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POURSUIVI POUR DIFFAMATION ET INJURES PAR LES RESPONSABLES DE LA LONASE : Latif Coulibaly persiste et signe à la barre

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POURSUIVI POUR DIFFAMATION ET INJURES PAR LES RESPONSABLES DE LA LONASE : Latif Coulibaly persiste et signe à la barre

Après plusieurs renvois, le procès pour diffamation et injures publiques opposant le journaliste Abdou Latif Coulibaly, la maison d’édition Les Sentinelles, l’imprimerie Monteiro et l’Agence de distribution de presse (Adp), d’une part, à la Loterie nationale sénégalaise (Lonase), d’autre part, s’est enfin tenu hier à Dakar, après plusieurs renvois. L’auteur du livre « Lonase : chronique d’un pillage organisé » a persisté et signé dans ses accusations de mauvaise gestion de l’entreprise.Verdict : le 4 mars prochain.

A la barre hier, il n’y a eu que M. Coulibaly et Marie-Antoinette Monteiro de l’imprimerie Monteiro, les autres prévenus ayant brillé par leur absence à l’audience spéciale, de même que les plaignants, le directeur général de la Lonase, Baïla Wane, et la dizaine de cadres de la société s’estimant victimes de diffamation et d’injures publiques à travers le contenu du livre du journaliste écrivain, « Lonase : chronique d’un pillage organisé », paru aux éditions « Les Sentinelles », en juillet 2007. Comme il fallait s’y attendre, le procès a démarré par des exceptions soulevées de part et d’autre, entraînant des échanges de plus d’une heure d’horloge entre les parties. Et, finalement, le juge Malick Lamotte a préféré joindre les exceptions au fond.

Place au feu roulant des questions. Pendant près d’une heure, les avocats de la partie civile ont, sans répit, fait subir à Abdou Latif Coulibaly un interrogatoire jusque dans les moindres détails pour espérer obtenir une brèche dans les réponses du prévenu. Face à la pluie de questions, M. Coulibaly, gardant son sang-froid, n’a pas été avare en révélations sur la gestion de la Lonase. Et sans regret, il lâche finalement : « j’assume l’intégralité de mes écrits. Je les ai fondés sur des faits ». Tout est parti d’une rencontre avec six hauts responsables de la Lonase, à la demande de ces derniers, raconte le prévenu. Ce serait pour se plaindre auprès du journaliste de la gestion du directeur général Baïla Wane, avant sa révocation en 2003, suivie quelques années plus tard de sa reconduction à la tête de la Lonase. Prudent, M. Coulibaly avait exigé de ses interlocuteurs des documents certifiant la « litanie de griefs » qu’ils portaient à l’endroit de M. Wane. Trois semaines après cette rencontre de trois heures d’horloge, Baïla Wane fut limogé. Et le président de la République avait même fait sur la radio Rfm une sortie dans laquelle il reprochait à M. Wane d’avoir maquillé sa gestion de la Lonase. En juillet 2007, Abdou Latif Coulibaly sort son livre clouant au pilori la gestion de M. Wane qui a retrouvé entre temps son fauteuil de directeur général de la Lonase, en 2006.

Le livre fait du tollé et son auteur, l’imprimeur, l’éditeur et le distributeur reçoivent une citation directe. Rendant compte de ses écrits, M. Coulibaly lance : « tous les six (hauts responsables de la Lonase qu’il avait rencontrés) font partie de ceux qui me poursuivent aujourd’hui », dit-il, tout en se gardant de révéler leurs noms, « par déontologie ». « Je suis stupéfait de voir ces personnes articuler des griefs contre moi », ajoute-t-il, pour ensuite rappeler le ouf de soulagement poussé par l’un d’eux lors du limogeage du directeur général. Sa motivation à travers ce livre, poursuit le prévenu, c’est « informer sur ce qui se passe à la Lonase ». Apparemment, le contenu n’a pas du tout été du goût des plaignants. Les propos visés par leurs avocats ne leur font pas cadeau. Leur auteur a persisté hier dans ses déclarations.

Gestion « peu orthodoxe »

M. Coulibaly fait savoir dans « Lonase, chronique d’un pillage organisé » que Baïla Wane a été congédié pour avoir maquillé les comptes et caché la situation à ses supérieurs. Par conséquent, le retour à la tête de la boîte de celui qui l’aurait conduit à la rue inquiète les agents. L’auteur se dit même convaincu dans son livre que le concerné récidiverait. Il n’y a pas de doute à son avis, la gestion de Baïla Wane, un « gestionnaire incompétent et cupide », qui régnerait en maître absolu à la Lonase, est « peu orthodoxe et inquiétante ». L’auteur ne rate pas non plus le président du Conseil d’administration, Ahmed El Moustapha Diop, accusé d’avoir participé à l’organisation du « festin en cour ». Il en est de même des directeurs et conseillers spéciaux que le directeur général aurait réussi à dresser en « cadres dociles ».

Le journaliste-écrivain passe au crible les modes de gestion de la Lonase constitutifs à ses yeux d’un « cas d’école particulier ». A son avis, la devise de la Lonase « la fortune aux souscripteurs, les bénéfices pour le développement de la nation » semble sonner faux au vu de la réalité qui serait plutôt : « la fortune exceptionnellement aux souscripteurs, les bénéfices au directeur général et ses acolytes, les pertes à la nation ».

Invité à s’expliquer au détail sur ces faits, tantôt le prévenu renvoie les avocats de la partie civile aux documents versés dans le dossier, tantôt il apporte ses réponses de manière parfois concise. Sur le prétendu maquillage des comptes de la Lonase, Abdou Latif Coulibaly a rappelé les reproches faits au directeur général par le chef de l’Etat lui-même sur les ondes. A propos de « l’incompétence » et de la « cupidité » du plaignant, le journaliste fait savoir que c’est un commentaire qu’il fait, une question d’appréciation personnelle par rapport aux faits. Défendant l’idée d’un maquillage de gestion, le prévenu a rappelé les propos du chef de l’Etat, mais cela n’a pas empêché maître Ciré Clédor Ly de la partie civile de lui demander des preuves. « Je n’avais pas raison de douter du président de la République, dit-il. J’ai été conforté par le rapport du commissaire aux comptes qui dit qu’il n’approuve pas le bilan », ajoute M. Coulibaly. Quid de la « générosité suspecte » de Baïla Wane ? Le journaliste-écrivain fait état d’un contrat de 58 millions de francs conclu avec un parent par alliance de la seconde épouse du directeur général de la Lonase. En l’occurrence, explique-t-il, un rapport sur quatre pages, y compris la page de garde, et qui reprendrait « intégralement » des notes de la direction administrative et financière de la Lonase. Cette « générosité suspecte » aurait aussi profité à une sœur de M. Wane à travers un contrat. Sans oublier d’autres contrats « grassement payés sans prestation de services », révèle le prévenu.

Quant aux allégations de détournement de deniers publics dont serait coupable Baïla Wane, Abdou Latif Coulibaly fait cas de véhicules de l’entreprise achetés neufs pour ensuite être mis à la disposition de tiers avant les cinq ans prévus par les textes. Ces tiers, dit-il, ce sont des directeurs de la Lonase, sous le prétexte qu’ils ont fait du bon travail. Pour appuyer ses dires, le journaliste rappelle une lettre adressée par le directeur général à son ministre de tutelle. Abdou Latif Coulibaly a également évoqué un compte qui aurait été ouvert à l’insu du département financier de la société, échappant à tout contrôle et alimenté par des cadres de la Lonase. Pour lui, la Lonase sous Baïla Wane, ce serait aussi des ordres de mission portant mention « rencontre avec des partenaires », mais qui couvriraient en réalité des affaires privées. Ce serait également l’argent des stages à l’extérieur mal utilisé. On avait presque oublié l’autre prévenue, Marie-Antoinette Monteiro de l’imprimerie Monteiro.

Attrait à la barre pour avoir imprimé le livre, elle s’est contentée de dire : « nous n’avons fait que l’impression ». Et maître Khaly Cissé d’attaquer sur le contenu de l’œuvre et le dépôt légal. « Nous ne sommes pas responsables du contenu ». Quant à la maison d’édition citée, on s’attendait à voir son patron à la barre lorsque Latif Coulibaly révèle que les éditions Les Sentinelles, c’est lui. « Parce que personne ne veut éditer mes livres au Sénégal ». L’Adp n’a pas comparu.

Me Ciré Clédor Ly a, à l’entame de sa plaidoirie, souligné que le procès en diffamation n’est pas un procès contre la liberté de pensée, une œuvre ou contre un article. Mais, c’est un procès contre des allégations précises que l’on peut trouver dans un ouvrage. Or, soutient l’avocat, de telles allégations ont été relevées et portent atteinte à l’honneur et à la considération de Baïla Wane. Pour illustrer son propos, il cite dans le livre de M. Coulibaly le passage qui dit que le chef de l’Etat a limogé Baïla Wane après avoir été informé que celui-ci a maquillé des comptes et ruiné la Lonase. Ces propos, explique Me Ly, sont diffamatoires et portent atteintes à l’honneur et à la considération du directeur général de ladite société. Poursuivant son argumentation, il déclare que la reproduction de propos diffamatoires est punie par la loi. Dans cette affaire, soutient Me Clédor Ly, Abdou Latif Coulibaly a été le bras irréfléchi pour atteindre Baïla Wane. « Quand on ne sait pas ce qui se passe, on se tait », martèle-t-il. Toujours sur les allégations mensongères, Me Clédor Ly indexe également le passage du livre faisant référence aux gagnants fictifs. Au lieu de cinq, ils sont quatre à avoir gagné et ils ont joué dans des endroits différents, rectifie l’avocat. De telles allégations et imputations dénotent l’intention de nuire de l’auteur du livre qui, non seulement voulait la destitution du directeur général, mais également que ce dernier soit arrêté et jeté en prison.

10 milliards à la Lonase

Reconnaissant au prévenu son droit de critique, Me Ly souligne que le journaliste a dépassé les limites de la prudence en tenant des propos outranciers ou excessifs, entrant dans le cadre de l’injure. Pour toutes ces raisons, il demande au tribunal de déclarer Abdou Latif Coulibaly coupable et de le condamner ainsi que ses complices, l’imprimerie Monteiro et l’Agence de distribution de presse à payer à son client et à chacun des directeurs généraux, au président du Conseil d’administration et aux deux conseillers, la somme de 250 millions de francs et la somme de 10 milliards à la Lonase. Après sa plaidoirie, les autres avocats des parties civiles, à savoir maîtres Alioune Badara Cissé et Aliou Cissé, ont abondé dans le même sens, attirant l’attention du tribunal sur l’intention de nuire qui a animé Abdou Latif Coulibaly en écrivant ce livre. « Je ne comprends pas pourquoi, lorsque le chef de l’Etat a limogé M. Baïla Wane en soutenant qu’il aurait maquillé, volé et ruiné la Lonase, il l’a nommé à nouveau. Abdou Latif Coulibaly n’a pas pris en compte ce fait ? ”, s’est interrogé Me Cissé. Il s’insurge aussi contre les affirmations selon lesquelles le président du Conseil d’administration aurait financé son mariage grâce à des fonds octroyés gracieusement par le directeur général de la Lonase. De même que le baptême de son premier enfant. Alors qu’au même moment, ce dernier a un salaire de plus d’un million de francs. Il trouve ces allégations diffamatoires. A son tour, il demande au tribunal d’enter en voie de condamnation.

Le Procureur de la République s’est rapporté à la décision du tribunal. Evidemment, les plaidoiries de la partie civile ont l’effet de soulever l’ire des avocats de la défense. Le pool d’avocats constitué par maîtres Mbaye Guèye, Aly Fall, Samba Bitèye et Youssoupha Camara a essayé de démonter les arguments développés par les avocats de la partie civile. Les avocats ont dénoncé la volonté d’imposer une omerta sur la chose publique. « La gestion obéit à des règles, on n’a pas besoin de réinventer la roue », observe Me Fall qui se demande où se situent les propos outranciers ou excessifs. M. Coulibaly s’est interrogé sur des faits que toute personne normale serait en droit de se poser s’il avait eu connaissance des faits, poursuit-il. « Ce procès est celui du fait absent », dit Me Samba Bitèye. A son avis, le livre de M. Coulibaly n’est rien d’autre qu’une invite au débat. Après avoir longuement axé sa plaidoirie sur l’absence de l’intention de nuire de l’auteur du livre, il a invité le tribunal à relaxer purement et simplement le prévenu et de débouter la partie civile de ses demandes.

Les conseils de l’Adp et de l’imprimerie Monteiro ont, dans leur plaidoirie, montré que leurs clients ne sauraient être poursuivis pour complicité, car les éléments constitutifs des délits ne sont pas réunis. Sous le bénéfice de ces observations, les avocats ont demandé la relaxe de leurs clients. Le tribunal a mis l’affaire en délibéré à la date du 4 mars prochain.



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