Le président de la République du Sénégal, Me Abdoulaye Wade, a plaidé pour une élimination totale du paludisme dans les pays africains. ‘Il faut aller plus loin. Ne pas se limiter à réduire la pandémie comme défini dans le document de l'initiative ‘Roll back malaria’. Il faut penser à éliminer totalement cette maladie des pays africains comme cela a été fait en Thaïlande’, martèle le président de la République qui présidait hier l'atelier régional sur le programme renforcé de lutte contre le paludisme en Afrique.
‘Il faut traquer le paludisme en menant un combat contre le microbe, ennemi de l'homme, mais aussi le moustique cheval de Troie du plasmodium’, explique Me Wade qui a réaffirmé l'engagement des chefs d'Etat et de gouvernement africains à atteindre les objectifs d'Abuja et ceux du Millénaire pour le développement. En effet, outre la réduction de 2/3 de la mortalité des enfants et des mères entre 2000 et 2015, les Objectifs du Millénaire pour le développement concernent également le contrôle d'endémies majeures telles que le paludisme, sans oublier la disponibilité des produits et fournitures essentiels et l'accessibilité des services de santé.
Mais pour ce faire, il faut des moyens colossaux. Et c'est pourquoi le chef de l'Etat a appelé les bailleurs de fonds et les autres donateurs de la communauté internationale à accorder ‘une attention plus soutenue’ au financement des activités de lutte contre le paludisme. Me Wade a estimé que ces financements devront privilégier notamment l'accès aux nouvelles molécules de traitement à base de dérivés d'artémisinine. L'implication souhaitée des bailleurs de fonds et autres donateurs devra aussi, a-t-il ajouté, se traduire par ‘la disponibilité et l'accessibilité des moustiquaires imprégnées, sans oublier une lutte anti-vectorielle intelligente et agressive’. Il a regretté que ce dernier volet soit négligé dans les programmes nationaux.
Pour renforcer les performances en matière de lutte contre le paludisme, Me Wade mise sur une articulation autour de nouvelles stratégies dictées par l'impérieuse nécessité de compter sur les communautés et les collectivités décentralisées. Mais le président Wade a déploré la mauvaise coordination des actions dans les stratégies de lutte contre la pandémie. ‘Ça part dans tous les sens’, note le chef de l'Etat qui encourage ‘une meilleure coordination de l'appui au développement aux stratégies nationales de lutte contre le paludisme pour une meilleure efficacité des interventions’. ‘L'Etat du Sénégal a, selon lui, érigé en priorité la lutte contre les endémies dont le paludisme et accentuera les efforts pour augmenter les ressources pour réduire le taux de mortalité attribuable au paludisme’. Me Wade estime cependant qu'il faut apprendre à optimiser et utiliser rationnellement les fonds. Pour cela, bailleurs, Ong, partenaires internationaux, la société civile doivent harmoniser l'ensemble des activités de lutte.
La réponse de l'initiatrice de la rencontre, la Banque mondiale, à cet appel ne s'est pas fait attendre. Madani Tall, son directeur des opérations, a ainsi confirmé que l'institution qu'il représente est prête à collaborer avec l'ensemble des partenaires et gouvernements africains pour faire face à ces défis. ‘Il sera important d'assurer une coordination étroite entre les partenaires autour de plans nationaux orientés vers des résultats concrets au bénéfice des populations’, a-t-il déclaré. Et tel est le but de cette rencontre africaine qui réunit les principaux partenaires et gouvernements impliqués dans la lutte contre le paludisme. Elle devrait permettre de faire le bilan des activités et d'échanger les expériences et convenir de stratégies novatrices allant dans le sens du partenariat mondial en faveur de l'initiative ‘Faire reculer le paludisme’.
Le paludisme tue chaque année dans le monde plus de 1,1 million de personnes et plus de 80 % de ces décès surviennent en Afrique. Et il est, en outre, responsable d'un lourd fardeau économique en Afrique subsaharienne où il est à l'origine de nombreux cas d'absentéisme dans les lieux de travail et dans les écoles. Selon les chiffres, les pertes économiques sont estimées à près de 12 milliards de dollars américains pour les Etats africains. Et au Sénégal, ces pertes sont estimées à près de 12 milliards pour les quinze dernières années. Ce qui équivaut à 1,5 % du Pnb, selon le Docteur Moussa Thior, coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme.
Au Sénégal, comme dans tous les autres pays du Sahel, il a été prouvé qu'en moyenne, 25 % des décès chez les enfants de moins de 5 ans sont causés par le paludisme. Avant 2001-2002, on traitait les cas simples de paludisme avec la chloroquine. Mais les équipes de recherche ont pu démontrer que la chloroquine n'était plus efficace et qu'il fallait changer de traitement. Grâce à sa recherche dans le domaine des maladies parasitoses, le Sénégal a été le premier pays en Afrique de l'Ouest à dire depuis 2002 que la chloroquine ne marchait pas et qu'il fallait changer de traitement concernant la stratégie de lutte contre le paludisme. Depuis, un travail intense a été mené dans le domaine de la recherche qui a abouti à l'utilisation des Combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine (Cta). C'est ainsi que le Sénégal a choisi la combinaison qui s'appelle Artisunate amodiaquine qui est maintenant adoptée pour le traitement des cas simples de paludisme.
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