Pélerinage à la Mecque : Les dessous de la mise à l'écart d'Air Sénégal

La compagnie aérienne Zam-Zam va acheminer, à partir du 20 novembre, les pèlerins sénégalais aux lieux saints de l’Islam. L’offre des Saoudiens, sur bien des points, a semblé plus intéressante, aux yeux des autorités, que celle d’Air Sénégal international (Asi).

Depuis l’avènement de l’alternance, Air Sénégal international avait la charge d’acheminer les pèlerins sénégalais aux Lieux saints de l’Islam. Pour l’édition de cette année, l’Etat a décidé de s’attacher les services d’une autre compagnie aérienne, rompant ainsi une tradition pluriannuelle. La réduction du temps de séjour des pèlerins sénégalais et celle du prix du billet d’avion sont les avantages pour lesquels le gouvernement du Sénégal a choisi de se séparer d’Asi au profit de Zam-Zam. Selon le commissaire au pèlerinage, Thierno Ibrahima Diakhaté, la compagnie saoudienne est disposée à accompagner l’Etat dans son option de ramener à un mois la durée de séjour des pèlerins. Qui passe ainsi, de 33 à 30 ou 29 jours. De même, le prix du billet des futurs hôtes de la Mecque et les frais d’hébergement sont fixés à 2 millions 300 mille francs Cfa. Asi, pour sa part avait tablé sur 2 millions 500 mille, soit une différence de 200 mille francs. ‘Il est possible que ces tarifs soient encore revus à la baisse’, d’après le commissaire Diakhaté.

En revanche, du point de vue du poids des bagages, Air Sénégal fait mieux que sa concurrente. Ainsi, pour ce qui est du fret, Zam-Zam exige des voyageurs une limitation des bagages à 35 kilogrammes par personne en lieu et place des 40 kilogrammes qu’Air Sénégal transportait. Ceux qui voyagent en cabine auront droit à 10 kilogrammes de plus. Mais, l’essentiel se trouve ailleurs. Il se trouve dans le fait que ‘même si les pèlerins vont avoir 5 kilogrammes de moins, ils auront gagné 200 mille francs sur le billet. Ce qui peut contribuer à payer les excès de bagages’, souligne notre interlocuteur.

Par ailleurs, le voyagiste de l’édition 2008 du pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam met à la disposition du Sénégal deux Dc 10 de 360 places chacun pour le transport des pèlerins. Toutefois, signale-t-on, seules les 330 places seront utilisées en raison des bagages et de la sécurité des pèlerins. Le commissaire Diakhaté renseigne, également, qu’un avion A 320 sera basé pas loin de non frontières pour venir en renfort aux deux autres, si le besoin se fait sentir. Tout ceci pour respecter les délais car Zam-Zam propose d’acheminer les 5 mille 300 pélerins sénégalais vers les Lieux saints entre le 20 et le 27 novembre. Le retour est prévu entre le 20 et le 29 décembre 2008. En cas de retard au retour, il est prévu que chaque pèlerin soit remboursé à hauteur de 25 rials (monnaie saoudienne) par jour. En outre, pour éviter les tracasseries en matière d’hébergement, M. Diakhaté affirme que c’est la compagnie saoudienne qui va traiter directement avec les logeurs. Revenant sur les changements opérés pour cette année, il soutient que le seul objectif est de ‘mettre les pèlerins dans les meilleures conditions qui soient’.

Par ailleurs, l’annonce du choix porté sur Zam-Zam pour le pèlerinage 2008 avait soulevé quelques interrogations. Certains se demandant si un appel d’offres national et international était, auparavant lancé et si la compagnie garantissait la sécurité des pèlerins. Au cours d’un point de presse tenu le 19 septembre sur la préparation du pèlerinage 2008, le ministre des Transports aériens Habib Sy avait tenté de rassurer en indiquant que les techniciens sénégalais de l’Aviation civile ont procédé aux vérifications et qu’aucune faille n’a été signalée. Sur le cas d’Air Sénégal international, le ministre d’Etat a rappelé que ‘lors de l’attribution du marché à Air Sénégal, il n’y avait pas d’appel d’offres. L’Etat peut le reprendre à tout moment. S’il n’y avait pas l’accord de nos techniciens, on n’aurait pas conclu le contrat avec Zam-Zam’.

La direction générale d’Air Sénégal international, estimant que l’Etat est souverain, s’est abstenu de se prononcer sur le choix de Zam-Zam, au détriment d’Asi.