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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
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PLEIN FEUX - Violences à ascendants : L’autre enfer de la drogue

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PLEIN FEUX - Violences à ascendants : L’autre enfer de la drogue
Ils ont durement trimé leur vie durant pour maintenir leur famille dans la dignité. Parvenus dans la vieillesse, ces pères et mères, responsables de famille, voient leurs fils dévier et porter la main sur eux, sous l’emprise de la drogue. Malgré quelque cas rares, la plupart continuent de défendre ladite progéniture. 

Des pères et mères de famille vivent l’enfer de la maltraitance et de la bastonnade de leur progéniture aux prises avec   la drogue. Nos tribunaux départementaux et régionaux ont souvent eu à juger des cas de ce genre. Certains de ces bourreaux, souvent après leurs auditions, sont déférés au Parquet pour être jugés avant d’être écroués par les tribunaux. D’autres plus chanceux, écopent de   peines assorties de sursis.

La solidarité familiale souffre de l’âge

Les rapports de police sont souvent très clairs en ce qui concerne ces cas. Ces bourreaux de leurs parents exhalent souvent leurs pulsions violentes après avoir pris une forte dose de drogue ou lorsqu’ils sont en manque.  Lorsqu’ils ne parviennent pas à se procurer de quoi acheter leur drogue quotidienne, ils se défoulent sur les membres proches de leur famille, en les abreuvant souvent d’injures. C’est quand l’un des membres de la famille décide de leur faire face que la situation dégénère. Certains foyers connaissent ce phénomène depuis des années. L’extrême pauvreté, le chômage chronique des jeunes et la dureté de la vie sont les éléments qui, entre autres, poussent ces jeu­nes gens à s’adonner à la consommation de la drogue, et à en faire subir les conséquences à leurs proches.

Souvent, quand les parents atteignent l’âge de la retraite, ils souhaitent que leurs enfants dans la force de l’âge les suppléent en s’occupant des besoins primaires de la maisonnée. Malheureusement, au lieu de chercher un travail pour soulager leurs parents atteints par la vieillesse, ces jeunes hommes leur font connaître les affres de l’enfer, en les gratifiant de bastonnades malgré leur santé souvent assez précaire. Mais pour la plupart de cas, ce sont ces mêmes parents qui, en dépit du traitement qui leur est réservé, qui prennent la défense de leurs enfants en étouffant le scandale autant qu’ils le peuvent. 

Un tour dans plusieurs quartiers de la banlieue dakaroise a permis d’approcher des familles qui sont aujourd’hui en proie à ce genre de problèmes. Si certains préfèrent souffrir en silence, d’autres suggèrent des opérations de sensibilisation qui auront le double mérite de briser le silence et de cibler les mesures à entreprendre. Des opérations qui permettront de lever un coin du voile.

L’observation aboutit à la remarque que la solidarité familiale ne se porte pas bien dans certaines familles, surtout en ce qui concerne les personnes âgées. 

Pape Mansour essaie d’oublier son fils

Nous sommes à Yeumbeul Sud chez le vieux Pape Mansour Faye. Ce vieillard avait été victime d’agression physique de la part de son fils Abdoulaye Faye, il y a juste 9 mois. Aujourd’hui  âgé de 82 ans, le vieux se souvient avec peine et tristesse de cette horrible bastonnade que lui a infligée son rejeton connu dans tout le quartier comme un drogué notoire. Assis sur une chaise pliante devant sa maison, habillé d’un boubou traditionnel de couleur bleu ciel, il retrace le film de ce qui lui était arrivé : «Je me souviens que ce jour-là, mon fils était parti à une soirée dansante. A l’aube, vers 5 heures du matin, de retour de sa noce, il était complètement ivre. Il s’est mis à cogner avec  force sur la porte de la maison, réveillant tout le monde ainsi que des voisins. Je me suis levé pour lui ouvrir la porte, et nous avons eu une prise  de gueule. Il m’a injurié  avant de  se jeter sur moi en me rouant de coups. Il m’a jeté à terre et m’a passé à tabac m’occasionnant au passage, de profondes blessures au visage, à mon cou et sur le torse.  Et tout cela, devant les yeux effarés de sa mère et de sa sœur qui cherchaient du secours en hurlant auprès du voisinage.» La voix cassée par le mauvais souvenir, le vieil homme s’efforce de poursuivre : «A l’arrivée des secours venus du voisinage, mon fils A. Faye, qui était encore dans un état violent, s’est vite rendu dans la cuisine avant de revenir armé d’un pilon, pour  menacer les voisins et leur demander de quitter la maison. Au vu de sa forte corpulence, les voisins ont été dans l’incapacité de le maîtriser, et il a donc fallu attendre l’arrivée des éléments du commissariat de Guédiawaye.»

Le vieux Faye garde encore des cicatrices de cette méconduite de son enfant.  Son fils A. Faye de son côté, âgé à l’époque d’à peine 20 ans, après son interpellation  par la police, sera déféré au Parquet. Après son jugement, au cours duquel l’on a vu une forte demande de clémence de sa mère, il sera condamné à 3 mois de prison ferme par le Tribunal des flagrants délits.  
Son père assure que le jeune délinquant est aujourd’hui sorti de prison. Et il ajoute : «Je l’ai expulsé de la maison. Il a pris ses bagages et s’en est allé. J’ai pris ma retraite depuis très longtemps. J’ai travaillé durant des années à la Sonacos. J’ai tout fait pour lui à son jeune âge. Donc, si aujourd’hui il se permet de lever la main sur moi, je le renvoie de chez moi, je  ne vais pas permettre à un fils de me tuer pour rien», soutient fermement le vieil homme, qui poursuit : «J‘ai appris qu’il est à Mbour  et d’après un de ses cousins qui vit là-bas,  il paraît qu’il y a juste 3 mois, il a été mis aux arrêts pour détention de chanvre indien, et que présentement, il croupit de nouveau en prison.  Je n’ai même pas cherché à savoir dans quelle prison il est enfermé, cela ne m’intéresse pas», soutient le père meurtri.

Des cas récurrents

A Bagdad, une zone située derrière le marché Bou Bess de Guediawaye, un cas plus grave avait été enregistré au mois d’avril dernier. Un quadragénaire a tenté d’éliminer sa mère et sa sœur cadette pour une histoire d’héritage de leur père décédé il y a quelques années. Ces dernières l’ont échappé belle et ont été transportées d’urgence à l’hôpital pour y recevoir les soins spécialisés après qu’elles ont été battues quasiment à mort. Et selon des proches de la famille, la dispute aurait éclaté la veille, puis l’accusé a attendu le jour pour s’emparer d’un «ras-cloue» et s’attaquer à sa mère et sa sœur. Ce qui leur a occasionné plusieurs blessures, essentiellement au niveau de la tête, du visage ainsi que d’autres parties du corps. Plusieurs passants et badauds croyaient même que la mère avait rendu l’âme, du fait de l’état grave dans lequel elle a été abandonnée. Mais par chance, la mère et sa fille ont survécu et leur bourreau a été appréhendé. 

La famille informée  est intervenue pour transporter les victimes à l’hôpital. A la suite de quoi, un conseil de famille a pris la décision de ne pas se rendre à la police en prétextant que le délinquant souffre de troubles mentaux. Beaucoup de cas similaires ont eu lieu. Et souvent, lorsque le prévenu est inculpé, c’est d’habitude la maman qui, après avoir repris des forces, intervient pour demander la compréhension du voisinage pour que les gens n’alertent pas la police. 

A Guédiawaye quartier Bène Barak, un homme âgé d’une trentaine d’années du nom de Baye Dame Ndiaye a séquestré sa mère septuagénaire après l’avoir rouée de coups sur toutes les parties de son corps, ne lui épargnant rien. Sans emploi, ce dernier, depuis qu’il a intégré un kourel  du quartier, à savoir un cercle religieux, a complètement changé et est devenu introverti. Il s’habille avec des haillons, et la famille s’est rendu compte qu’il se droguait. «Et  depuis quelque temps, les choses ont pris une nouvelle tournure, avec des menaces qu’il profère a l’encontre de sa mère, en essayant de lui soutirer de l’argent», soutient un membre de sa famille. La même personne assure que son père malade, fait également l’objet de menaces de mort de la part de son fils. D’ailleurs, des voisins insistent sur le fait que le père et la mère n’ont jamais osé dénoncer leur  fils à la police, sous prétexte que ce dernier est un drogué. Et comme d’habitude dans des pareils cas, c’est dans le silence que  les parents endurent, supportant stoïquement la honte d’avoir un de leurs proches qui se comporte de cette manière.

Au cours de cette enquête, Le Quotidien est tombé sur une dame qui a été victime d’une bastonnade par son fils unique. Préférant garder l’anonymat, pour ne pas se voir reprocher par la famille de s’en être ouverte à la presse, elle narre son histoire  : «C’est vrai que mon histoire est connue de tout le quartier. J’ai été battue par mon fils unique comme vous l’ont expliqué les voisins. Mais je sais que c’est n’est pas de sa volonté. Je l’ai éduqué, et lui ai donné une bonne éducation. Il a fait des études, il est diplômé en informatique. Mais il est malheureusement au chômage. Depuis quelques mois, il a commencé à avoir des mauvaises fréquentations, et il a changé. De plus en plus, il commence à m’insulter. Il était devenu bizarre, et agressif. Quand j’ai découvert qu’il fumait du chanvre indien, je l’ai interpellé. Je me souviens que son papa était absent de la maison ce jour-là. Il m’a répété que si je l’accuse encore d’avoir fumé du chanvre, il allait me tuer. Je n’en revenais pas. Je lui ai dit qu’il était un drogué, et ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.» Très énervé, le fils a attrapé sa mère au cou et l’a jetée à terre. Il lui a donné des coups de pied sur la tête en lui demandant de présenter des excuses. Les cris de douleur de la mère ont alerté les voisins, qui sont intervenus pour neutraliser le forcené. Plusieurs de ces intervenants n’ont pas à leur tour, hésité à porter la main sur le coupable. La mère ajoute, avec un air triste, en refrénant ses larmes : «Vous voyez ! C‘est pour ces raisons que de nombreuses mères de famille ne veulent pas dénoncer leur fils à la justice. Parce que nous savons qu’ils ne sont pas mauvais. Et que nous risquons de perdre un fils que nous n’espérons jamais revoir guéri.» 

Un exemple vivant de ses bourreaux de parents laissé hors de tout contrôle, Baye Dame Ndiaye sillonne oisivement les quartiers de sa banlieue. Devenu totalement simple d’esprit, il retourne néanmoins chaque soir passer la nuit chez lui. Ses parents pensent sans doute ainsi, compenser la honte de n’avoir pu l’empêcher de tomber dans la violence et la délinquance.


2 Commentaires

  1. Auteur

    100m

    En Septembre, 2014 (12:44 PM)
    IL FAUT ÉDUQUER VOS ENFANTS SINON LE RÉSULTAT EST LA
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  2. Auteur

    Leuk

    En Septembre, 2014 (14:39 PM)
    quelle est la solution si on a un enfant qui se drogue au senegal?  <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">  

    vos reponses sont les bienvenus  <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">  
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