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Naufrage du « Joola » : Des mandats d’arrêt internationaux trop téléphonés pour être vrais : Qui en veut à Mame Madior Boye ?

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Naufrage du « Joola » : Des mandats d’arrêt internationaux trop téléphonés pour être vrais : Qui en veut à Mame Madior Boye ?

A en croire ces « informations » complaisamment distillées par un avocat sénégalais établi en France, ces hautes personnalités devraient répondre devant la Justice française de leur responsabilité présumée dans le naufrage du ferry Le Joola. Lequel avait fait 2000 morts environ en septembre 2002. C’était la plus grave catastrophe maritime de l’histoire du Sénégal. A la suite de ce naufrage, une enquête administrative avait été confiée à l’ancien garde des Sceaux, ministre de la Justice , le Pr Seydou Madani Sy, médiateur de la République au moment des faits après avoir été premier recteur sénégalais de l’Université de Dakar. Au même moment, une enquête judiciaire était ouverte à l’initiative du procureur de la République. Laquelle avait conclu à l’impossibilité de poursuites pénales du fait que les principaux responsables de cette tragédie, et notamment le capitaine du bateau, le commandant Issa Diarra, ainsi que ceux qui avaient surchargé le navire, avaient péri dans l’accident.

Néanmoins, des négligences graves avaient été relevées dont la responsabilité avait été imputée à des officiers généraux, supérieurs eu subalternes de l’Armée. Lesquels avaient été démis de leurs fonctions, la sanction la plus emblématique ayant été celle qui avait frappé le patron de l’armée de l’époque, le général Babacar Gaye, qui avait été limogé. Sa traversée du désert n’avait pas duré longtemps puisqu’il avait été par la suite nommé ambassadeur du Sénégal en Allemagne, un poste qu’il occupera jusqu’à sa nomination comme patron de la Monuc , la Mission des Nations-Unies au Congo. Le hasard a voulu que l’ait retrouvé dans ce même pays l’ancienne Premier ministre du Sénégal, Madame Mame Madior Boye, une brillante juriste qui fut la première femme chef de gouvernement en Afrique, si on excepte un bref intermède au Burundi. Mme Mame Madior Boye fait partie du Comité des Cinq Sages mis en place par l’Union Africaine pour baliser la voie à des élections apaisées en République démocratique du Congo. Grâce à son entregent, elle a joué un rôle déterminant dans la reprise du dialogue entre les deux hommes qui vont s’affronter pour un deuxième tour le 30 octobre prochain en principe. Il s’agit d’abord de l’ancien chef de guerre et leader du Mouvement de Libération du Congo, Jean-Pierre Mbemba, qui est également le fils de l’ancien patron des patrons zaïrois du temps du régime du Maréchal Mobutu, Mbemba Saolona. Il a en face de lui le président sortant, M. Joseph Kabila, qui a succédé à son père assassiné et qui a pointé en tête à l’issue du premier tour du scrutin. Les partisans lourdement armés des deux hommes se sont affrontés non seulement la veille des élections, mais aussi le jour même de la proclamation des résultats. Bien qu’un cessez-le-feu y ait été conclu sous les auspices des représentants de la communauté internationale présents sur place, la paix reste fragile. Surtout que les combattants des deux côtés ont toujours le doigt sur la gachette. A preuve, des affrontements les opposant ont éclaté récemment dans l’Itouri. On comprend donc que Mme Mame Madior Boye y ait fort à faire, sollicitée qu’elle est de tous les côtés de cet immense pays.

Aussi est-ce avec beaucoup d’étonnement que, revenue vendredi dernier au pays pour y souffler un peu et voir de la famille après un séjour de plusieurs mois en Rdc, elle a appris qu’elle faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour sa responsabilité présumée dans le naufrage du Joola. Comme si c’est elle qui conduisait le malheureux bateau quand il a chaviré emportant dans sa masse ses 2000 infortunés passagers. Comme si c’est elle qui avait surchargé plus que de raison ce navire poussif. Comme si c’est elle qui avait donné l’ordre de reprendre les rotations du ferry entre Dakar et Ziguinchor et retour. Or, il est de notoriété publique qu’elle a freiné des quatre fers à l’époque pour que le « Joola » ne reprenne pas ses rotations avant que toutes les conditions de sécurité n’aient été réunies. En même temps, elle avait instruit son ministre des Finances d’entreprendre, en liaison avec son collègue de l’Equipement, des démarches auprès de l’Allemagne en vue de l’acquisition d’un nouveau bateau. Certes, elle était Premier ministre au moment des faits, mais en quoi sa responsabilité directe, et donc pénale, peut-elle être engagée dans ce naufrage ? Et puis, responsabilité pour responsabilité, il y avait bien quelqu’un au-dessus d’elle dans l’Exécutif. Encore une fois, les seules personnes qui auraient pu être responsables ont coulé avec le navire, rendant impossibles des poursuites pénales. En fait, dans ce naufrage, Mme Mame Madior Boye est aussi responsable qu’a pu l’être le Premier ministre français qui était en fonction au moment de la canicule de 2002, lorsque des milliers de vieillards périrent en France faute d’assistance et du fait de la très grande chaleur qui régna cet été-là. Et ce Premier ministre, on ne lui a pas décerné un mandat d’arrêt à ce que l’on sache.

Mieux, peut-on rendre le président américain Georges Bush, ou la responsable du Conseil national de sécurité de l’époque, Mme Condoleeza Rice, pénalement responsables des 3000 morts des attentats du 11 Septembre 2001 contre le World Trade Center ? En réalité, il ne viendrait à l’idée d’aucun juge d’instruction un tant soit peu sérieux de ne serait-ce qu’inculper le général Babacar Gaye, les ministres Youba Sambou et Youssou Sakho, à fortiori l’ancien Premier ministre Mme Mame Madior Boye. Et pour cause, ils ne peuvent pénalement être responsables de quoi que ce soit. Il y a certes des familles de victimes françaises du naufrage qui ont saisi les tribunaux hexagonaux, ce qui est leur droit le plus absolu. A notre avis, ces familles cherchent surtout à se faire indemniser plus généreusement que l’a fait le gouvernement sénégalais avec ses propres nationaux. Lesquels ont reçu 10 millions de francs pour chaque parent mort dans ce tragique accident. Estimant que c’est trop peu, les familles des victimes toubab ont saisi la justice de leur pays pour obtenir davantage. Cette procédure ne peut prospérer qu’au civil même si, pour déterminer les responsabilités, une procédure pénale a sans doute été ouverte. Mais de là à décerner des mandats d’arrêt contre un ancien Premier ministre, des ministres et un ancien général sénégalais, il y a un fossé quand même. Que d’aucuns franchissent allègrement, hélas ! Mme Mame Madior Boye retourne ce mercredi même en République démocratique du Congo pour préparer avec ses pairs du Comité des Sages le second tour de l’élection présidentielle dans ce pays. Un scrutin qui risque d’être mouvementé si l’on n’y prend garde car, déjà, des escarmouches ont été notées en diverses parties de ce vaste territoire, qui ont opposé partisans de Joseph Kabila et inconditionnels de Jean-Pierre Mbemba. Il faudra donc toute la sagesse, l’expérience et les talents de diplomates des Cinq Sages pour empêcher que les choses ne dégénèrent. Sinon, le contingent de la Monuc qui s’y trouve et qui a à sa tête le général sénégalais Babacar Gaye, ancien chef d’état-major général des Armées au moment du naufrage du Joola, ce contingent, donc, aura fort à faire pour maintenir ou rétablir l’ordre. Le hasard, toujours le hasard, a fait qu’un troisième protagoniste, si l’on peut dire, de cet accident malheureux, se trouve de l’autre côté du fleuve, à Brazzaville plus précisément. Il s’agit de M. Youssou Sakho, qui exerce actuellement les fonctions de conseiller du chef de l’Etat congolais, M. Denis Sassou Nguessou, en matière d’infrastructures. Ces trois éminentes personnalités sénégalaises peuvent vaquer tranquillement à leurs occupations, voyager où bon leur semble parce que tout simplement, aucun mandat d’arrêt international ne pèse sur leur tête. Pas plus d’ailleurs que sur celle des autres ministres et hauts fonctionnaires sénégalais dont les noms ont été cités dans cette histoire de mandats d’arrêt lancés par un juge d’Evry. Enfin, il est curieux de constater que cette affaire éclate à cinq mois à peine de l’élection présidentielle sénégalaise. A laquelle Mme Mame Madior Boye n’est pas candidate, rassurez-vous ! Il se trouve simplement qu’à la veille de cette échéance, il y a des gens qui disent que l’actuel Premier ministre ayant été nommé directeur de campagne du président de la République sortant, la Primature devrait revenir à un technocrate n’ayant pas d’ambition politique. Lequel serait chargé d’expédier les affaires courantes et de garder la maison en quelque sorte. Suffisant pour que Mme Mame Madior Boye soit dans la ligne de mire de certains ! Il faut savoir raison garder car cette grande magistrate a une mission continentale à terminer, à laquelle elle entend se consacrer pleinement. Il n’entre donc pas dans ses calculs de vouloir déjouer les plans de carrière de certains...

LE TEMOIN



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