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MBACKE : Une ville où les cauris ont la côte

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MBACKE : Une ville où les cauris ont la côte

Parler de la voyance, c’est évoquer l’histoire universelle des sociétés, de leurs traditions et de leurs croyances. Chacune avec sa diversité, son mode de vie et l’on s’aperçoit que l’homme à toujours besoin de savoir ce que lui réserve son avenir, tout autour de son milieu, par les contours de l’art divinatoire. Les Mbackois en raffolent. Ce qui semble un paradoxe, compte tenue de la proximité de la ville avec la cité religieuse de Touba. Notre collaborateur s’est aventuré dans cet univers, histoire de savoir ce qui fait courir tant de femmes, de personnalités vers ces diseurs d’avenir.

L’art de lire l’avenir de quelqu’un n’est plus l’apanage des vrais spécialistes. De nos jours, on constate une floraison « apprentis sorciers » qui officient dans des maisons (souvent prises en location), au bout d’une ruelle, si ce n’est un abri de fortune dans une parcelle d’autrui, abandonnée. Ces gens-là s’arment de cartes, de pièces de monnaies, d’eau, de sable ou d’un chapelet long comme çà pour prédire l’avenir de leurs éventuels clients, de surcroît très naïfs, venus leur confier leur destin. Ils lisent, prétendent-ils, les lignes de la main pour leur dire leur date de naissance et autres informations à faire peur. Les plus futés utilisent les cauris, communément appelé « pétaw ». Tout une multitude de supports ayant un seul dénominateur commun, lire l’avenir. La ville de Mbacké, à quelque sept kilomètres de la cité religieuse de Touba, n’est pas épargnée par ces diseurs de bonnes aventures (le plus souvent de mauvaises aventures) à des crédules en perpétuelle quête de savoir ce que l’avenir leur réserve.

Agée de 48 hivernages, Nd. Fatou est une adepte du « guisaané ». Elle y croit dur comme fer quand elle maintient que « les cauris sont loquaces et révèlent beaucoup de choses », oubliant aussi que ces mêmes cauris sont source de multiples problèmes de ménage, divisent des amis, des parents, des coépouses, etc. Bassirou M., 45 ans, est artisan de métier et nous dit qu’il a eu à consulter ces diseurs d’avenir. « Effectivement, je peux certifier que la dame que j’ai consultée maîtrise bien son sujet. D’ailleurs, parce qu’elle est très forte en voyance, les gros bonnets se la disputent au détriment des maigres bourses que nous sommes. Mais, il faut convenir que les voyants sont des psychologues à l’imagination fertile ». Les marabouts « voyants » ont la cote, contrairement aux nombreux « goorgoorlou » confrontés aux multiples difficultés de la vie et qui sont obligés de faire la queue devant leur maison, espérant un miracle qui, le plus souvent, ne vient jamais de ces prédicateurs.

Psychologues et roublards à souhait, ces professionnels de l’arnaque mettent leurs clients dans des situations compliquées quand ils leur recommandent surtout de faire des sacrifices. Sur ce chapitre, ils vont puiser très loin dans le temps ou dans la nature des espèces rares ou inexistantes qu’ils leur demandent de donner à un orphelin, un handicapé, un nécessiteux, une femme en état de grosse de trois semaines, etc. Et puis, comment un homme peut-il reconnaître une femme en état de grossesse de trois semaines ? Il faut plus fort que ces mystificateurs pour le déceler et, dans ce cas-là, il n’y a pas lieu d’aller les consulter. Vraiment. Les sacrifices les plus ordinaires tournent autour de deux noix de cola de couleur blanche et rouge (et tout le monde sait que la cola n’a que ces deux couleurs...), des bougies, du sucre, un tissu blanc, un coq (blanc de préférence) ou des œufs. Certains prédicateurs poussent le bouchon plus loin en réclamant soit un mouton, soit un bœuf, mais également de l’argent destiné aux « rawhanes » (les esprits bienfaiteurs), à déposer quelque part dans la nature ou sur une termitière (très certainement qu’ils iront récupérer à l’insu de tout le monde).

Seulement, bien des personnes ne partagent pas cette forme de prédication. Surtout les islamistes qui fustigent leurs auteurs et ceux qui les consultent. Parce que nombre d’entre eux, toute forme de lecture de l’avenir autre que le « listikhar » (voyance à partir du saint-Coran), est bannie par la religion. Pour Serigne Mor Dème, un érudit habitant la capitale du Baol, toute forme de voyance faite en dehors de l’Islam est bannie par la religion. N’empêche que, dans la ville de Mbacké (du reste très proche de la ville de Khadimou Rassoul), nombreux sont les musulmans adeptes de cette forme d’art divinatoire. D’autant que bien d’entre eux sont sans emplois et gagnent difficilement leur vie. De nos jours, on constate même des élèves, des étudiants (dont une bonne partie de filles). Mais, à l’inverse, d’autres les ignorent royalement. A l’image de ce jeune lycéen, Dabo qui martèle qu’avec ces pratiques, on constate que « les gens croient en Dieu, mais n’ont pas confiance en lui et c’est regrettable ». La voyance en Afrique, en général, est une pratique vécue depuis la nuit des temps. A l’époque, les parents, avant chaque cérémonie de mariage ou de voyage, consultaient les charlatans pour avoir une idée de la durée ou des retombées de ces aventures. Il y a donc une question de superstition au centre, surtout quand certains, confrontés à des problèmes, s’entendent dire par leurs parents que c’est le « thiat » (mauvais sort) venu d’un soupirant (quand on brigue la main d’une fille), d’un aspirant au même emploi demandé ou simplement d’une coépouse qui voudrait garder à elle seule le mari commun.

Natou cette jeune Ibadou bien voilée, se dit intransigeante. « Ces choses ne m’intéressent pas, elles peuvent influer sur ma foi, parce que ces pratiques ne reposent sur aucune loi islamique. C’est trop facile de dire à quelqu’un dans le désarroi que telles choses vous arriveront ou vous serez riches, qu’un véhicule vous sera donné et patati et patata. Le mieux est de se confier à Dieu », souligne Natou, cette jeune fille Ibadourahmane (femme voilée), croyante et pratiquante. Mais, également, certains voyants se défendent bien, arguant avoir maîtrisé le sujet depuis leurs aïeuls. C’est le cas de Serigne M. Diakhaté qui dit se déplacer très souvent à l’intérieur du pays sur la demande de ses nombreux clients. « Au Sénégal comme partout dans les autres pays de la sous-région, il existe des hommes et des femmes dotés de pouvoirs occultes, ou surnaturels qui peuvent, grâce à leur savoir, protéger, neutraliser ou détruire. C’est selon les demandes formulées par les clients qui viennent se faire consulter ». Un autre (ressortissant malien celui-là) avertit : « Je suis originaire de l’Est du Mali, mais, n’importe qui n’est pas voyant. Il y a des prédispositions. Soit on hérite de ce savoir, soit on l’apprend ou encore qu’on ait un don de Dieu. On peut naître devin sans le savoir, mais, avec l’âge, les visions se précisent ».

Quid de la panoplie de ce que ces charlatans exhibent devant leurs clients pour les impressionner afin de mieux les « ferrer » ? Notre interlocuteur reste formel. « Pourquoi chercher à impressionner si on est sûr de ses pouvoirs ? C’est tout juste des instruments de travail, comme quelqu’un dans son bureau qui a besoin de stylo, de crayon, de feuilles, etc. Donc, que les gens sachent que pour nous, les cauris, les cornes, la cola, le sable et autres gris-gris nous sont indispensables ». Se réclamant de psychologue (« mais un peu seulement »), notre malien dit que cela n’a rien à voir avec les résultats « de ce que nous demandons, mais dépend des questions que les clients se posent ». A cet instant, son assistant annonce l’arrivée d’un Vip. Notre hôte s’excuse et s’en va installer le « Patron » dans une salle à côté. Il revient au bout de quelques minutes reprendre la discussion pour dire que les voyants gagnent bien leur vie « même si le tarif de la consultation (200 F) ne couvrent pas nos efforts. Conscients de cela et des espoirs que les clients attendent de nous, nous concédons des sacrifices dans le seul but de rendre service. Par contre, ce que nous leur demandons de donner en charité est très important et ils en sont conscients ».

Connue sous le nom de Mère Niang, elle habite le quartier de Darou Minam. Mère Niang reconnaît avoir des dons surnaturels qu’elle a hérités de son père, et c’est à cause de cela qu’elle arrive à consulter l’avenir d’une personne à travers une pièce de 100 frs qu’elle retourne dans ses doigts et sous tous les angles pendant ses incantations ou sa méditation transcendantale. Contrairement à certains de ses collègues qui utilisent les cauris, elle manie la pièce de monnaie pour mieux scruter l’horizon de quelqu’un. « J’ai pris conscience de mes dons avec les multiples visions qui, par la suite, se matérialisent. C’est des connaissances qui nous sont venues comme çà, par la grâce de Dieu. Avec cette pièce, je parviens à déchiffrer tout ce que je veux savoir, même à découvrir l’auteur d’un vol ». Pour Mère Niang, la majorité de ses clients sont des hommes et des femmes qui viennent pour des problèmes de ménage, des jeunes filles en quête d’un époux. La voyante à la pièce de 100 F souligne que les voyants jouent un rôle important dans la société. « Moi, par exemple, et sans fausse modestie, j’ai à plusieurs reprises rendu joyeux soit un déprimé, un désespéré ou quelqu’un qui voulait se suicider », affirme-telle. Toujours que notre société est ainsi faite. On croit ou on ne croit pas. Des mordus de la voyance rencontrés témoignent.

Témoignages

Alioune Nd. 27 ans, tailleur.

« Le listikhar, je suis partant, mais pas avec d’autres méthodes, d’où qu’elles viennent. Le listikhar se base sur le Coran. Donc, c’est plus fiable. Que les gens se mettent présent à l’esprit qu’avec les cauris, on frôle l’animisme ».

Fatou Bintou S.32 ans, commerçante

« Les cauris disent en général 80% la vérité, les 20% réservés au fruit de l’imagination fertile du voyant. Par contre, le listikhar avec le chapelet est très objectif et ce n’est pas un blasphème parce que tiré de l’Islam. Mais, vraiment, je préfère et de loin les cauris ».

Seynabou D. 26 ans, femme d’affaires, célibataire

« C’est bon parfois, mais c’est néfaste pour les femmes quand on sait que les voyants sont le plus souvent à l’origine des problèmes conjugaux et de la dislocation des ménages ; et je ne comprends vraiment pas, je ne comprends pas pourquoi les gens y vont. Moi, je les fréquentais avant mon divorce, mais, maintenant, je leur tourne le dos parce qu’en fin de compte, mon ménage a volé en éclats ».

Les cauris, une affaire d’héritage dans la famille de Mère Téné

Les techniques de voyance ou de divination sont différentes. Si certains utilisent le sable, d’autres font recours à l’eau ou aux cauris. Niokhor Sène, un voyant, le confirme. Il affiche toutefois sa prédilection pour les séances d’explication faites à partir du « listikhar », qui est une pratique admise par la religion musulmane. « Quand je reçois une personne pour cela, il me laisse son nom et celui de sa mère. J’utilise, la nuit, la technique du listikhar, et le lendemain, je lui restitue les résultats, tout en lui recommandant les offrandes à faire », explique M. Sène.

A Pikine, nous avons rendu visite à « Mère Téné » chez qui nous avons été introduites par une de ses petites filles. On nous dit qu’elle a une très grande renommée. « Je suis née dans un environnement où on lance les cauris. Ma grande mère pratiquait ces séances. Je peux donc dire qu’il s’agit d’un héritage dans notre famille », déclare Mère Téné.

Elle avoue toutefois qu’il y a beaucoup de difficultés et de risques dans l’exercice d’une telle activité. « Nous pouvons la faire chaque jour excepté le vendredi. Nos ‘djinns’ nous l’interdisent », fait-elle comprendre, indiquant la « délicatesse d’un tel travail qui ne nous rend pas service parfois ».

Mère Téné révèle qu’elle a une fille qui a perdu l’usage de ses yeux. « Cela est causé par la vengeance des ‘djinns’ ».

Histoire d’écureuil

Un homme de 32 ans s’est réveillé d’une douleur mortelle après avoir gravement été mordu par un écureuil affamé qui croyait avoir trouvé une bonne viande fraîche. Cet incident s’est produit à Virginia, aux Etats-Unis.

Peter R. prenait un bain de soleil dans son jardin, évidemment tout nu, juste une petite serviette posée sur la taille qui laissait cependant ressortir son pénis. Un écureuil s’est approché et aurait tenté d’arracher son pénis qui restait accroché malgré l’effort. Tourmenté par la douleur, l’homme s’est réveillé et n’a pu que constater qu’il saignait abondamment. L’écureuil, lui, aurait pris la fuite. Selon la police qui a été alertée, l’écureuil, ce petit rongeur, aurait confondu le pénis de l’homme à une graine d’arachide (le pénis semble-t-il était très petit), car en fait l’écureuil n’est qu’un petit rongeur, herbivore, et donc qui ne mange pas de la viande.

L’homme, qui a par la suite été admis dans un hôpital, a menacé de porter plainte à la police si elle ne changeait pas les termes de son rapport selon lequel son pénis était si petit qu’il avait l’air d’une bonne graine mûre pour l’écureuil. « Ce n’est pas de la rigolade. J’ai mal et je saigne », commentait-il.

Plus de peur que de mal, les médecins ont rassuré le jeune homme que sa virilité n’était pas menacée. Il devra cependant attendre entre 4 à 6 semaines avant d’avoir des relations sexuelles. Cela ne devrait pas être un problème, Peter R. étant célibataire. (source internet)



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