L’affaire de pédophilie signalée lors de la colonie de vacances 2006 de la Mairie de Rufisque n’est rien d’autre que la partie visible de l’iceberg. Après ce drame qui défraie la chronique à Rufisque, un moniteur très au fait de l’organisation de cette expédition, pour l’avoir vécue, dévoile au grand jour des éléments explicatifs qui dévoilent tous les risques encourus par les enfants ayant pris part au voyage. Des conditions d’hébergement aux rapports moniteurs-colons, tous les ingrédients étaient réunis pour la commission d’un tel acte.
Le cas de pédophilie signalé, lors de la colonie de vacances 2006 de la Mairie de Rufisque, aurait pu être évité si les organisateurs avaient su saisir à temps les prémices d’un tel acte. Lors de la précédente édition, en 2005, dans des conditions les plus inacceptables, une expédition du même genre a mobilisé à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, près de 500 enfants de travailleurs de la municipalité de Rufisque. Sous le sceau de l’anonymat, un moniteur qui a été du voyage de Saint-Louis raconte tous les dangers qui ont guetté les colons, l’année dernière, et qui auraient pu aboutir à cet acte de pédophilie qui a marqué le voyage en Gambie. «Lors de notre séjour à Saint-Louis, déjà, avec ce nombre pléthorique de colons et un faible effectif de moniteurs, il était très difficile de pouvoir canaliser tous ces enfants contre de tels pervers. A cela, s’ajoute le fait que les enfants vivaient dans des conditions d’extrême promiscuité», raconte-t-il.
Beaucoup de failles avaient été notées dans le système de logement et de surveillance des colons, parfois laissés à eux-mêmes, vu leur nombre important par rapport à l’effectif des moniteurs prévus par le budget prévisionnel de la Mairie de Rufisque. Au lieu du nombre de 5 à 10 colons par encadreur, «chaque moniteur se voyait responsable du contrôle d’une bonne quarantaine de gamins, garçons et filles confondus», révèle ce moniteur qui, plus d’une fois, a attiré l’attention de ses supérieurs sur ce fait qu’il considérait comme une bombe à retardement. D’ailleurs, cet état de fait avait fini par bouleverser toutes les règles qui sous-tendent les relations entre colons et moniteurs, de sexes opposés surtout.
De l’avis de cette source, il était très fréquent de voir des gamines s’attacher à certains de leurs préposés encadreurs, et de nouer avec des derniers des rapports d’ordre affectif, foulant ainsi toutes les règles établies à cet effet. «Des filles mineures allaient dans les chambres des moniteurs où elles restaient à causer avec ceux-ci jusqu’à certaines heures de la nuit. La plupart, ce sont des adolescentes de la fourchette d’âge de 10 à 12 ans, très précoces, et insouciantes des risques qu’elles peuvent encourir en fréquentant ces hommes, plus âgés», confesse le moniteur. L’acte de pédophilie de la colonie de vacances 2006 de la Mairie de Rufisque n’est, selon lui, que la matérialisation des inquiétudes nourries, très tôt, par des hommes comme lui. Car parallèlement au séjour gambien où les 500 enfants se sont vus logés dans un même site, dans des conditions très propices à des actes de vandalisme de tout genre, la portion de chambres affrétées par les autorités de l’Université de Saint-Louis était très en deçà de la normale. Des conditions d’hébergement qui avaient suscité, à l’époque, des interventions auprès du maire Ndiawar Touré, qui aurait promis, à cet effet, de meilleurs cadres d’accueil aux enfants de ses collaborateurs de la Mairie. «Il (Ndlr : Ndiawar Touré) aurait pu éviter tout ça, vu qu’il savait pertinemment qu’il n’est pas normal que tout ce beau monde soit déplacé, des enfants surtout, sans le minimum de précaution.»
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