Le long de la Grande muraille verte : Des queues sur des kilomètres pour se faire consulter par des… étudiants avancés en médecine

Treize étudiants avancés en médecine et pharmacie ont été affectés à Widou Thiengoly pour donner des consultations gratuites aux populations de cette localité située au cœur du Ferlo, dans le cadre de la caravane sanitaire de la Grande muraille verte.

(Envoyé spécial) - Situé sur le tracé de la Grande muraille verte qui doit s’étaler sur 7 000 kilomètres de long et 15 de large, le village de Widou Thiengoly est sorti de l’anonymat dans cette vaste zone sylvo-pastorale, en plein cœur du Ferlo. Parce que l’Agence nationale de la Grande muraille verte y a élu son camp de base. Alors, depuis bientôt quatre ans, les étudiants en provenance de toutes les universités du Sénégal et même de l’étranger y séjournent chaque année, entre août et septembre correspondant à la saison des pluies, pour des actions de reboisement. Et parmi les cent trente étudiants dont cent viennent de l’Ucad et trente de Bambey, dépêchés à Widou Thiengholy, communauté rurale de Téssékéré, département de Linguère, il y a treize étudiants avancés en médecine qui donnent des consultations médicales gratuites, tandis que les autres sont affectés au reboisement des parcelles entre le 15 août dernier, date de leur arrivée, et le 29 août, date de leur départ.

Les blouses blanches ont élu domicile au niveau du poste de santé de la localité à quelques jets de pierres des dortoirs des étudiants. Chaque jour, dès les premiers rayons du soleil, les populations convergent vers Widou devenu le centre de gravité de la communauté rurale de Téssékéré pour se faire consulter. Et chaque jour, c’est le grand rush avec des queues sur des kilomètres. L’engouement des populations pour le volet médical n’est donc plus à démontrer. ‘Pour moi, au-delà de la Grande muraille verte, ce qui est important, c’est le contact avec les populations. On les aide. Et les populations vous disent la joie qu’elles ont d’accueillir les étudiants. Mis à part le reboisement, le volet le plus important, c’est le volet sanitaire. Vous voyez des gens qui font trente à quarante kilomètres pour venir se soigner. Ils vous confient qu’ils n’ont jamais vu de dentiste et par cette caravane, elles ont l’occasion de voir un spécialiste’, explique Amath Thiaw, doctorant en biologie végétale et dont le sujet de thèse porte sur : ‘Le suivi et l’évaluation de la faune et de la flore dans une parcelle test de la Grande muraille verte’.

Quant aux étudiants avancés en médecine et pharmacie, ils ne cachent pas leur satisfaction d’être au chevet des populations rurales qui manquent de tout. Amath Niane, étudiant en cinquième année de médecine, se confie : ‘C’est un plaisir pour moi d’aider les populations, à plus forte raison les populations habitant au fin fond du Sénégal comme ici. C’est une population accueillante, mais difficile à gérer à la fois, notamment à cause de l’obstacle de la langue peulh que la plupart d’entre nous ne comprennent pas’. En cinq jours de présence, ils sont en train de battre les records de visites journalières de malades de tous âges, hommes, femmes et enfants. ‘On reçoit parfois cinquante malades par jour, mes collègues me disent que c’est soixante quinze’, note Amath Niane.

Charles Abdou Dia, étudiant en sixième année de médecine, d’emboucher la même trompette : ‘On est venu à Widou pour aider à soigner les populations et l’on sait qu’elles ne se soignent pas faute de moyens et d’accès à un spécialiste. On a des médicaments et puis tout est gratuit’. Pour Cheikhou Ndour, étudiant en cinquième année de pharmacie, ‘la première chose qui nous frappe quand on vient ici, c’est que la population a un besoin urgent de soins. Nous-mêmes, nous avons parcouru des kilomètres pour venir ici. Chaque jour, il y a beaucoup de monde qui vient se consulter. On a beau amener beaucoup des médicaments, cela ne suffit pas, cela s’épuise très vite. En tant qu’agent de santé, cela donne une certaine satisfaction de les soulager, mais d’un autre côté, cela nous choque de voir des populations présenter certaines douleurs’, raconte t-il. Notre interlocuteur originaire de Bargny dit également prendre conscience du fossé qui sépare les populations de Dakar qui ont accès tout de suite à un spécialiste et celles rurales de Widou Thiengoly qui sont obligées de parcourir des kilomètres à pied, à dos d’âne, à cheval ou en charrette pour se faire consulter dans le cadre de cette caravane sanitaire de la Grande muraille verte. Marie Awa Mbodji, une des rares filles du groupe d’étudiants en médecine trouvée en pleine séance de consultations, de lancer : ‘On est là pour soulager la population sur le plan sanitaire. Le seul écueil, c’est la langue que nous ne comprenons pas. Mais on essaie de faire avec l’aide de traducteurs. Pour le reste, rien n’à signaler’.

Les populations, quant à elles, apprécient. Idrissa Sow, habitant de Widou Thiengoly, s’en réjouit : ‘Nous sommes très contents de la présence des étudiants en médecine, le seul problème c’est l’accès aux médecins. Car la queue est tellement longue que c’est difficile pour tout le monde de se faire soigner. C’est que nous sommes nombreux à vouloir nous soigner. Et on apprécie à sa juste valeur les médicaments qu’on nous offre gratuitement’.