Sur 718 kilomètres de côte, 21.000 pirogues et 120 bateaux de pêche, la ressource au Sénégal ne suffit même plus pour ces pêcheurs. Tel est le cri de cœur des pêcheurs de Joal-Fadiouth qui ont une fois de plus rué des brancards la gestion calamiteuse et pathétique de l'État marquée par la polémique sur les licences de pêche industrielle.
"Nous ne pouvons pas comprendre que l'État continue de signer des accords de pêche. Au moment même où le ministre soutient que les ressources sont surexploitées raison pour laquelle des aires marines protégées sont créées, des récifs artificiels et des CLPA installés pour la régénération de la ressource. Au même moment, ce même État signe des licences. C'est contradictoire avec la politique de pêche du Sénégal. On ne peut pas vendre ce qui est insuffisant pour les pêcheurs", fulmine Abdou Karim Sall, président de la plateforme des pêcheurs artisanaux du Sénégal (Papas), aussi président des aires marines protégées de l'Afrique de l'ouest.
Il ajoute : "Peu importe le prix auquel l'Etat a vendu nos côtes, s'il nous l'avait demandé on aurait pu lui donner le prix qu'il souhaite afin qu'il nous laisse nos côtes. Tout notre espoir réside dans la mer. Si l'État veut nous aider, il doit revoir sa politique de pêche au lieu de vendre nos côtes. C'est répugnant de célébrer la journée mondiale de la pêche à Dakar en grande pompe sachant que c'est toi-même qui a vendu nos côtes".
Par ailleurs, les acteurs de Joal-Fadiouth ne s'expliquent pas pourquoi l'Union européenne prend leurs ressources et refoule leurs enfants. Chaque année tout le monde constate la descente aux enfers des pêcheurs, dit-il.
D'ailleurs, ils ont célébré la journée mondiale de la pêche sur le thème : "l'Immigration clandestine n'est pas une option : pour régénérer nos ressources, sauvons nos vies".
Ces pêcheurs déplorent toutefois les nombreuses victimes de l'émigration clandestine et le manque de considération des autorités compétentes à l'endroit des victimes qui sont tous des dignes fils de la nation.
Ainsi, il invite l'État à geler la délivrance des licences de pêche avec l'Union Européenne, à faire adhérer le Sénégal à la Fithi, à protéger le métier des femmes transformatrices, à geler les exploitations d'usine de farine de poisson, à interdire l'utilisation de poisson frais pour ravitailler les usines de farine de poisson, entre autres.
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