Alors que les marchés carbone mondiaux connaissent une croissance soutenue, le Sénégal commence à peine à s’y positionner. Doté d’atouts écologiques majeurs comme ses 165 000 hectares de mangroves, ses milliers d’hectares de terres agricoles ou ses initiatives de reboisement dans le Ferlo, le pays dispose d’un véritable potentiel pour monétiser ses efforts de séquestration du carbone. Pourtant, cette opportunité économique et environnementale reste largement sous-exploitée, freinée par une faible structuration des projets et un vide juridique persistant.
En 2023, seuls quelques projets pilotes ont vu le jour, souvent portés par des ONG ou des partenaires internationaux, sans coordination nationale cohérente. L’absence d’un cadre réglementaire dédié, de mécanismes de certification reconnus et d’un registre officiel entrave toute montée en puissance du secteur. Le Sénégal n’a pas encore mis en œuvre les dispositions de l’Accord de Paris relatives à l’article 6, qui permet les échanges de crédits carbone entre pays. Ce retard limite l’attractivité du pays auprès des investisseurs carbone et freine l’accès à des revenus potentiels estimés à plusieurs millions de dollars par an, selon des projections régionales.
La mise en place d’une stratégie carbone claire, avec des garde-fous éthiques, un accompagnement technique local et une gouvernance transparente, pourrait transformer ce marché naissant en véritable levier de financement climatique. Le gouvernement a amorcé des réflexions en ce sens, mais la concrétisation d’une filière carbone sénégalaise reste à bâtir, entre impératifs de rentabilité, justice climatique et souveraineté environnementale.
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