Linguère : Un Forage Du Pudc Fait NaÎtre L’espoir D’un Renouveau À Hodioldé

Un puits à l’abandon et quelques abreuvoirs : voici les vestiges de l’ancien village de Hodioldé, situé à 13 kilomètres de Thiel, le chef-lieu de cette commune rurale de l’arrondissement de Barkédji. Il y a longtemps, cet endroit était un lieu d’habitation qui tirait son nom de la marre d’eau qui se trouvait à côté. Peuls et Sérères y habitaient dans la plus grande harmonie en s’adonnant à l’élevage et l’agriculture. Les raisons qui ont conduit à l’abandon du village varient selon les versions. Pour les uns, les habitants auraient quitté la localité suite à un conflit qui a opposé les éleveurs autochtones à des agriculteurs qui venaient de s’installer.

Pour les autres, il y a eu ce différend, certes, mais la raison fondamentale de l’abandon de ce village est liée à un problème d’approvisionnement en eau. "Ce site était habité, mais l’eau est un problème dans la zone. La recherche de l’eau occupe toute une famille. Il faut faire parfois jusqu’à 15 kilomètres pour avoir l’eau", explique El Hadji Demba Sow, chef de village de Hodioldé 1. "On se déplace tout le temps à la recherche de l’eau. Même la scolarité des enfants est compromise. Pour s’approvisionner en eau, un puits avait été construit dans les années 70. Nous avons aussi la mare durant la saison des pluies. Le problème de l’eau est sérieux", ajoute-t-il.

Conséquence, la population s’est dispersée et vit aujourd’hui dans plusieurs villages et hameaux non loin du site originel, dont Darou Salam Hodioldé, Thiel Sérère, Hodioldé 1, Touba Bousra, Darou Marnane. "Il y a entre 13 et 14 villages tout au tour. Les distances entre le site de Hodioldé et les localités varient entre 1 et 4 Kilomètres", selon El Hadji Demba Sow. Mais depuis quelques mois, une nouvelle donne voit le jour. À côté du puits abandonné et des abreuvoirs, se dresse un forage tout neuf, d’une profondeur de 305 mètres, réalisé dans le cadre du Programme de développement communautaire (PUDC). Les habitants des villages environnants s’étaient retrouvés mercredi sur le site, dans le cadre de la réception provisoire de l’ouvrage, en présence du directeur général du PUDC, Cheikh Diop, et du maire de la commune de Thiel.

Ils sont venus de partout, à bord de charrettes, pour remplir leurs réservoirs, abreuver les animaux. "C’est inespéré d’avoir cette eau à portée de main !! Si on pouvait avoir ça tous les jours, on n’a rien à dire. Si vous saviez combien se pose le problème de l’eau ici. On est trop content d’avoir ce forage", jubile Adama Ka, occupée à remplir la chambre à air d’eau posée sur sa charrette. L’ouvrage qui va polariser 8 villages grâce à un réseau d’adduction de 40 Km d’un débit de 50 mètres cube par heure, un château d’eau d’une capacité de 200 mètres cubes et fonctionnera à l’électricité. Il est prévu la réalisation 2 abreuvoirs et de 14 bornes fontaines.

La population totale cible est estimée à 1400 habitants, le nombre de têtes de bétail s’élevant à 32 00 bovins, 7500 ovins et caprins. Voilà qui ouvre la perspective d’un "renouveau" de Hodioldé, selon El Hadji Demba Sow, qui s’impatiente pour la réception définitive du forage. "On espère que les choses vont s’accélérer et que l’on réceptionnera définitivement l’ouvrage. Les gens sont impatients. Vous avez vu l’affluence de ce matin ? Ils n’attendent que l’ouverture du forage".

"Avec cet ouvrage, ajoute-t-il, le village de Hodioldé pourrait même se reconstituer dans les années à venir. Mais, il ne faut pas s’arrêter là. Il faut aussi infrastructures sanitaires, alléger le travail des femmes en mettant à leur disposition des machines comme les moulins à mil’". Le maire de la commune de Thiel voit lui aussi ce scénario se profiler à l’horizon. "La préoccupation fondamentale de la population est l’eau. Si ce forage est fonctionnel, c’est certain que les populations vont se rapprocher du site. Et c’est probable que le village se reconstitue. Ce problème de l’eau se pose depuis Senghor", souligne Samba Demba Ka, avant d’inviter les populations à faire "bon usage de ce bijou".

Le gouvernement du Sénégal est en train de prendre à bras le corps cette question. Si de 1950 à 2015, 5 forages ont été réalisés dans l’arrondissement de Barkédji, les choses s’accélèrent désormais, puisque depuis 2015, la zone compte 8 forages supplémentaires. A Hodioldé comme partout ailleurs, le PUDC compte mettre à la disposition des femmes des équipements ruraux, notamment des décortiqueuses et des batteuses, pour alléger les travaux domestiques. Cette annonce a reçu un salve d’applaudissement des femmes.