À Colobane, Pikine, Thiaroye, Keur Mbaye Fall, Rufisque ou encore Bargny, les gares du Train Express Régional (TER) s’apprêtent à accueillir bien plus que des voyageurs. Du 16 au 29 juin, elles deviendront des points de collecte d’un nouveau genre, au service de la planète et des écoles. La SETER, société d’exploitation du TER, en collaboration avec la SENTER, inaugure le «?Marathon du recyclage?», une initiative pour le moins inédite au Sénégal.
L’ambition est de transformer le plastique usagé en mobilier scolaire durable. «?L’objectif, c’est d’inciter la population à recycler leurs déchets en plastique et à revaloriser ces déchets?», explique Ndeye Fatou Marthe Tounkara, responsable Qualité et RSE à la SETER. En partenariat avec l’association Sunu Plastic Odyssey, les déchets collectés seront broyés, compactés puis convertis en tables-bancs destinés aux écoles situées le long du corridor du TER.
Dans chaque commune concernée, une école bénéficiera de ce mobilier neuf en plastique recyclé. Un geste à la fois écologique et symbolique, face à l’état souvent dégradé des équipements actuels. «?Dans toutes les écoles visitées, les tables-bancs en bois étaient très détériorées. Le plastique, lui, a une durée de vie beaucoup plus longue?», ajoute notre interlocutrice.
Le mécanisme repose sur une logique de récompense non financière. Dès cinq kilos de plastique apportés, les participants peuvent obtenir un titre de transport ou choisir de faire don de leur contribution à une école. «?Nous ne donnons pas d’argent, mais offrons soit un titre de transport, soit la possibilité de soutenir directement une école. C’est une manière concrète d’impliquer chacun?», précise-t-elle. En dessous de cinq kilos, la collecte est automatiquement affectée à l’établissement scolaire ciblé.
Tous les plastiques sont acceptés, à l’exception du PVC, en raison de sa composition chimique. Sachets de bouillon, bouteilles, seaux, voire casques de chantier en plastique trouvent ainsi une seconde vie. «?Ils peuvent même en faire du pavage, des portes, des fenêtres, des poubelles ou des camps de foot?», liste la responsable RSE.
L’opération se veut également ludique et fédératrice. En interne, les équipes de la SETER sont mises en compétition selon les sites. Le secteur qui collectera le plus de déchets deviendra parrain de l’école la plus performante. Côté public, un challenge sur les réseaux sociaux encouragera les citoyens à documenter leur participation. «?Celui qui déposera le plus de plastique en une seule fois pourra aussi devenir parrain d’une école?», indique Ndeye Fatou Marthe Tounkara.
Mais au-delà du recyclage, cette campagne répond à un besoin du TER. Entre les déchets volants qui s’accumulent près des rails et ceux qui obstruent les installations, la SETER est directement confrontée aux nuisances liées au plastique. «?Quand le plastique vole, il peut se poser sur la caténaire et provoquer des retards d’exploitation?», rappelle-t-elle.
Ce «?marathon?» n’est qu’un jalon d’une démarche RSE engagée dès les prémices du projet. «?Le TER traverse 17 communes, il coupe parfois des quartiers en deux. Nous devons tisser un lien fort avec les collectivités concernées?», affirme la responsable.
Un deuxième programme vient d’ailleurs renforcer cette dynamique. En partenariat avec l’Union nationale des professionnels de l’automobile du Sénégal (UNAPAS), la SETER participe à l’opération «?Zéro ambulance en panne?». L’objectif est de recenser, réparer et entretenir les ambulances hors service des structures de santé situées le long du tracé du TER.
«?Nous faisons de la maintenance des rames, ils font de la maintenance des véhicules. L’alliance s’est imposée d’elle-même?», explique Ndeye Fatou Tounkara. Là encore, la logique est de créer un partenariat gagnant-gagnant autour d’un objectif commun qui est celui de faire du corridor du TER un espace de vie durable, solidaire et fonctionnel.
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