ÉPILEPSIE : Les préjugés bloquent les consultations

Le laboratoire Sanofi Aventis, Synergies africaines et la Ligue sénégalaise contre l’épilepsie ont lancé, hier, le Programme de lutte contre cette maladie. Les acteurs engagent ainsi le combat contre les préjugés pour faire consulter 60% des malades qui, à cause de la stigmatisation, refusent de se faire consulter.

« Les malades épileptiques convulsent sans assistance. Des préjugés entourent cette maladie. Beaucoup d’entre eux ont perdu la vie par défaut d’assistance ». Ces propos d’Amadou Diop, président de la Ligue sénégalaise contre l’épilepsie, résument la stigmatisation dont sont victimes les malades. Ces préjugés n’incitent pas les malades à se faire examiner par les spécialistes. « Beaucoup de malades ne viennent pas se faire consulter, parce que les familles les mettent à l’abri des regards. Les personnes ne sont pas informées. On dit, lorsqu’une personne pique une crise, que si vous la touchez, vous serez atteint de la maladie. L’épilepsie est une maladie non transmissible », précise le Pr Mansour Ndiaye, chef du service Neurologie du Centre hospitalier universitaire de Fann.

Le lancement de cette campagne, soutenue par Sanofi Aventis, Synergies africaines, la Ligue sénégalaise contre l’épilepsie (Lsce), entre en droite ligne dans la lutte contre les préjugés, d’une part et, d’autre part, la formation des agents et la vulgarisation des signes de cette maladie qui touche 50 millions de personnes dans le monde.

« Les Premières dames ont joué un rôle déterminant dans la sensibilisation pour prévenir certaines maladies. L’engagement de Mme Viviane Wade, dans la lutte contre l’épilepsie, remonte à 1995. Nous devons renforcer la lutte contre les préjugés et les tabous », a lancé le ministre de la Santé et de la Prévention, Modou Diagne Fada.

L’un des objectifs de cette campagne, qui couvre la période 2010-2012, est de consulter 60% des malades qui se cachent à cause de l’ignorance et de la stigmatisation. Dans ce cadre, 3 caravanes seront organisées dans 9 régions du Sénégal. Les crises d’épilepsie se manifestent par des sensations, des hallucinations olfactives ou auditives ou une perte de conscience totale ou partielle caractérisée par des regards fixes, des gestes répétitifs. Ces signes sont encore interprétés sous le prisme des préjugés. « La lutte contre le Sida et la tuberculose a mobilisé l’attention au détriment d’autres malades invalidantes comme l’épilepsie. Nous lançons cette campagne pour jouer notre rôle dans le système de santé », a laissé entendre le directeur général de Sanofi-Aventis Afrique de l’Ouest, Aboubacar Tio-Touré.

Décentralisation du traitement

Les initiateurs se fixent comme objectifs, de rapprocher les malades des spécialistes et d’inciter les familles à faire consulter leurs malades par des spécialistes. « Le coût de traitement varie entre 300 et 700 FCfa pour un mois. Ce n’est pas normal que les malades déboursent 10.000 francs pour venir à Dakar pour se traiter. Nous devons décentraliser, au maximum, la prise en charge avec la présence des spécialistes dans les régions », recommande le Pr Mansour Ndiaye.