui rentrent chez eux, pour fêter l’Assomption. Hé bien, ce serait une raison bien plausible. Toutefois, ce qui serait à l’origine de ce dépeuplement est plus la ruée des fêtards qui peuplent Dakar. En effet, chaque année, les jeunes s’expatrient, en masse, le temps de la fête, vers Mbour, Joal, Fadiouth et surtout Saint-Louis, dans le but de jouir pleinement de la cérémonie. Et, le plus souvent, cela tourne à la dérive, au péché même. L’alcool coule à profusion, les tapages nocturnes et les baignades de nuit à la plage sont de saison. Tout sauf prendre part à l’office de la fête. La liesse du 15 Août s’est donc «élevée» en outrance, en ce jour où est célébrée l’élévation de Marie dans la gloire du ciel. D’où cet engouement pour les noceurs qui, à l’image de Jano, un habitant de la place, ne cessent d’implorer le Christ à la fin de chaque Assomption, que la prochaine revienne vite. «Je suis tellement pressé que le mois d’Août arrive pour pouvoir me rendre à Joal, comme chaque année avec mes amis. C’est la seule occasion que j’ai pour me défouler comme je veux. Là-bas, la fête y est belle et on fait plein de rencontres intéressantes, surtout côté féminin», soutient-il d’un air malicieux. Rendez-vous est donc pris pour ces amateurs de ripailles, bals et vins aux tavernes de ces régions qui ont la côte le 15 Août.
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