[ V I D E O ] : Le Sénégal recherche une centaine de migrants clandestins disparus en mer

Selon des rescapés interrogés, leur embarcation était partie le 3 décembre de la localité de Bolongne, dans la région de Ziguinchor (Casamance, sud) avec à bord 127 Sénégalais projetant de se rendre clandestinement dans l'archipel espagnol des Canaries.

Confrontés aux intempéries, à la faim et à la soif, les occupants du bateau ont décidé de rebrousser chemin entre les côtes marocaines et mauritaniennes avant de faire naufrage dans un lieu qui n'a pas été précisément indiqué.

Les vingt-cinq rescapés du naufrage ont indiqué avoir été secourus au large de Saint-Louis par des pêcheurs, qui les ont déposés samedi sur une plage de la région d'où ils ont été évacués vers un hôpital avec l'aide des sapeurs-pompiers. Les autres passagers demeuraient portés disparus.

"Depuis hier (samedi), le Groupement national des sapeurs-pompiers et la Marine nationale sont (dans la zone du naufrage), en train de faire des recherches", a déclaré le lieutenant-colonel Mouhamadou Moustapha Sylla, membre de l'équipe sénégalaise de coordination du dispositif sénégalo-européen Frontex contre les migrations clandestines.

Selon lui, Frontex a officiellement été informé de l'existence de 24 rescapés et d'un nombre indéterminé de personnes portées disparues.

"Le 16 décembre, 24 personnes ont échoué au large de Saint-Louis, plus précisément à Doune Baba Dièye (...). Ces 24 individus ont tous été acheminés à l'Hôpital régional de Saint-Louis où ils subissent actuellement des soins intensifs", a déclaré le lieutenant-colonel Sylla.

"Pour le moment, nous n'avons pas de chiffres exacts (sur le nombre de disparus). L'état des personnes qui ont échoué (...) est très grave, ils ne sont pas en mesure de nous donner les renseignements", a-t-il ajouté.

A Saint-Louis, les médecins de l'hôpital régional et les responsables de la Croix-Rouge locale ont affirmé avoir recensé 25 personnes admises aux urgences à la suite du naufrage. Un journaliste de l'AFP en a vu plusieurs, affaiblis pour la plupart, blessés pour certains.

Les rescapés sont arrivés aux urgences "fatigués et déshydratés. (...) Visiblement, ils avaient faim et soif", a expliqué e docteur Demba Dieng, du service des urgences.

Selon lui, leur vie n'est pas en danger. Ils devraient cependant rester hospitalisés quelques jours, et se trouvaient dimanche dans "un état dépressif" marqué par des "hallucinations."

"Ils pourraient sortir dans trois jours du service des urgences, mais (leur) vécu cauchemardesque nécessite une rapide prise en charge psychologique", a ajouté le médecin.

Plusieurs rescapés ont raconté avoir vécu un calvaire lors de la traversée, indiquant avoir souffert du froid, de la faim, de la fatigue et avoir été contraints de boire l'eau de mer.

Ce nouveau drame survient trois jours après la découverte d'une pirogue échouée sur une plage dans le nord Dakar, avec à bord 29 personnes ayant survécu au froid et à la déshydratation en mer après une tentative de traversée de 16 jours.

En se basant sur les premiers éléments de l'enquête, la gendarmerie a estimé que plus de 100 passagers avaient embarqué à Diogué, en Casamance, et avaient rebroussé chemin au large de Nouadhibou (nord-ouest de la Mauritanie).

Les voyages clandestins d'Africains vers l'Espagne avaient ralenti entre fin septembre et novembre, mais ils ont repris ces derniers jours, défiant les récents accords signés entre les principaux pays de départ et d'arrivée.