L’Europe attire. L’émigration est devenue un rêve collectif ; particulièrement pour les jeunes pêcheurs de Yarakh et de Thiaroye. Ce que sachant, les plus nantis de ces villages traditionnels investissent dans la confection de pirogues, qui ne reviendront pas de leurs odyssées. La plupart de ses passagers également. Un nouveau créneau qui vide ces zones de leurs bras valides, réduisant du coup la production halieutique.
Depuis la dernière « tamkharit », fête qui commémore le nouvel an musulman,, l’émigration est devenue l’obsession des jeunes de Hann et de Thiaroye. Les filets sèchent depuis lors de plus en plus, faute de bras pour les entretenir et les utiliser. On parle de plus de cent jeunes qui sont partis tenter l’aventure en Europe. Les candidats sont âgés entre 18 et 40 ans. Ils versent aux propriétaires des pirogues, censées les transporter, entre 700 000 et un million par tête. Retenus et programmés, ils prendront d’abord les véhicules qui les déposeront à Nouadhibou, en terre mauritanienne. Une précaution pour contourner les forces de l’ordre, de plus en plus aux aguets C’est dans cette ville qu’ils embarqueront. Les pirogues qui les transportent sont équipées de deux moteurs. Les unes ont une capacité de contenance variant entre 35 et 50 places. Les autres entre 50 et 80 sièges. Leur coût est d’environ un million. Elles ne reviendront pas, parce qu’arrivées à bon port, elles seront abandonnées sur les berges des Îles Canaris. On cite parmi leurs propriétaires la riche femme d’un chef coutumier du village de Hann. Si pour l’heure, des décès ne sont pas encore signalés dans ces zones, on n’en parle pas moins de « portés disparus ». Dans les foyers des jeunes partis à l’aventure, c’est l’angoisse au quotidien. Dans ces villages également, les activités de pêche sont au ralenti. Au grand dam des mareyeurs et des usines de poisson implantées dans la baie de Hann.
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