Lendemain de Tabaski à Dakar : Les Sénégalais grillent toujours le mouton

Et si la Tabaski était pour trois jours? Et même si tel n’est encore pas le cas, les Sénégalais sont en passe de légaliser à leur manière cette tradition qui veut que les lendemains de fête soient toujours faits pour le repos. Un tour dans quelques lieux de travail à Dakar nous a permis de faire le constat.

L’habitude est  une seconde nature, dit-on souvent. Hier, au building, ce n’était pas l’ambiance traditionnelle. 12 heures passées. C’est comme si c’était encore la fête. Sur le long de toute la rue qui traverse l’immeuble, pratiquement rien ne bouge, à l’exception de quelques piétons qui vaquent à leurs besoins. De même, au bas de l’immeuble, le parking n’a pas non plus fait le plein. Seuls quelques véhicules sont stationnés. Tout est calme. Un groupe d’individus est en train de tailler la bavette. Drapé dans un caftan de basin de couleur mauve, M. Barro est un employé du ministère de l’Enseignement supérieur, des Centres universitaires régionaux et de la Recherche scientifique. Selon lui, «il y a beaucoup de gens qui ont passé la fête hors de Dakar et le retour n’est pas facile pour eux». Mais pour Baba Ndiaye, assis dans son bureau du 5^ème étage et employé au même ministère, c’est seulement du laxisme. «Toutes les années, c’est comme cela. Il y a pas mal d’absents à la reprise.  C’est un laxisme car, il y a des gens qui préfèrent rester chez eux», s’offusque-t-il. Même pour prendre l’ascenseur, ce n’est pas non plus les «embouteillages» habituels. Toutefois, au 6^ème étage, où loge le ministère de la Famille, de la Sécurité alimentaire, de l’Entreprenariat, de la Micro finance et de la Petite enfance, on assure que «l’essentiel de l’administration est venu travailler, y compris le ministre», même si on tente d’apporter une autre explication pour justifier le calme qui règne dans les lieux. «La Tabaski, c’est pour trois jours et les gens se reposent toujours. Pis, les femmes qui animent le ministère sont absentes», renseigne Khalifa Wade, par ailleurs attaché de cabinet du ministre. Ainsi, du building jusqu’à la mairie de Dakar, en passant par la Place de l’indépendance, il n’y a pas beaucoup de monde. Et dans les arrêts comme dans les bus, c’est presque le vide, comme c’est aussi le cas partout en ville. Mais, ce calme n’épargne pas le secteur informel. Au marché Sandaga où d’habitude c’est la grande ambiance, ce n’était pas le rush hier. La plupart des commerces sont restés fermés. Mais, il n’y pas que les vendeurs qui sont absents. En plus de cela, il n’y a pas d’embouteillages, encore moins le brouhaha habituel. Seulement, même si cette situation n’arrange pas les uns, elle fait plutôt l’affaire des autres, notamment d’Alioune Badara qui exerce dans la vente de tee-shirts à l’effigie des couleurs nationales et autres dessins artistiques. «C’est vrai que ce n’est pas comme les autres jours, mais je ne me plains pour autant. Car, les choses marchent bien pour moi», se réjouit-t-il. Toutefois, ajoute-t-il: «Je suis venu travailler car la situation économique actuelle est très difficile.  Et comme je n’ai pas de salaire, c’est tout ce qui me permet de gagner quelque chose».