PELERINAGE 2007 : Dix mille sénégalais aux Lieux saints de l’Islam

Le premier vol pour le pèlerinage musulman 2007 aura lieu le samedi 1er décembre prochain. Au total, dix vols sont prévus par la compagnie Air Sénégal International qui va assurer le voyage des 5100 pèlerins sénégalais dépendant de la Commission nationale dirigée par El Hadj Moustapha Guèye. Vendredi dernier, nous l’avons rencontré à l’Institut Islamique de Dakar en compagnie de son équipe.

Il règne une atmosphère particulière dans les couloirs de l’Institut islamique de Dakar. Depuis quelques semaines, des centaines de personnes ont pris d’assaut les lieux. Ces hommes et ces femmes d’un certain âge sont venus remplir les formalités d’usage indispensables pour tout musulman qui veut effectuer le pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam. Le QG du Commissariat général au pèlerinage est en « état d’alerte maximum ». Ici sont concentrés tous les services qui interviennent dans le processus : antenne médicale pour la visite d’aptitude, bureau de confection de cartes d’identité numérique, représentant du ministère des Affaires Etrangères, banque agréée par la Commission, opérateur de téléphonie mobile... Vendredi dernier, nous y avons effectué un tour. Entre deux audiences et trois rendez-vous, le commissaire général El Hadj Moustapha Guèye nous a parlé des préparatifs du pèlerinage 2007. Il était entouré de son staff : le commissaire général adjoint Thierno Birahim Diakhaté, le chef du Bureau du pèlerinage Ndiogou Bâ (en même temps chef de cabinet du ministre des Affaires Etrangères) et le coordonnateur Mohamadou Mamoune Niasse. « Nous avons commencé à enregistrer les pèlerins depuis le 24 septembre dernier. Actuellement, nous sommes même en avance dans le travail », se réjouit El Hadj Moustapha Guèye. Pour le pèlerinage 2007, le Sénégal a bénéficié d’un quota de dix mille pèlerins ainsi répartis : 5100 qui vont voyager sous la responsabilité du Commissariat général dans dix vols d’Air Sénégal ; et 4800 qui dépendront des voyagistes privés avec cinq vols. Au total, quinze vols vont rallier Dakar à Médine (Arabie Saoudite) à partir du 1er décembre 2007. « Le dixième et dernier vol sous notre responsabilité partira le 10 décembre », précise M ; Guèye. Actuellement, seul le dixième vol reste à « remplir », affirme-t-on au niveau du Commissariat général. Les retardataires doivent d’ailleurs se hâter car il reste peu de places disponibles.

RÉGLEMENTATIONS EN VIGUEUR

Cette année, les pèlerins vont débourser deux millions de francs CFA pour effectuer le voyage. Le prix du billet aller-retour Dakar Médine-Dakar, soit 1 million 125 mille 990 francs CFA, est compris dans cette enveloppe ainsi que 817 mille 485 francs qui représentent ce que le commissaire général appelle « devises », c’est-à-dire la somme qui permettra la prise en charge du pèlerin durant tout son séjour aux Lieux saints de l’Islam. « Avant son départ, chaque pèlerin recevra 200 mille francs CFA », poursuit El Hadj Moustapha Guèye. Sur cette enveloppe de 2 millions de francs, la Commission reverse 125 220 francs aux autorités saoudiennes sous forme de « taxe de service » tandis que 186 200 francs serviront à assurer l’hébergement à Médine (environ une semaine) et 305 900 francs durant le séjour à La Mecque pour le reste du pèlerinage. Actuellement, les visas des pèlerins des six premiers vols ont déjà été effectués et tous les passeports sont disponibles au niveau de la Commission. « Nous allons remettre les premiers passeports aux pèlerins à partir du jeudi 15 novembre 2007 », affirme le commissaire général. Au mois de mai dernier, une équipe du Commissariat général avait effectué une visite de prospection à Médine et à La Mecque. « Nous avons repéré les immeubles les mieux placés, dans le centre-ville et à proximité de la Mosquée, pour y loger les pèlerins sénégalais. D’ailleurs l’une des résidences que nous avons choisie est tellement luxueuse que là-bas on la surnomme le Méridien », explique M. Guèye. Il recommande aux pèlerins de se conformer aux recommandations de l’Islam et aux réglementations en vigueur dans le Royaume d’Arabie Saoudite. « Je leur demande d’être disciplinés, d’avoir une probité morale irréprochable et de bien se comporter durant tout le hadj. Ils doivent savoir qu’après le harmal, le pèlerin doit éviter toute attitude en porte-à-faux avec les valeurs de l’Islam », recommande-t-il aux dix mille pèlerins sénégalais.

Le commissaire général adjoint, Thierno Birahim Diakhaté, note des « avancées considérables » concernant les préparatifs du pèlerinage 2007. « Nous avons même gagné du temps par rapport aux autres années. Il faut savoir que l’organisation d’un pèlerinage est à la fois lourd et très complexe. Et puisque nul n’est parfait, il peut arriver que des problèmes surviennent. Mais cela ne doit pas pousser les journalistes présents sur les lieux à exagérer certains détails pour faire du sensationnel », explique M. Diakhaté. Il reconnaît qu’il n’est pas facile de gérer des milliers de personnes qui, de surcroît, doivent se déplacer en différents endroits. Selon lui, les membres de la Commission sont à la fois des encadreurs et des pèlerins.

PÈLERINAGE NE RIME PAS AVEC TOURISME

A ce titre, ils doivent se mettre au service de tous les pèlerins afin de répondre à leurs sollicitations. « Il faut savoir que parmi ces pèlerins certains n’ont jamais pris l’avion de leur vie et d’autres ne sont jamais sortis du territoire national. Tout cela fait qu’ils ont besoin de quelqu’un pour les guider et les rassurer », poursuit le commissaire adjoint au pèlerinage 2007. Il estime que pèlerinage ne rime pas avec tourisme et que la durée du voyage (un mois) pourrait même être écourté si les pèlerins accepteraient le fait qu’une étape comme Médine ne fait pas partie des obligations du pèlerinage. « D’ailleurs, je conseille aux pèlerins de ne pas dépenser tout leur argent à Médine car ils pourraient ensuite être confrontés à des difficultés financières pour le reste de leur séjour. Il faudrait également qu’ils pensent à bien se nourrir afin d’être physiquement prêts car le pèlerinage nécessite de nombreux efforts sur le plan physique », recommande-t-il.

Le discours de Ndiogou Bâ, chef du Bureau du pèlerinage et chef de cabinet du ministre des Affaires Etrangères, s’adresse aux voyagistes privés dont les pèlerins (au nombre de 4900) ne dépendent pas du Commissariat général. « Le rôle du ministère n’est pas de contrôler les vols des voyagistes privés. Nous leur délivrons juste des agréments et leur attribuons des quotas. Les conditions d’agrément sont définies par arrêté ministériel. Tout voyagiste privé qui veut convoyer des pèlerins doit avoir un siège équipé (ordinateur, téléphone, connexion Internet...) et être en règle avec le ministère du Tourisme », explique M. Bâ. Actuellement, il a été dénombré 45 voyagistes privés dont les quotas vont de 50 à 600 pèlerins selon les capacités financières et l’expérience acquise au fil des années. Parfois, il arrive que des voyagistes ne remplissent pas correctement leur mission comme ce fut le cas l’année dernière lorsque des centaines de pèlerins avaient été laissés en rade à l’aéroport de Dakar. La compagnie aérienne qui devait affréter des avions pour l’un de ces voyagistes avait disparu dans la nature. « L’Etat du Sénégal avait été obligé de débourser 450 millions de francs CFA afin de permettre aux pèlerins laissés en rade de rallier les Lieux saints de l’Islam », rappelle le chef du Bureau du pèlerinage. Selon lui, les autorités prendront des dispositions dans les années à venir afin de sanctionner tout voyagiste privé qui ne s’acquitterait pas correctement de sa mission et qui exposerait des pèlerins à des difficultés.

En ce qui concerne les pèlerins qui vont voyager avec la Commission nationale, ils commenceront à retourner au bercail dès la fin du pèlerinage. En effet, le premiers vol retour partira de Médine le 2 janvier et le dernier est prévu aux environs du 15 janvier 2008. Pour le moment, les candidats au pèlerinage 2007 ont jusqu’au 23 novembre (dernier délai) pour effectuer les formalités d’usage.