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Me ABDOULAYE WADE, LES EMIGRES ET L’ARGENT DES EMIGRES

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Me ABDOULAYE WADE, LES EMIGRES ET L’ARGENT DES EMIGRES

Abdoulaye Wade vient de prendre via l’ARTP un texte (décret N°2010-632 du 28 mai 2010) augmentant le prix des télécommunications téléphoniques entrant au Sénégal. Car on a beau nous faire croire que les mesures seront prises pour que cette hausse soit transparente pour l’usager, il ne fait aucun doute que les opérateurs répercuteront cette charge sur les émigrés dont on sait les relations qu’ils entretiennent avec leurs proches restés au pays via le téléphone.

Non seulement les conditions du montage et le choix de l’entité chargé de la collecte sont encore une fois nébuleuses, mais il n’est que dans les pouvoirs monarchiques ou autocratiques ou un seul homme décide par décret d’imposer aux populations de nouvelles charges fiscales. C’est ce qui se passe au Sénégal où Abdoulaye a concentré tous les pouvoirs entre ses mains au point de décider par décret de faire prélever sur les communications entrant au Sénégal, qui plus est par une société étrangère (Global Voice Group), faisant fi de la souveraineté nationale, une taxe fiscale contre tous les principes de fonctionnement de tout Etat démocratique qui veulent que le pouvoir de lever des impôts et taxes relève de la représentation populaire donc du Parlement.

De quoi s’agit-il en réalité ? Il s’agit tout simplement d’un prélèvement monétaire qui ne dit pas son nom sur les communications téléphoniques passées pas les émigrés. Il s’agit de faire payer par les émigrés le besoin de financer les dépenses somptuaires d’Abdoulaye Wade qui ne sait plus à quel saint se vouer pour trouver de l’argent. D’ailleurs les agents de la Sonatel l’ont bien compris eux qui ont manifesté leur opposition à ce nouveau système devant les grilles du siège de l’ARTP.

Le Sénégal gagnerait plus à mettre en place des outils de facilitation et de gestion optimale de la contribution financière déjà existante des émigrés dont l’utilité n’est pas à démontrer plutôt que de vouloir tuer la poule aux œufs d’or. Les appels vers le Sénégal coutent déjà bien trop chers par rapport à beaucoup d’autres destinations.

C’est le lieu de crier avec force que les émigrés ne sont pas les vaches à lait du régime de Wade. Ils font déjà bien ce qu’ils peuvent si on en juge par les flux financiers qui rentrent au Sénégal. En effet de l’avis d’un rapport fait par une banque française « la générosité des émigrés constitue un frein supplémentaire à leur intégration économique en France » puisque ces derniers se serrent la ceinture et vivent de privations pour secourir leurs parents restés au pays.

Un petit rappel synthétique de ces flux s’impose donc même s’il n’est point question pour nous ici de faire une étude exhaustive portant sur l’apport des émigrés sénégalais dans la vie de tous les jours ou d’évaluer de manière détaillée la place de la manne financière constituée par les transferts des émigrés sénégalais.

MESURE ET VOLUMES DES TRANSFERTS DES EMIGRES

L’importance sociale, économique et financière des transferts de migrants vers leur pays d’origine n’est plus à démontrer. Les volumes représentent entre 9 et 24% du PIB des pays étudiés, soit entre 80 et 750% de l’aide publique au développement dont ils sont bénéficiaires. En moyenne un sénégalais de France envoie 2 500 euros par an à son pays (soit plus de 1.6 million de F CFA) soit plus que le PIB par habitant qui est au Sénégal de 720 $ (chiffre de 2004) Volume officiel :

Diverses sources officielles évaluent les transferts des migrants vers le Sénégal venant des émigrés à plus de 500 milliards de F CFA.

Une étude de l’OCDE vieille de 4 ans, mais qui se veut plus complète, donne les éléments suivants pour le Sénégal :

- PIB = 6 635 000 000 €
- Aide publique au développement = 574 166 667 €
- Montant global des transferts (*) = 1 254 000 000 € (822 milliards de F CFA)
- Dont corridor France = 449 000 000 €
-  % du PIB= 19%
-  % de l’aide publique au développement = 218% (soit plus du double de l’APD)
-  % de transferts informels = 46%
- Moyenne reçue annuellement / foyer = 2 925 €
- Fréquence annuelle = 10
- Nombre d’expéditeurs de fonds / foyer = 2
- Montant moyen par transfert = 293 €
- Effort mensuel par migrant = 122 €

(*) Y compris les transferts informels évalués à 46 % du total.

Ces chiffres ne visent que les flux financiers. Or l’aide apportée par les migrants au Sénégal revêt aussi d’autres formes non étudiées telles que l’achat et l’envoi de produits en nature. Si par exemple un émigré envoie un ordinateur à son frère étudiant à Dakar, cela n’est pas pris en compte dans les analyses alors qu’il s’agit là aussi d’un véritable acte d’aide au développement.

Volume réel

Compte tenu des risques d’erreurs et d’approximations que comporte le recours à des méthodes d’évaluation incomplètes et de l’absence de suivi de ces flux par un grand nombre de banques centrales, les données des balances des paiements ne reflètent pas le montant exact des transferts de fonds. (Source : Les transferts de revenus des migrants : quel impact sur le développement économique et financier des pays d’Afrique subsaharienne ? - Bulletin de la Banque de France • N° 173 • Mai¬juin 2008)

Selon une étude de la banque mondiale, les transferts informels vers les pays d’Afrique subsaharienne seraient compris entre 45 % et 65 % des flux formels (Cf. : Freund (C.) et Spatafora (N.) (2005) “Remittances : transaction costs, determinants and informal flows”, Banque mondiale, Policy Research, Working Paper series, n° 3704. 2 ¬Freund et Spatafora, 2005 précité 3 ¬Les transferts de fonds des migrants, enjeu de développent – BAD janvier 2008)

En réalité, les transferts à destination de l’Afrique subsaharienne s’effectuent majoritairement par la voie informelle. Les transferts vers le Sénégal depuis la France transiteraient à plus de 70 % par des canaux informels (Freund et Spatafora, 2005 précité).

Une étude de la Banque Africaine de Développement de janvier 2008 fait ressortir des différences significatives des volumes de transferts informels. Ils varient selon les pays entre 25 et 80% (cf. Les transferts de fonds des migrants, enjeu de développement – BAD janvier 2008).

POUR UN MEILLEUR IMPACT ECONOMIQUE DE l’ARGENT DES EMIGRES :

La recherche d’une plus grande formalisation des transferts et d’un meilleur impact économique nécessite d’engager une réflexion sur les conditions d’amélioration de l’accès aux services financiers. Formaliser les transferts

Il faut arriver à faire comprendre par des campagnes de communication à la population intéressée que les opérations réalisées dans un cadre formel présentent de meilleures garanties en termes de sécurité : pour l’expéditeur et pour le destinataire, mais aussi pour le système économique dans son ensemble.

En effet, les transferts effectués via les circuits formels permettront de "bancariser" sinon de familiariser les bénéficiaires comme les émetteurs des transferts aux institutions financières. Ce qui peut favoriser l’ouverture de comptes bancaires débouchant sur des relations de confiance et l’instauration de mécanismes de financements adossés à des flux de transferts. La formalisation des transferts peut ainsi contribuer au développement financier du pays récepteur.

Mais les émigrés n’accepteront de rejoindre le circuit formel que pour autant que les coûts des transferts formels en soient sensiblement réduits.

Alléger les coûts de transfert

Souvent plus rapides que les transferts formels, les transferts informels présentent des avantages d’ordre pratique : ils ne nécessitent pas, par exemple, de détenir de compte bancaire. Les frais qu’ils occasionnent sont, en outre, nettement inférieurs à ceux des services formels : le coût des transferts informels est généralement estimé entre 3 % et 5 % du montant envoyé, alors que les frais des services de transfert proposés par les intermédiaires financiers (banques et institutions financières spécialisées) s’inscrivent à des niveaux sensiblement plus élevés, pouvant atteindre jusqu’à 17 % du montant envoyé. En moyenne, les coûts de transaction des transferts via les circuits formels sont estimés à 12 % des montants envoyés.

Alléger le coût des transferts formels et inciter les gens à sortir de l’informel n’est pas impossible les outils et institutions sont disponibles.

Pour ce faire il faudra rompre la situation de quasi monopole profitant à certains acteurs. En effet, dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest, 70 % des transferts sont gérés par un seul opérateur.

Il conviendra de faciliter l’implantation de nouveaux acteurs susceptibles de faire baisser les coûts des opérations. Money Express, société de droit sénégalais, ne prélève que 5 % de commission de transfert. Tout est donc question de volonté politique et de mise en place d’outils permettant de nous affranchir des situations de quasi monopole des institutions de transferts "historiques" ou ayant pignon sur rue qu’ont longtemps constitué par exemple Money gram ou Western Union.

Améliorer l’accès aux services financiers

La recherche d’une plus grande formalisation des transferts et d’un meilleur impact économique nécessite d’engager une réflexion sur les conditions d’amélioration de l’accès aux services financiers.

À cet égard, une plus forte implication des institutions de micro-finance (IMF) dans les services de transferts pourrait être recherchée. En effet, l’étendue de la couverture géographique des réseaux de micro-finance et leur proximité vis-à-vis des populations rurales non bancarisées constituent un avantage comparatif par rapport à d’autres opérateurs. La mobilisation de la micro-finance dans la mise en œuvre de nouveaux circuits de transferts pourrait ainsi faciliter l’acheminent des fonds des migrants vers leurs familles d’origine. Elle pourrait également susciter le développement d’une offre de produits financiers adaptés à ces populations (octroi de crédits pour le logement, l’équipement...) et garantis par les flux de transferts.

Pour cela il faut nécessairement renforcer les capacités de gestion des IMF accompagnant l’offre de tels produits (mise en place d’instruments de contrôle et de gestion de la trésorerie en particulier).

Développer le recours aux nouvelles technologies de paiement

Le développement de l’utilisation du téléphone mobile (« m- banking ») pour effectuer des opérations bancaires constitue également une solution à fort potentiel pour des sénégalais sous bancarisés mais relativement bien équipés en téléphonies mobile. J’ai pu lire récemment dans la presse sénégalaise la mise en place d’un projet en ce sens par la Sonatel (Orange Sénégal). Cela doit être encouragé et contrôlé par les pouvoirs publics sénégalais dans l’intérêt exclusif des consommateurs et usagers des services de téléphonie mobile.

Le Sénégal étant l’un des pays de l’Afrique subsaharienne les mieux outillés en matière de NTIC, on peut raisonnablement penser développer les opérations de transferts via ce canal. La Société Générale de Banques au Sénégal ne vient-il pas d’innover dans ce domaine ?

En conclusion, sur un plan économique, on voit bien quíl est possible de vqloriser et d’optimiser les transferts financiers existants des émigrés. Il suffit que le Sénégal, au lieu de laisser le soin à des partenaires publics ou semi publics ou institutions financières privées étrangers de "faire main basse" sur cet énorme flux de commissions et capitaux constitués par les transferts directs ou indirects (redevances sur les communications téléphoniques) des émigrés, se dote de mécanismes à même d’alléger les formalités et les coûts des transferts des émigrés facteur de paix sociale, d’équilibre familial et de développement économique.

Capter 5 % de la manne des transferts d’argent à destination du Sénégal équivaut à terme pour les pouvoirs publics sénégalais à percevoir et contrôler environ 50 milliards qui pourraient utilement être investis dans des projets de développement. Cette somme équivaut à 5 %, soit beaucoup moins que ce que est prélevé par les organismes dominant actuellement le marché, de 1 000 milliards, en extrapolant à peine, des transferts formels et informels.

Sur un plan purement politique, ce n’est donc pas en superposant des taxes sur les revenus générés par les appels téléphoniques des émigrés qu’on développera le secteur des télécommunications.

Sous un autre angle, on voit bien que la volonté du gouvernement libéral de décourager les éventuels migrants est suicidaire. Le Sénégal a toujours été un pays de migrations. Les nouveaux émigrants que Wade veut museler et emprisonner joueront dans le futur proche le même rôle que les anciens dont certains sont actuellement retraités. Il convient de renouveler les sources de revenus extérieurs puisque les gouvernants sénégalais sont incapables d’en procurer aux populations locales. Donc, à l’instar d’autres pays comme la Chine qui encouragent l’émigration de leurs ressortissants (on les voit nombreux à Dakar maintenant) Abdoulaye Wade serait bien avisé de faciliter les migrations ou à tout le moins de laisser ceux qui le peuvent émigrer parce que, face à l’effondrement du tissu social, économique et industriel du Sénégal par la faute de qui on sait, c’est le seul moyen pour eux de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs parents.

D’ailleurs, c’est le lieu de rappeler la question du sort de l’aide au maintien des populations octroyée par des Etats comme l’Espagne. Des milliards sont collectés auprès des pays d’immigration et prétendument investis dans des plans “rêveurs” sans que les candidats à l’émigration en soient les vrais bénéficiaires.

En définitive, avec ce nouveau prélèvement sur les communications téléphoniques entrant, la boulimie financière de l’oligarchie qui dirige le Sénégal ne fait que se développer. Dire que Wade veut arrêter l’émigration ! - Heureusement qu’il y a les émigrés et l’argent des émigrés. Pour lui comme pour le bas peuple.



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