La grève générale, argument que les syndicalistes ont pendant longtemps brandi pour faire pression sur l’Etat, a finalement été exécutée. Hier, dans la matinée déjà, la ville affichait un visage inhabituel pour un jour ouvrable. Certes le réseau de transport était fonctionnel mais les usagers se sont fait désirer. Les commerçants et autres vendeurs qui ne s’occupent, en réalité, pas d’augmentation de salaire encore moins de baisse de l’impôt sur le revenu, remplissaient les ‘Ndiaga Ndiaye’ et les ‘cars rapides’. D’ailleurs les transports en ont profité pour faire ‘journée sans surcharge’ de clients. Même ceux qui éprouvaient de la peine à quitter la banlieue pour rejoindre la ville en raison des embouteillages monstres ont montré leur étonnement face à la fluidité de la circulation en ce jeudi 22 mai. Le Petit train bleu, qui relie Dakar à sa banlieue, a lui aussi marqué le coup. La locomotion effectue plusieurs rotations par jour sur l’axe Thiaroye - Gare ferroviaire en passant par Pikine et Yarakh. Et l’on devine aisément le nombre important de travailleurs qu’il transporte. Les bus Dakar-Dem-Dikk ont été fonctionnels dans la matinée, mais plus la journée avançait, plus ‘la progression des sorties de Ddd diminuait pour stagner autour de 30 %’, indique Mody Guiro.
Du côté des établissements scolaires, la surprise est venue des écoles privées catholiques. D’habitude si rigoureuses dans le travail et le respect des quantum horaires, elles ont vu les classes se vider de leurs enseignants. Ces derniers ont préféré répondre à l’appel de l’Intersyndicale plutôt qu’à la sonnerie de 8 heures, marquant le début des cours. Le secrétaire général de la Cnts estime que ‘la solidarité des écoles privées’ n’a rien d’étonnant d’autant plus que ‘la revendication est légitime’. ‘Qui ne souhaiterait pas une augmentation de salaire ou une baisse de la fiscalité ?’, s’est-il interrogé avant d’ajouter que ‘dans le secteur public, au moins il est arrivé des augmentations de salaires alors que ce n’est pas le cas pour les écoles privées’.
Au finish, selon les échos qui lui sont parvenus, le secrétaire général de la Cnts indique que ‘la grève générale a été suivie à 80 %’. Les universités, le domaine de l’hôtellerie, les industries chimiques, le secteur de l’extraction minière ont tous respecté le mot d’ordre. Les discussions tripartites entre l’Etat, le patronat et le syndicat, butent toujours, entre autres points, sur la hausse des salaires et la baisse de la fiscalité. En ce sens, Mody Guiro rappelle que ‘depuis 1982, les salaires stagnent dans le privé alors que le pouvoir d’achat diminue’ du fait du renchérissement du coût de la vie. Les travailleurs, d’abord partis sur la base d’une augmentation de l’ordre de 50 % des salaires dans le privé, ont fini par tabler sur 20 à 15 % de hausse. Alors que le patronat se réunissait avant-hier, Baïdy Agne a qualifié le pourcentage trop élevé en proposant à la place une hausse de l’ordre de 4 %. Il y a des entreprises qui éprouvent actuellement beaucoup de difficultés et leurs préoccupations sont de s’assurer du paiement des salaires plutôt que d’une hausse, avait tenté de justifier le patronat. Mais toujours est-il qu’après ce mouvement d’humeur ‘réussi’, les syndicalistes se réunissent ce vendredi pour évaluer leur action et dégager des pistes éventuelles de lutte.
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