À Mbeubeuss, plus grande décharge d’ordures du Sénégal, l’inquiétude grandit chez les récupérateurs et recycleurs informels. Alors que le Programme de modernisation et de gestion des déchets (PROMOGED) entre en phase active, ces acteurs historiques du site craignent de voir disparaître leur unique moyen de subsistance.
«Nous voulons de meilleures conditions de travail. Aujourd’hui, on parle du PROMOGED à Mbeubeuss. On va donc quitter l’informel pour le formel. Nous pensons que les conditions vont s’améliorer, mais cela ne doit pas nous priver de notre lieu de travail», plaide Aliou Faye, dit Zidane, représentant syndical des récupérateurs, en marge d’une projection du film documentaire De l’Ordure à l’Or Dur de Rosalind Frederick, hier, au centre culturel Blaise Senghor.
Lancé sous le magistère de Macky Sall, le PROMOGED ambitionne de transformer en profondeur la gestion des déchets au Sénégal, notamment à travers la réhabilitation de la décharge et la mise en place d’un dispositif plus moderne et respectueux de l’environnement. Mais pour de nombreux travailleurs, la modernisation rime surtout avec incertitude. «?Beaucoup de gens gagnent leur vie à la décharge. Avec cette modernisation, ils ont peur de perdre leur activité?», souligne Aliou Faye.
Les récupérateurs rappellent qu’au-delà du traitement des ordures, leur métier participe déjà à l’économie circulaire. Certains ont réussi à créer leur propre entreprise dans la récupération et le recyclage. «On ne peut pas parler aujourd’hui d’économie circulaire des déchets sans évoquer la récupération et le recyclage. C’est un volet très important pour l’économie et l’environnement?», insiste leur représentant.
Tout en se disant prêts à évoluer vers une plus grande formalisation, les travailleurs lancent un appel aux autorités. «?L’État est une continuité. Nous espérons que les nouvelles autorités vont respecter la promesse d’un avenir meilleur. On ne peut pas faire un bras de fer avec l’État, mais nous lui demandons de penser au sort des milliers de personnes qui vivent grâce à cette activité», conclut Aliou Faye.
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