La fête de korité de cette année sera difficile. C’est du moins l’impression qui se dégage après avoir fait un tour chez les pileuses basées à la rue 11 de la Médina. A une semaine de la Korité, les clients viennent au compte-goutte, chez ces dames dont la principale activité consiste à piler le mil. Cette situation s’explique par la crise financière qui continue de sévir dans les ménages sénégalais.
13 heures à la rue 11 de la Médina. Sur l’allée qui mène au stade Iba Mar Diop, les boutiques sont alignées. Devant ces boutiques, des cordonniers s’activent. Ils mettent la dernière touche aux chaussures pour leurs clients de la Korité. A quelques mètres de là, des dames échangent des mots en sérère entrecoupés de mots en wolof. Ces femmes, s’échinant sous ce chaud soleil, tiennent chacune un récipient : une bassine pour les unes, un seau pour les autres. Il y en a aussi certaines qui ont des calebasses sur la tête. Ndèw, l’une d’entre elles, la trentaine, nous confie qu’elle est là depuis longtemps. Son enfant au dos, malgré cette forte chaleur, elle pile du mil dans un mortier. Cette originaire de Ndiaganiao nous confie : «Les clients ne viennent pas en masse. Ce qui fait qu’on ne gagne pas beaucoup. Or, on a des bouches à nourrir et nous ne comptons que sur ce métier.» Sa voisine, Awa Sarr, abonde dans le même sens. Elle aussi, venue de son village pour exercer ce métier de pileuse de mil, explique : «Ce travail rapporte peu. Car le kilogramme de mil est pilé, moyennant une somme allant de 75 à 100 FCfa. Ce n’est pas cher. Mais les gens ne viennent pas. Parfois même, je reste toute une journée sans rien faire, faute de client.» Interpellées sur les raisons de ce ralentissement dans leur travail, ces femmes avancent que les gens n’ont pas d’argent pour assurer le «laax» habituel de la Korité. Entre autres raisons, elles avancent la prolifération des machines à piler qui les remplacent dans leur travail. Le constat reste le même. Les Sénégalais ont d’autres préoccupations que de se payer un bol de «laax» le jour de la Korité. Cette situation qui prévaut dans les foyers sénégalais s’explique par le fait que la crise financière n’a pas fini de se faire ressentir chez les Sénégalais. Et cette crise mondiale est en train d’avoir raison sur certaines pratiques jugées coûteuses. Les pileuses, bien que désespérées, attendent encore. Car, disent-elles, il y aura toujours des personnes qui ne vont pas abandonner leurs vieilles habitudes et viendront faire piler leur mil pour servir du «laxx» à leur famille le jour de la fête de l’Aid El Fitr.
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