Le Pajef, un modèle d’alphabétisation à répliquer dans d’autres pays

En une année, 3.998 jeunes filles et femmes ont été enrôlées dans le programme Projet d’alphabétisation des jeunes filles et jeunes femmes (Pajef) à Pikine. 193 clases physiques ont également été ouvertes.

Le Projet d’alphabétisation des jeunes filles et des femmes (Pajef) de Pikine a reçu la directrice générale de l’Unesco Mme Irina Bokova venue s’enquérir de l’état d’avancement de ce projet lancé en janvier 2012. Il vise, sur une durée de 2 ans, à alphabétiser 40.000 jeunes filles et femmes dans 7 régions du Sénégal en associant des méthodes classiques d’apprentissage avec une offre basée sur les technologies de l’information et de la communication.
« Le Sénégal a une longue expérience de plus de deux décennies des programmes d’alphabétisation. Toutefois, il reste un besoin de ciblage plus systématique des jeunes filles en déperdition scolaire, des jeunes filles au niveau d’étude extrêmement faible et déjà hors du système. Sans l’alphabétisation, couplée à des compétences de vie, cette population restera condamnée à perpétuer le cycle de pauvreté », a prévenu la directrice générale de l’Unesco.

En une année, le Pajef a réalisé d’importants résultats surtout au niveau de l’accès, de l’enrôlement et des femmes recrutées dans le programme et des classes ouvertes. « 3.998 femmes ont été enrôlées, 193 classes physiques ont été ouvertes, 2.300 jeunes filles et femmes ont été recrutées et bénéficient actuellement de programme de formation en ligne grâce à une application développée avec la Coalition des opérateurs en alphabétisation », a listé Yao Ydo, chargé des questions éducatives à l’Unesco Breda. Il a ajouté qu’avec le collectif national pour l’éducation alternative, « 900 jeunes filles et femmes ont été enrôlées dans les programmes et 1.000 jeunes filles des écoles primaires ayant des difficultés d’apprentissage ont reçu le soutien du Pajef afin de leur éviter le décrochage scolaire ». 
Pour tenir les classes du Pajef, 110 enseignants ont été formés et 23 responsables régionaux de l’alphabétisation ont reçu une formation en suivi, évaluation et gestion. Sans oublier la formation de 66 accompagnateurs, 44 facilitateurs, 40 relais et 4 superviseurs. M. Ydo a révélé que 96% des jeunes filles du programme ont réussi aux examens ou sont passés en classe supérieure et il y a eu 84,1% de réussite à l’examen du Bfem de cette année pour un total de 93 candidates.
Il a fait savoir que le Pajef est incontestablement une réussite au point qu’il est en phase d’être érigé en modèle et adopté comme stratégie d’accélération pour l’atteinte des objectifs nationaux d’alphabétisation. Déjà, les bons résultats enregistrés au Sénégal ont conduit l’Unesco et son partenaire Protector et Gamble à lancer le même type de projet au Kenya depuis quelques mois. 

Deux centres communautaires à Bandafassi et Toubacouta
Dans le cadre du projet de promotion des industries et initiatives culturelles au Sénégal piloté par l’Unesco, le Pnud, l’Unfpa, l’Onudi et l’Omt, deux centres communautaires sont en cours de finalisation à Bandafassi dans le pays Bassari et à Toubacouta dans le Delta du Saloum. Chaque centre comprend une structure pour jeunes enfants (0-5 ans), une maison des femmes, un espace pour les jeunes et un village pour les artisans locaux.
D’un coût de 6,5 millions de dollars sur financement du gouvernement espagnol, ce projet a démarré en 2009 et s’est achevé en décembre 2012. Il a permis aux deux zones citées d’être inscrites comme sites du patrimoine mondial de l’humanité. « Le Delta du Saloum a été ajouté sur la liste en juin 2011 et le Pays Bassari en juillet 2012. Ces centres communautaires leur permettront d’accroître leur productivité et leur visibilité et d’attirer plus de touristes, de financements, d’investissements, ce qui peut contribuer au processus de développement durable au niveau local », a fait savoir Yao Ydo, chargé des questions éducatives à l’Unesco Breda.
En outre, les centres multimédias communautaires, en particulier les radios locales de ces deux régions ont été renforcées en matériels.

Nesa, un outil d’amélioration de l’état nutritionnel des enfants
Pour accélérer les efforts déployés, le Gouvernement du Sénégal, en partenariat avec le Système des Nations Unies, a mis en place un programme conjoint dénommé « Nutrition, enfants et sécurité alimentaire » (Nesa) qui intervient dans les régions hautement vulnérables comme Diourbel, Louga, Matam, Tambacounda, Kédougou, Kolda et Sédhiou. Il a bénéficié d’une contribution financière de 5,5 millions de dollars du Gouvernement espagnol depuis 2009 pour une période de 4 ans. Le Nesa comporte plusieurs composantes dont l’alphabétisation des femmes allaitantes et des femmes enceintes. Les résultats attendus sont, entre autres, le renforcement de capacités des facilitateurs, des animateurs radios et des communicateurs traditionnels, la formation de 4500 femmes dans 150 sites, l’élaboration d’un manuel de formation traduit dans 7 langues, la démultiplication de la formation par les apprenants-relais…