La fermeture prochaine de la carrière de Mbeubeuss risque de provoquer des tiraillements dans la commune de Malika. Au moment où la population de Mbeubeuss manifeste sa joie en organisant un point de presse pour témoigner sa gratitude à l’Etat, particulièrement au ministre de l’Environnement qui vient de prendre cette décision, les recycleurs d’ordures communément ‘boudioumanes’ qui rôdent autour de cette carrière, ne veulent pas en entendre parler. Cas de Modou Diouf, la cinquantaine, qui n’apprécie guère la décision gouvernementale consistant à fermer la carrière. ‘En quoi cela les dérange-t-il ?’, s’interroge-t-il. Quand on évoque le danger que constitue cette décharge d’ordures pour leur santé et pour l’écosystème, notre ‘boudioumane’ dégage en touche : ‘Je vis dans cette carrière depuis vingt ans et je n’a jamais souffert de maladie due à la saleté. Si c’est seulement dans l’intention de nous garantir une bonne hygiène sanitaire qu’ils veulent fermer la carrière, cela n’en vaut pas la peine, car on ne se plaint de rien sur le plan sanitaire’.
Abordant dans le même sens, Abdou Diop soutient qu’ils ont besoin de la carrière pour survivre. ‘Nous sommes exclus du système, personne ne se préoccupe de notre situation, ni le gouvernement, ni les personnes de bonne volonté. Alors que nous ne sommes ni fous, ni malades. Seule la pauvreté nous a conduits à adopter ce genre de vie’. Et Abdou Diop déclare qu’ils ne se laisseront pas faire, quitte à descendre dans la rue pour manifester leur colère. ‘La carrière est notre gagne-pain. Grâce au recyclage des ordures, nous assurons la dépense quotidienne. Et pour ces raisons qui sont capitales à notre survie, nous sommes prêts à maintenir l’existence de notre territoire qui n’est autre que la décharge de Mbeubeuss’, confie-t-il.
Son de cloche légèrement divergent du côté de Zidane, un autre recycleur. Pour lui, le mieux pour ses semblables est de respecter la volonté de l’Etat et d’aller s’installer sur le nouveau site choisi. ‘Nous aurions pu être des malfaiteurs, mais nous préférons gagner notre vie à la sueur de notre front. Par conséquent, si le gouvernement doit fermer le site, il doit nous trouver une alternative. Sinon, nous serions obligés de nous déplacer là où la décharge sera transférée’, lance-t-il.
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