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LE REVE DE 433 CANDIDATS A L’EMIGRATION TOURNE COURT - L’enfer des embarcations

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LE REVE DE 433 CANDIDATS A L’EMIGRATION TOURNE COURT - L’enfer des embarcations

Les candidats à l’émigration, en partance pour l’Espagne, ont vécu un véritable enfer à bord des embarcations de fortune. Sept morts, plusieurs blessés et des victimes de dépression. Dans les pirogues, des cas de cannibalisme, selon des récits concordants, ont été signalés. Au total, 433 candidats à l’émigration sont rapatriés hier, mardi 30 mai, à bord du Boeing 737800 de la Royal Air Maroc(Ram). Mardi 30 mai. Hangar des pèlerins de l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar. Comme si la nature en rajoutait à ce climat de désolation et de tristesse. Une chaleur d’étuve à vous couper le souffle torture ces peaux que les rayons solaires ont commencé à abîmer. Le hangar de l’aéroport accueille des « pèlerins » d’un genre nouveau, ceux qui ont choisi l’émigration pour échapper à la misère et au regard accusateur d’une société de consommation qui surfe de plus en plus sur la vague de l’intolérance.

Des candidats à l’émigration, au nombre de 433, ont débarqué à bord du Boeing 737800 de la Royal air Maroc, à l’aéroport LSS de Dakar. Leur aventure a tourné court au Maroc où ils ont été arrêtés. Et pourtant, ils n’ont jamais été aussi proches des îles Canaris, l’anti-chambre de Barcelone, Madrid etc. Des rêves brisés sur les houles d’une mer parfois très agitée. Le Maroc s’est mis en travers de leur chemin. Dommage, ruminent certains qui, comme Sisyphe, remettront ça. Pour d’autres, par contre, Barça s’est transformée en Barsax(l’au-delà, en wolof). Sept morts, plusieurs blessés et des candidats qui ont eu des dépressions. Le prix à payer pour subvenir aux besoins de la famille. Une aventure au goût amer ! Ils ont passé plus de neuf (9) jours dans le territoire marocain, après leur arrestation. Ces candidats à un ailleurs meilleur ont quitté le Sénégal le mardi 14 mai à bord de 4 pirogues de pêcheurs, moyennant une somme variant entre 400 000 et 750 000 F Cfa.

Le récit cru d’un voyage aux allures d’un psychodrame

Il y avait foule devant le hangar des pèlerins de l’aéroport Lss. Des parents, amis, voisins, parfois même des curieux, ont fait le déplacement pour partager la douleur ou la souffrance d’une famille éprouvée. Sur ces visages crispés, le récit cru d’un voyage aux allures d’un psychodrame. La tension était perceptible, surtout pour ces parents venus se renseigner sur le sort de leurs enfants. Sont-ils vivants ? Sont-ils morts sur le chemin de l’émigration ? Des questions qui s’entrechoquent dans la tête de ces parents déboussolés. Les forces de l’ordre ont tenu en respect cette foule parfois agitée. Les effets du soleil ? L’accès dans le hangar où ont pris place les candidats à l’émigration est interdit, sauf pour les parents dont les enfants sont morts, blessés ou déprimés. Même les historiens du présent, les journalistes, sont priés de se mettre à l’écart. On peut imaginer aisément les difficultés de collecte de l’information. Mais c’est sans compter avec la détermination des confrères. Ils ont pu être informé de la provenance des candidats à l’émigration, du nombre d’embarcations, des conditions difficiles de voyage etc. Les embarcations, au nombre de quatre, proviennent de Saint-Louis et de Rufisque. Parmi les sept morts, deux étaient en état de putréfaction. Une ambulance de Sapeurs-pompiers les a amenés, y compris les blessés. Pour les candidats victimes de dépression, des assistants psychiatres ont été envoyés sur place pour leur apporter les premiers soins.

Il a perdu son fils de 20 ans…

Un père de famille rencontré sur les lieux raconte qu’il a deux de ses enfants qui ont tenté cette aventure. Malheureusement, l’un, âgé de 20ans, est décédé et son frère lui, se trouve dans un état grave. La mine triste, il lance en direction des autorités : « La jeunesse doit mériter plus de considération de la part des autorités. Ces jeunes vivent dans des conditions difficiles au Sénégal. Leurs parents étant à la retraite, ils veulent leur venir en aide, c’est pourquoi ils sont prêts à utiliser tous les moyens pour atteindre leurs objectifs », explique-t-il.
Les autorités sénégalaises rassurent que ces clandestins ne feront pas l’objet de poursuites judiciaires, car ils sont considérés comme des victimes.
Rappelons que d’autres vols sont attendus aujourd’hui, en provenance d’Espagne, pour rapatrier les Sénégalais en situation irrégulière.

Bacary Domingo MANE et Bakary COULIBALY (stagiaire)

ENCADRE

Des candidats à l’émigration témoignent :

« Des cannibales à bord des embarcations »

Des candidats à l’émigration racontent leur mésaventure. Des récits poignants, à la limite surréalistes. « Beaucoup de nos camarades ont perdu la vie sur le chemin de l’Espagne. Durant la nuit, on voyait des bébés à bord des embarcations, on ne sait pas d’où ils viennent, et qui se mettaient à nous agresser. Ils se mettaient à manger la chair humaine. Les gens se débattaient et se défendaient comme ils pouvaient. Ce sont des anthropophages qui se sont transformés en bébé. Ce sont des cannibales. Leurs victimes sont méconnaissables, elles ont perdu certaines parties de leur corps. », raconte ce candidat à l’émigration originaire de Rufisque, qui a refusé de décliner son identité. Et d’ajouter : «nous avons vécu l’enfer dans les pirogues et une semaine de paradis au Maroc ». Des propos confirmés par Modou Diop : « Nous étions dans de bonnes conditions au Maroc, mais on a rencontré beaucoup de problèmes en mer, d’ailleurs plusieurs de nos camarades y ont perdu la vie ». Un autre de lancer : « La belle vie se trouve ailleurs et pas au Sénégal. Et si c’était à refaire, dès demain, nous sommes prêts pour embarquer ».

 



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