La Goana se heurte à ses premières difficultés et soulève l’ire des populations Alors même que sa mise en œuvre n’est pas totalement achevée, voilà que la Grande Offensive pour l’Agriculture, la Nourriture et l’Abondance (Goana) du président de la République, rencontre déjà ses premières difficultés. Il ne se passe plus un seul jour, depuis le lancement de cette idée, pour faire face à la crise alimentaire, sans que les populations ne s’inquiètent sur une éventuelle confiscation de leurs terres. Après le problème de 100 ha des terres octroyés au ministre Aïda Mbodj, ce sont 80 000 hectares donnés à un Espagnol à Kédougou qui ont soulevé l’ire des populations qui n’entendent pas se laisser faire. La même situation s’est produite à Rosse Béthio, communauté rurale située dans la région de Saint-Louis, avec cette fois-ci, 5 000 hectares alloués à des privés. Partout, c’est la suspicion, les paysans craignent pour leurs terres. Cette initiative du Chef de l’Etat est perçue par beaucoup comme un moyen de transférer des terres à des agriculteurs à col blanc, une façon de transformer les paysans en simples ouvriers agricoles, ce qu’ils ne sont pas prêts d’accepter. C’est dire que la Goana est mal partie et risque d’être un goulot d’étranglement pour les populations qui pourtant devaient être les privilégiés de cette nouvelle politique agricole.
LITIGE FONCIER DANS LA COMMUNAUTE RURALE DE ROSS BETHIO
Le siège de la communauté rurale de Ross Béthio a refusé du monde. Après la sortie musclée des populations de Diama Yallar et les précisions de la commission domaniale, c’est au tour du président de la communauté rurale de Ross-Béthio Oumar Mboulel Sow d’expliquer avec détermination et engagement l’affectation des 5 000 ha de terres. Celle-ci avait défrayé la chronique dans cette partie du Walo.
C’est une véritable sortie au vitriol que vient d’effectuer le président de la communauté rurale de Ross Béthio. Oumar Mboulèl Sow n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Il a été catégorique et formel par rapport à l’octroi de 5 000 ha de terre à des privés. M. Sow dira «cette zone est inondable et seule une grande entreprise peut l’aménager. Nous devons plutôt saluer leur présence au lieu d’essayer de ternir l’image de notre terroir. Ce n’est même pas décent de notre part» a-t-il fait savoir continuant de se poser des questions sur la sortie «inopportune» de certaines populations de la zone. Selon lui, la commission domaniale a pleinement joué son rôle dans cette affectation approuvée à l’unanimité par les conseillers présents ce jour-là. Dans la foulée, il rappelle «tout ce que je fais va dans l’intérêt des populations et cette société va permettre à la zone de s’électrifier grâce à la centrale que vont nécessiter ses travaux» avant de poursuivre «aujourd’hui, il faut dire que bon nombre de villages ne disposent pas d’électricité. Les producteurs qui travaillent la terre ont eux aussi besoin d’électricité pour faire correctement leur travail.
Cette centrale électrique va combler ce gap au grand bonheur des populations et des agriculteurs». Cependant, le président Sow incrimine certains individus d’être derrière les populations de Diama Yallar qui avaient manifesté récemment. «Nous décrions l’attitude de certaines personnes qui se réfugient derrière des populations innocentes pour essayer de saboter notre mission. Je vous dis que ces individus tapis dans l’ombre devaient se dévoiler s’ils en ont le courage», a-t-il martelé sous les ovations des riverains.
Il convient aussi de préciser que des membres de la commission domaniale de la communauté rurale avaient rejeté les accusations et apporté des précisions quant à l’implantation des partenaires. «Nous reconnaissons que la pression foncière est forte avec la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance, mais la sérénité doit être de mise. Nous n’allons jamais gaspiller l’avenir de nos populations» a-t-il soutenu. En attendant l’arrivée des partenaires, un calme est noté dans la communauté rurale de Ross Béthio où les contestataires sont revenus à de meilleurs sentiments.
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