Samedi 20 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Societe

MAMADOU LAMINE KEÏTA, MINISTRE DE LA JEUNESSE ET DE L’EMPLOI : « La transparence est de rigueur dans la présélection des jeunes désirant travailler en Espagne »

Single Post
MAMADOU LAMINE KEÏTA, MINISTRE DE LA JEUNESSE ET DE L’EMPLOI : « La transparence est de rigueur dans la présélection des jeunes désirant travailler en Espagne »

L’arrivée de Mamadou Lamine Keïta à la tête du ministère de la Jeunesse et de l’Emploi ouvre une nouvelle ère dans la gestion des contrats de travail signés avec l’Espagne. Ce changement de méthode obéit au souci de veiller au respect de la transparence et de l’équité dans la gestion de ce Programme qui a permis à 500 jeunes d’aller travailler en Espagne. Dans cet entretien, le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi explique les critères de répartition des quotas par région, ainsi que les conditions de présentation d’une candidature. Il précise aussi que la sélection définitive est du ressort exclusif de l’Espagne, et non du Sénégal. Mamadou Lamine Keita révèle aussi que l’Espagne, qui est satisfaite d’une telle initiative, offre 2700 emplois pour cette année 2008. La France et Qatar, de leur côté, annonce le ministre, sont sur la voie de signer des contrats pour l’émigration légale.

Monsieur le Ministre, votre département pilote le Programme permettant aux jeunes de se rendre en Espagne pour travailler. Un an après, où en est l’exécution ?

Pour lutter contre l’émigration clandestine, il fallait offrir d’autres opportunités aux jeunes. Le président de la République du Sénégal, Me Abdoulaye Wade, qui attache une importance particulière à sa jeunesse, a décroché un partenariat avec l’Espagne. Le programme qui a démarré depuis plus d’an a permis à 500 jeunes sénégalais d’aller travailler en Espagne sans mettre en danger leur vie. Le processus se poursuit. L’Espagne, à travers son ministère du Travail, offre 2700 postes de travail pour l’année 2008. Cette phase a démarré avec 145 postes pour la cueillette de fraises.

Quels sont la clé de répartition par région et les critères de sélection de ces jeunes ?

J’aimerais tout d’abord donner les raisons qui nous conduit à mettre en place un nouveau système. Nous avions trouvé une gestion centralisée de ce programme à Dakar. Les jeunes des localités de l’intérieur étaient obligés de venir à Dakar pour s’inscrire à la direction de l’Emploi, au Service de la Main-d’œuvre, ou à l’Agence nationale pour l’emploi des jeunes. Ce sont ces guichets qui fournissent aux Espagnols des jeunes avec qui ils font un entretien pour, en définitive, en sélectionner. Au cours de la dernière édition des vacances citoyennes, plusieurs jeunes nous ont interpellés pour dire qu’ils ne bénéficient pas des contrats de travail que l’Etat du Sénégal a signés avec l’Espagne.

C’est la raison pour laquelle nous avons engagé la réflexion avec le ministère de l’Intérieur pour mettre en place un dispositif décentralisé. Et ceci conformément aux instructions du président de la République qui a demandé que toutes les opportunités qui s’offrent aux jeunes sénégalais soient gérées avec plus d’équité et d’égalité. C’est ainsi que nous avons créé dans chaque région un comité régional. Celui-ci est composé du gouverneur, des préfets, des sous-préfets, des agents de la police et de la gendarmerie, des représentants de l’inspection du travail, des conseillers régionaux, des conseillers locaux de la jeunesse, des représentants de la Chambre des métiers, ainsi que ceux de la Chambre du commerce et des représentants des rapatriés.

Quel est le rôle du comité local ?

Le comité local a pour mission de collecter les dépôts régionaux. Le dépôt de candidature est personnel. Nous n’avons pas la possibilité de nous immiscer dans ce qui se fait dans les régions. Nous avons fait une règle de trois pour dégager les quotas en fonction du poids démographique de chaque région. En effet, chaque région a un tableau de répartition. D’ailleurs, les jeunes de Ziguinchor ont fait une sortie pour dire que leur région, d’où d’ailleurs je suis originaire, et celle de Matam, font partie des localités qui ont le plus faible quota. Cela est certainement une preuve de transparence.

Quelles sont les conditions à remplir par un jeune pour prétendre à un contrat ?

Cela dépend des offres. Les entreprises espagnoles nous envoient leurs offres en précisant la catégorie de travailleurs dont elles ont besoin. Mais, dans tous les cas, les candidats doivent fournir une photocopie légalisée de la pièce d’identité, deux photos d’identité, un casier judiciaire et un certificat de visite et de contre-visite. Les comités régionaux centralisent les demandes. Lorsqu’une offre arrive, nous présélectionnons le double du nombre de postes disponibles. Il faut préciser que le Sénégal ne sélectionne pas, il présélectionne. Nous présentons tous les présélectionnés aux Espagnols qui font des entretiens d’embauche pour la sélection définitive. La transparence est de mise dans la présélection des jeunes désirant travailler en Espagne. Elle prévaut à 100 % à tous les niveaux. Aucune sélection ne se fait au niveau national. La commission nationale ne fait que superviser et encadrer ce qui se fait dans les régions et veille à ce que les critères de départ soient respectés. Toutefois, nous faisons de sorte qu’il y ait la parité entre les hommes et les femmes dans les postes disponibles. Car les femmes doivent aussi bénéficier de ces opportunités. Nous nous sommes également dit qu’il faut faire de sorte que les jeunes des zones rurales bénéficient de ce programme. Aujourd’hui, on retrouve dans chaque communauté rurale au moins un ou deux jeunes présélectionnés. Nous avons mis en place un dispositif décentralisé pour veiller au respect des critères de transparence.

Pourquoi alors certains jeunes dénoncent-ils vos méthodes ?

Nous comprenons leur attitude lorsqu’il y a par exemple 747 postes pour tous les jeunes. Beaucoup pensent qu’il faut élever la voix pour faire la pression afin de ne pas être oubliés. Leur réaction est un motif supplémentaire pour nous de veiller au respect des critères de transparence et d’équité pour que rien ne puisse nous être valablement reproché. Les représentants de l’administration et tous les autres acteurs impliqués font leur travail avec une grande rigueur.

Il y a quelques jours, certains jeunes ont fait des sorties pour dire que le dispositif est contre leur intérêt dans la répartition des 747 postes. Pour ce cas de figure, nous avons fait la répartition en tenant compte de tout le monde, y compris les rapatriés. Mais, entre temps, les Espagnols nous ont fait savoir qu’ils n’ont besoin que de femmes pour ces postes. C’est une nouvelle donne. Nous avons arrêté les opérations pour leur demander de repousser la date retenue pour la sélection définitive. Nous avons ainsi informé les jeunes rapatriés. Nous travaillons ensemble avec eux. Nous sommes d’ailleurs surpris de leur sortie. Car la veille, ils étaient avec nous. Leur sortie était aussi une façon pour eux de nous mettre la pression. Nous les avons appelés pour leur rappeler qu’ils connaissent les méthodes de travail. Après discussion, tout le monde est revenu à de meilleurs sentiments. Ils ont compris que leur intérêt n’est pas menacé.

Quel est le souci de l’Etat face à une telle situation ?

L’Etat a l’obligation d’accompagner ces jeunes en leur créant des opportunités d’insertion au niveau national comme dans les pays d’accueil. Le souci de l’Etat, c’est de bien encadrer ces jeunes pour qu’ils ne soient plus tentés de repartir en Europe dans des conditions qui mettent en péril leur vie, mais aussi pour qu’ils se mettent à sensibiliser les autres. C’est pour cela que nous les avons mis dans les comités. Le ministère a encadré et soutenu leur programme de tournées sur l’étendue du territoire.

Est-ce que ce programme a contribué à la réduction de l’émigration clandestine ?

Mais oui ! C’est pour cela qu’il faut saluer l’initiative du chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, plusieurs jeunes ont renoncé à braver la mer. Car ils ont espoir de pouvoir décrocher un contrat pour partir légalement en Espagne. Ils ont aussi espoir qu’ils peuvent trouver de l’emploi au Sénégal avec toutes les opportunités que le gouvernement est en train de créer pour faciliter l’insertion des jeunes. L’Etat a consenti des ressources financières avec l’appui des partenaires pour promouvoir l’emploi des jeunes. En 7 ans, plus de 10 milliards ont été investis pour la promotion des jeunes, notamment dans la création d’emplois. En 2000, il n’y avait pas plus 100 millions de francs Cfa. Le dernier rapport de la Banque mondiale sur l’emploi des jeunes au Sénégal a reconnu tous les efforts du gouvernement du Sénégal. Le plus important, c’est de reconnaître tous les efforts que le président de la République, le Premier ministre et l’ensemble du gouvernement déploient pour résoudre la question de l’insertion des jeunes. Avec l’Organisation internationale des migrations (Oim), des projets d’insertion des jeunes rapatriés dans les zones de Kayar, Joal et Mbour ont bénéficié de financements. L’émigration légale n’est qu’un pan dans la promotion de l’emploi des jeunes. Le pan le plus essentiel, c’est la création des opportunités d’emplois des jeunes au niveau national pour qu’ils ne soient pas tentés par l’émigration clandestine. Toutes ces stratégies ont porté leurs fruits. Les enquêtes parues dans les journaux ont révélé une forte baisse de l’émigration clandestine.

Est-ce que ceux qui ont décroché les contrats ne seront pas confrontés à des problèmes pour les renouveler ?

Il ne s’agira pas de renouvellement de contrat. A partir d’un certain moment, ils bénéficieront d’une carte de séjour. Je crois que c’est à partir de la quatrième saison qu’ils peuvent bénéficier de cette carte de séjour en Espagne. Cela est important. Leurs contrats varient. Il y a des contrats à durée indéterminée. Il y a des contrats d’un an, deux ans. Les contrats temporaires de 3 à 4 mois ne concernent que la cueillette de fraise. Le débat agité par certaines Organisations non gouvernementales qui disent que les jeunes doivent rester et travailler dans leur pays ne tient pas. Car nous sommes dans un monde caractérisé par la mobilité des travailleurs. Je ne vois pas pourquoi les jeunes sénégalais n’iront pas gagner dignement leur vie dans les autres pays pour participer à booster l’économie nationale de leur pays. Surtout que l’Etat est en train de tout mettre en place à travers l’Apix pour que tous ceux qui voudraient rentrer investir puissent le faire dans des conditions rapides et sécurisées. Le plus important pour nous, c’est de s’assurer de la garantie de leurs conditions de séjour et du respect de leur contrat dans leur pays d’accueil. C’est ce que nous faisons. Vous n’avez jamais entendu depuis le début, ceux qui sont partis se plaindre. C’est parce que nous avons un dispositif de suivi de leurs conditions de séjour en Espagne.

Quelle appréciation l’Espagne a-t-elle de ce programme ?

L’Espagne est très satisfaite de ce partenariat. C’est parce qu’elle est satisfaite que, pour l’année 2008, elle a promis plus du triple de ce qui a été fait l’année dernière. L’Espagne a l’ambition de faire plus que ce qui a été annoncé. C’est pourquoi nous demandons toujours aux jeunes de renoncer à l’émigration clandestine. On n’encouragera jamais l’émigration clandestine. Aujourd’hui, il faut faire preuve d’organisation, de discipline et de sérénité pour que nous puissions encourager les partenaires. Je dois, par ailleurs, vous annoncer que le Qatar et la France sont en discussion avec nous pour aller dans le sens de cette émigration légale. Tout le monde doit jouer sa partition pour la pérennisation de ce partenariat. Nous envoyons régulièrement des missions en Espagne. La dernière y était au mois de novembre dernier. Les rapports renseignent sur la satisfaction des jeunes.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email