Émigration clandestine : Entre rêve, cauchemar et… mort

Le Sénégal reste l'un des pays africains les plus touchés par le phénomène de l'émigration clandestine. Jeunes, tous sexes confondus, vieux d'un âge avancé sont aujourd'hui tentés par le pari de la mort. Avec ce flux, comme de la grande migration qui répartit les peuples d'Afrique, la ruée vers les "nouvelles terres du paradis" est aujourd'hui l'Europe, plus précisément l'Espagne. C'est à bord d'embarcations de type classique (pirogues), que les candidats à la mort s'entassent comme des sardines. Cap vers les côtes espagnoles. Un projet alternatif du gouvernement, avec le plan Reva, ne pourrait pas, vu l'ampleur du phénomène, décourager ces jeunes et vieux avec des projets du genre dans lesquels la plupart des jeunes citadins hésitent à s'engager. Les femmes et leurs sensibles progénitures ne sont pas épargnées devant ce fléau qui est une plaie pour le Sénégal et l'Afrique tout entière.
Venus de partout, des coins et recoins du Sénégal les plus reculés, des pays limitrophes, les émigrants ont envahi notre pays, qui reste le point de convergence et de départ des candidats à la mort. Le pari de la honte qui fait rage à travers le continent, a fini de dévoiler une image négative de l'Afrique. Au-delà du rôle prépondérant des politiques dans le grand bond en arrière de nos différentes économies à travers détournement et conflits, le continent est sujet à des phénomènes nouveaux de tout genre. La prostitution qui a fini de gagner des galons, la délinquance juvénile avec son conglomérat de victimes, le tourisme sexuel continuent également de ternir l'image du Sénégal et des autres pays. C'est au vu de ses constats, un niveau de vie au seuil du supplice, que les candidats se font de plus en plus nombreux. Les côtes espagnoles, point d'arrivée des clandestins, reçoivent chaque jour des Africains fatigués, déshydratés, malades, moribonds et même morts. Arrêter cette saignée, défi que s'est lancé les pouvoirs publics, n'augure pas des lendemains meilleurs. Le gouvernement, à travers un plan alternatif, propose aux jeunes de retourner vers l'agriculture. Un projet auquel n'adhérent pas de manière objective la plupart des jeunes, surtout citadins. En effet, loin des champs, des houes, hilaires…, la plupart des jeunes des villes aspirent à des travaux d'une autre catégorie. Que le gouvernement lance de manière officielle un projet d'une telle ampleur, que les jeunes poursuivent leur entreprise de suicide, il reste évident que des questions s'imposent. Face à une visée génératrice de revenus, pourquoi aller au suicide ? Répondre à une telle question voudrait aussi signifier la recherche d'autres voies par le gouvernement. L'immixtion de femmes et d'enfants dans cette désastreuse aventure, est venue clouer au pilori les tenants du pouvoir presque faibles devant le fait accompli. L'aide croissante des bailleurs de fonds à développer des projets au Sénégal, est-elle utilisée convenablement pour faire reculer la pauvreté ? Aujourd'hui, que les milliards pleuvent avec l'arrivée au pouvoir de Me Wade, jamais le Sénégal n'a connu autant de déboires d'une jeunesse découragée et désorientée. La politique de jeunesse ayant échoué, la meilleure des illustrations est de manière évidente, le flux consistant des candidats à la mort. D'un autre côté, ce sont leurs propres frères qui leur font croire au faux rêve. Ces émigrés résidents, nous reviennent plus clairs, voitures, argent, convoitise des jeunes filles ; et racontent leur vécu comme dans Ali Baba au pays des merveilles. Les images, à travers documentaires, séries télé…, nous donnent tous un tableau paradisiaque de l'autre côté de la mer. L'ensemble de ces facteurs contribuent pour beaucoup à la ruée des jeunes vers les côtes espagnoles. Le pari de la honte, reste aujourd'hui un outil de conquête pour les jeunes avides de réussite au prix de la mort. Le Sénégal est-il une terre de réussite ? Réactions…