
Le recrutement de la main-d’œuvre locale : C’est ce qu’exigent les jeunes de Pout des autorités de la cimenterie Dangote. Regroupés autour d’un cadre de concertation pour la défense des intérêts de Pout, les jeunes ont lancé un ultimatum aux responsables de la boîte, lors d’une marche de protestation samedi, pour les pousser à réparer ce qu’ils appellent une «injustice». Sinon, menacent-ils, «plus de cohabitation pacifique avec le géant nigérian».
«A compétence égale, priorité aux autochtones», répètent en chœur les populations de Pout de concert avec celles des communes de Keur Moussa et Mont Rolland qui entourent la nouvelle cimenterie du géant nigérian, Dangote. Choqué par les recrutements faits ailleurs au détriment de la main-d’œuvre locale à Dangote S.a, le Cadre de concertation pour la défense des intérêts de Pout s’indigne. «Depuis que Dangote industries s’est implantée ici, nous l’avons soutenue contre vents et marrées parce que nous avions pensé qu’elle allait résoudre le manque d’emploi criard en privilégiant la main-d’œuvre qualifiée existante dans la localité.» Mais la déception les étrangle. «Nous sommes laissés en rade. Ils ont préféré recruter ailleurs», s’énerve Gora Mbaye. Ce membre du cadre fera savoir que beaucoup de jeunes Poutois et des environs ont déjà déposé leur Cv, mais sans succès. Ainsi, exige-t-il, «nous voulons que la main-d’œuvre locale soit privilégiée comme recommandé par le Code du travail. A compétence égale, priorité aux locaux. Nous disposons d’assez de ressources pour faire face à n’importe quel concurrent. Nous disons à Dangote de rendre à Pout ce qui appartient à Pout».
Arrachant la parole devant des centaines de jeunes sur les nerfs, le coordonnateur du cadre, l’avocat des femmes, ne passe pas sous silence le cas des braves restauratrices du Gie «And daan doley» qui, dit-il, se sont très tôt investies sur le site, mais au finish elles sont rongées par la déception. «Nous exigeons le traitement de leur situation.» Furieux, Massamba Samb invoque l’histoire pour rappeler aux autorités de Dangote leurs promesses. «Lors de l’audience publique tenue le mercredi 5 novembre 2014 portant sur l’étude environnementale et sociale du projet de la cimenterie Dangote, le comité ad hoc d’alors composé des élus locaux, des associations de jeunes, de Gie, de délégués de quartier, d’imams et de notables a mesuré l’impact d’un tel projet et son importance pour les différentes collectivités locales que sont : Pout, Keur Moussa et Mont Rolland avant de poser les premiers jalons d’un partenariat malgré les nombreux dysfonctionnements notés.» Plein d’amertume, il se désole : «Rien n’a été fait. L’espoir en termes d’emploi des jeunes suscité s’est amenuisé.» Saliou Cissé d’ajouter pour dire que le Cadre de concertation pour la défense des intérêts de Pout a pris la responsabilité de porter vaillamment la lutte pour le recrutement des jeunes, des femmes issus des collectivités locales impactées. Dans la même lancée, ils exigent la réintégration des travailleurs de Pout licenciés et l’amélioration de leurs conditions de travail qui ressemblent à un «esclavagisme qui ne dit pas son nom, une sous-traitance négrière», disent-ils.
Colère des jeunes
En outre, les jeunes de Pout exigent l’application sans réserve des dispositions règlementaires du Code de l’environnement car, disent-ils, l’usine Dangote est en train de fouler au pied ledit règlement. «L’impact environnemental induit l’exploitation d’une telle unité industrielle notamment l’excavation et le convoyage des matières premières», avancent les jeunes. Sans compter le concassage, le broyage et la pollution sonore et atmosphérique qu’engendre la ligne de production du ciment ainsi que la destruction de la biodiversité et les effets néfastes de la mise en service de la centrale électrique alimentée à charbon. Non sans oublier la mise en service des chaudières, le fonçage des forages qui affectent, selon eux, dangereusement la nappe phréatique et leur impact négatif sur l’agriculture et l’élevage. L’impact social n’est pas en reste. Les jeunes dénoncent aussi la dégradation du cadre de vie avec la route latérite traversant le quartier Thieurigne et l’insécurité au niveau de l’école Ngor Maha Diouf relativement à la circulation très dense des gros porteurs.
Ces derniers risquent, selon les Poutois, de provoquer l’effondrement du pont de Siba : «L’artère principale est dans un état de délabrement très avancé.»
Fort de tous ces constats, le cadre exige que Dangote accompagne la commune de Pout à relever son plateau sanitaire par la mise en place d’un centre de santé fonctionnel. Entre autres exigences soulevées par ces jeunes, on retient le bitumage de l’artère principale de la ville de Pout et la mise en place d’infrastructures socio-éducatives. Toutes griffes dehors, les jeunes soulignent que cette sortie est le premier signal et que si aucune réaction positive n’est notée, ils vont engager la lutte quels que soient l’adversité, les écueils à franchir pour l’épanouissement de la jeunesse et le développement de Pout et environs.
7 Commentaires
Gaw Tank
En Juin, 2015 (18:33 PM)Thiessois
En Juin, 2015 (18:40 PM)D'un autre côté, si les arguments écologiques sont fondés, pourquoi avoir soutenu l'implantaion de Dangote dans une zone à vocation maraîchères? Ces gens sont de mauvaiase foi. Ils tentent de faire monter la pression pour grappiller quelques emplois pour leurs frères et permettre àleurs mère de leur vendre du "paasiong" à la porte de l'usine pour plus tard un installer un souk.
J'ai été contre l'installation de Dangote dans cette zone depuis le début. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut accepter la mauvaise foi.
Anonyme
En Juin, 2015 (01:21 AM)Anonyme
En Juin, 2015 (06:39 AM)Anonyme
En Novembre, 2017 (12:26 PM)Elhadji Babacar Gaye
En Mars, 2019 (19:18 PM)Famara Sambou
En Août, 2019 (12:18 PM)Participer à la Discussion