MENACE DES FEMMES DE SANGALKAM DE S'IMMOLER EN CAS DE DÉCOUPAGE DE LEUR COMMUNAUTÉ RURALE PAR Me WADE : Aminata Tall leur suggère d'aller plutôt chercher des cartes d'électeur pour recourir à l'arme du vote

Ne pas s'immoler, mais chercher massivement des cartes électeur afin de sanctionner Me Wade. C'est ce conseil que Aminata Tall a donné aux femmes de Sangalkam qui menacent de s'immoler en cas de découpage de leur communauté rurale par Me Abdoulaye Wade.

Aminata Tall s'éloigne davantage de Me Wade et l'attaque frontalement. L'ancienne édile de Diourbel, qui était, avant-hier, l'invitée des femmes de Sangalkam, a même pris fait et cause pour ces dernières qui menaçaient de s'immoler par le feu si Me Abdoulaye Wade touche de nouveau à leur communauté rurale. «J'ai regardé l'autre jour la télévision, une chose que je n'avais pas l'habitude de faire. Mais que je fais maintenant comme mon temps me le permet. J’ai vu un groupe de femmes tout de rouge vêtues, qui menaçaient de s'immoler si Abdoulaye Wade découpait Sangalkam. Leur discours était très émouvant et très poignant», dit-elle en précisant d'emblée qu'elle n'était ni mandatée par Abdoulaye Wade, ni par le chef du gouvernement, ni par personne d'autre. Trouvant que ces femmes rurales ont été «tellement désenchantées de certaines pratiques étatiques», Aminata Tall, tout en leur manifestant son soutien, les invite à revenir à la raison. «Les immolations sont certes aujourd'hui un phénomène à la mode, mais je suis foncièrement contre. Dieu est contre le suicide et s’immoler, c’est se suicider. Vous êtes des musulmanes et des chrétiennes, pensez à vos familles, à vos enfants», les supplie-t-elle. Face à cela, elle appelle les autorités exécutives, législatives et religieuses à élever la voix sur «ce qui pousse les populations à bout jusqu'à s'immoler». Selon elle, «il n'existe pas de mal sans remède».Comprenant le courroux de ces populations, elle martèle : «Yaakaar bu tass mën na indi lunek, mais yaakaar du mësa jeex (la déception peut mener à tout, mais l’espoir existe toujours)». Mieux, insiste-t-elle, «nous avons des voies et moyens de nous battre».

«Donner au moment opportun votre carte à celui qui vous écoute»

C'est ainsi que l’ancienne Secrétaire générale de la présidence de la République a exhorté ces femmes à «être des sentinelles qui se battent avec les armes de la démocratie». Aminata Tall de préciser en effet : «On est en démocratie. Vous avez élu des gens, vous avez porté vos espoirs et attentes en eux. Ils vous doivent attention, compréhension et écoute. Je veux bien que les autorités m'écoutent bien. Que le ministre de la Communication passe cela à la télé. Que les autorités m'écoutent avec raison et non avec coeur en disant Aminata parle encore». Parce que, dit-elle, «c'est celle qui vit avec les populations, qui sait les difficultés qu'elles vivent». Soulignant que les populations «attendent des autorités écoute et prise en charge de leurs préoccupations», Aminata Tall leur dit : «Ku fatte lila fal lilay folli beet la (qui oublie ce qui l’a élu, ce qui le fait chuter le surprendra)». Très prolixe, l'ex-maire de Diourbel clame : «Nous allons vers des élections, restez unies, réfléchissez et évaluez tous les actes posés par les autorités que vous avez élues, sur qui vous aviez fondé un espoir inouï pour la résolution de vos problèmes, mais pas pour des pratiques politiciennes pour régler des problèmes politiques». À l'en croire, «nous sommes dans une démocratie majeure. Ce que vous avez à faire, c'est de rester mobilisées, d'aller vers les commissions d'inscription sur les listes électorales, de vous inscrire massivement. Et au moment opportun, que chacune d'entre vous fasse ce qu'elle doit faire. C'est ça l'arme qu'on utilise en démocratie contre quelqu'un dont on n'est pas content. Il ne faut pas vous disperser, donner au moment opportun votre carte à celui qui vous écoute».

«Quand on passe son temps à improviser, on ne fait que commettre des bêtises»

S'estimant «contre toute forme d'injustice», Aminata Tall fait la leçon aux gouvernants. «Un Etat, c'est un planificateur par essence, ce n'est pas du tâtonnement». C'est pourquoi elle estime : «On ne peut pas se réveiller et pour des raisons de politique politicienne dire : je vais procéder à un découpage parce que c'est quelqu'un qui appartient à un autre camp». Une manière de faire qu'elle qualifie «d'irresponsabilité et d'injustice». Pour elle, «tout acte qu'un Etat doit poser ne doit pas procéder de l'improvisation. Il doit reposer sur la planification». Mieux, tape-t-elle sur la table, «quand on passe son temps à improviser, on ne fait que commettre des bêtises. On doit arrêter de motiver les actes qu'on prend par la politique politicienne, par l'envie de combattre politiquement un adversaire, par la volonté de nuire à un adversaire». Prenant les femmes à témoin, le Pcr de Sangalkam Oumar Guèye de persister et de signer : «Je n'accepterais jamais une seconde délégation spéciale. Si Abdoulaye Wade fait une délégation spéciale, je serais à la tête d'un mouvement pacifique qui va pousser Abdoulaye Wade à quitter ce pays». Mieux, fulmine-t-il, «on refuse que ce que les populations ont donné d'une main droite, Wade le reprenne d'une main gauche. Parce que c'est de la même manière que les populations l'ont élu jusqu'en 2012 qu'elles m'ont élu jusqu'en 2014».

À noter par ailleurs que dans la délégation de Aminata Tall se trouvaient Me Nafissatou Cissé.