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Pr yaye kène gassama, ministre de la recherche scientifique : " On ne gouvernera bien que lorsqu’on intégrera la science et la technologie dans nos politiques "

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Pr yaye kène gassama, ministre de la recherche scientifique : " On ne gouvernera bien que lorsqu’on intégrera la science et la technologie dans nos politiques "

Dans un monde dominé par la connaissance, la science et la technologie s’affichent comme des leviers importants du développement. Invité de la Rédaction du Soleil, Mme Yaye Kène Gassama Dia, a décliné les axes majeurs du plan stratégique initié par son département et basé sur la vision du chef de l’Etat dont le socle principal est l’innovation technologique. Une occasion aussi pour Mme Dia de s’étendre sur des questions de l’heure qui concernent son ministère (biocarburant, fuite des cerveaux, financement de la recherche, statut du chercheur, etc).

Partenariat public-privé

Sur la question du partenariat public-privé, il est clair que nous sommes dans un contexte où la recherche est essentiellement financée par le secteur public. Ceci n’est pas une particularité du Sénégal, mais concerne tous les pays en développement. Le secteur privé n’est pas très structuré, il n’est pas très développé. Dès lors que le secteur privé n’engrange pas beaucoup de bénéfices, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il prenne des risques dans le domaine de la recherche. Car pour le secteur privé, la recherche constitue toujours un risque. Parce que dans l’investissement, si on n’est pas sûr de retrouver les fonds injectés dans un délai minimal, c’est toujours un problème. Notre secteur privé n’est pas encore suffisamment solide pour prendre ce risque. Donc, c’est à nous, institution publique, de l’inciter à venir et de l’accompagner dans ce domaine. Je crois que nous devons lui ouvrir une porte. L’’Etat doit financer. Quand le produit est prêt à l’utilisation, on peut faire appel au secteur privé. Commençons à l’inciter pour qu’il voit son intérêt dans la recherche. Nous l’avons fait par exemple dans le domaine des Biotechnologies. Vous savez qu’au Sénégal, nous avons un déficit d’approvisionnement en semences de qualité. Partout dans le monde, ces semences sont produites par des outils biotechnologiques très simples : culture d’écosystème, multiplication en masse, tubérisation in vitro, et on obtient des semences de qualité en millions d’exemplaires. Nous l’avons expérimenté avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) dans un délai très court. C’était pour inciter le secteur privé en lui montrant qu’il y a des produits prêts à l’emploi. Il n’a qu’à les développer à grande échelle.

Nous avons aussi ciblé d’autres domaines d’activités où il y a des résultats tangibles : l’insémination artificielle dont on peut améliorer les races bovines, la qualité du fromage. Dans le domaine de l’aquaculture, on peut améliorer la production en tilapias. Les résultats sont là. Il ne reste plus qu’à les mettre en œuvre. Et c’est ce que nous sommes en train de faire. Nous allons les démontrer dans des centres de recherche et d’essai, des unités pilotes, des unités de démonstration. Que les gens viennent voir ce qu’il est possible de faire. À partir de ce moment, je pense que cela va les inciter à démultiplier les exemples et en faire de petites structures du genre de Petites et moyennes entreprises (PME) jusqu’à avoir des structures plus grandes.

Voilà pour nous l’ouverture, la plate-forme que nous avons créé pour inciter le secteur privé à venir et à dialoguer avec les chercheurs pour savoir ce qu’il peut en tirer.

Un budget de 3 milliards

Il est vrai que du point de vue ressources, le ministère n’est pas encore bien doté. Notre budget tourne autour de 3 milliards par an dont 500 millions d’investissements annuels dans le parc scientifique. Nous avons un budget pour les Centres de recherche et d’essais (CRE), le reste des 3 milliards est consacré aux dépenses de fonctionnement du ministère. Le Centre africain de recherche et d’application (CARA) suppose des moyens très importants puisque sur cinq (5) ans, il nécessite 26 milliards. Le gouvernement du Sénégal n’a pas encore ce financement. Mais nous sommes en train de le chercher auprès des bailleurs. C’est dans ce sens que nous avons approché des banques comme la Banque islamique de développement (BID) et la Banque africaine de développement (BAD) qui financent ces grands projets. Je pense qu’on a de très fortes chances que le CARA soit financé dans les meilleurs délais.

Recherches médicales

Pour les maladies tropicales, il faut dire que dans certains domaines comme le Sida, le paludisme et la tuberculose où les incidences épidémiologiques sont les plus fortes - bien que le Sida soit contenu à des niveaux très bas - les enjeux sont très importants. Cependant, nous avons la chance d’avoir l’un des plus grands laboratoires de référence en Afrique. Celui du professeur Souleymane Mboup basé à l’hôpital Le Dantec et qui fait une recherche de pointe et forme de nombreux chercheurs d’Afrique. C’est un centre extrêmement important. Nous en avons au Sénégal et un autre en Afrique du Sud. Ce sont les deux seuls centres de recherche performants dans les maladies tropicales. Ce n’est pas suffisant. J’ajouterai même que c’est largement insuffisant. Nous voulons donc à travers le CARA renforcer ce tissu de recherche. Les centres qui existent ont un espace limité, des moyens réduits parce que travaillant sur la base de projets financés par l’extérieur. Cela ne peut plus durer. Il faut que l’Etat prenne en charge cet aspect. Avec eux, nous allons intégrer ce volet dans le CARA. On leur offrira un espace plus important et ils pourront développer un tissu de recherche avec des programmes beaucoup plus larges.

Le domaine de la santé est où le secteur privé est encore plus présent et marque de son empreinte la recherche. Si on n’a pas de financement, surtout dans ce secteur, on ne peut pas aller loin. C’est d’ailleurs la contradiction qui existe au Sénégal à travers l’utilisation des plantes médicinales. Nous avons un savoir et un savoir-faire, nous voulons le valoriser, mais on se heurte à des considérations économiques parce qu’il y a de grandes firmes internationales, de grands lobbies internationaux qui ne veulent pas que ces connaissances soient valorisées. Ils souhaitent que les recherches soient effectuées dans les pays développés et que les produits nous soient transférés et que l’on soit d’éternels consommateurs. Nous le refusons. C’est dans ce sens que nous voulons inciter les tradipraticiens à travailler avec nous, même si ce n’est pas facile parce qu’ils ont leurs propres contraintes. Ce sont des connaissances qu’ils ont apprises à travers des générations, c’est leur gagne-pain, les divulguer, c’est un peu perdre une part de marché. Il y a ce secret qui entoure ce savoir traditionnel et qui fait que ce n’est toujours pas facile de travailler avec les tradipraticiens. Mais nous devons tout faire pour instaurer un climat de confiance, les convaincre que nous sommes avec eux et non contre eux. J’ai l’habitude de dire à nos tradipraticiens que les universités, surtout américaines, sont particulièrement intéressées par ce qu’ils font. Cela veut dire que nous avons des valeurs, des connaissances sûres, mais nous devons les protéger d’abord avant de s’ouvrir aux autres. Nous devons donc créer ce climat de confiance. Qu’ils sachent que nous sommes là pour protéger ces connaissances, pour les valoriser. Cela peut créer les conditions d’un développement de ce secteur dans le domaine de la médecine.

Nous avons une fracture énorme et multiple. Ce n’est pas seulement dans le domaine des sciences et technologies. La fracture existe aussi dans le domaine de l’agriculture, du numérique, bref dans tous les domaines. La preuve, nos chercheurs travaillent jusqu’à présent sur des thématiques qui ne sont pas forcément prioritaires pour nous, parce que travaillant dans des laboratoires américains, européens qui mettent en avant leurs thématiques. Dès lors, ils ne travaillent que sur des sujets qui n’intéressent que les Etats-Unis, l’Europe, au détriment de nos propres problèmes.

Une fracture énorme et multiple

Ce qui ne fait qu’aggraver cette fracture. De plus, ces chercheurs sont formatés, surtout dans certains domaines économiques, selon un certain mode de fonctionnement, de pensée qui n’est pas toujours en adéquation avec nos réalités nationales. Ce qui ne fait que renforcer cette fracture. Sur le plan technologique, nous sommes obligés d’importer tout ce que nous utilisons. Nous sommes d’éternels consommateurs de technologies. Il faut qu’on inverse cette tendance et faire en sorte que cette technologie puisse être générée ici à travers les besoins exprimés par les populations et utilisées sur place ou en Afrique.

Pour réduire cette fracture, les pays africains se sont regroupés et un consensus a été émis. Il tourne autour d’une plate-forme matérialisée par ce qu’on appelle le plan d’action consolidé du NEPAD et de l’Union africaine. Ce plan d’action définit un certain nombre d’axes. Le premier axe porte sur la création de centres d’excellence qui seront mis en réseau parce qu’on ne peut pas travailler qu’à l’échelle nationale. Nous devons absolument penser à créer cette synergie, mettre nos moyens en commun pour pouvoir avancer rapidement. Et dans ce centre de recherche, il y a différents domaines qui ont été identifiés comme la chimie des produits naturels, les biotechnologies, les TIC, la physique des matériaux. Cela n’est pas normal que l’on soit dans un pays où l’on a 365 jours sur 365 du soleil et que l’on soit obligé, dans cette pièce, d’allumer les lampes. Et pourtant les technologies existent pour éviter ce gaspillage d’énergie. Toutes ces disciplines ont été identifiées et les pays africains sont en train de mettre en œuvre ce plan d’action avec l’appui de bailleurs de fonds comme le G8, le Canada avec l’ACDI et un certain nombre de pays comme la Finlande, le Danemark qui, au titre de la coopération bilatérale, appuient cette initiative. Les centres d’excellence dans le réseau bio-sciences ont déjà débuté leurs programmes. Les centres d’excellence dans le domaine du laser, des mathématiques ont aussi démarré. On est en train de mettre en place, à l’échelle africaine, ces réseaux d’excellence pour arriver à réduire cette fracture. Nous devons fixer ces compétences. Pour le faire, il faut qu’on leur offre des solutions attractives. Les chercheurs partent parce que les salaires ne sont pas motivants, mais aussi parce qu’ils ont été formés dans des laboratoires, des instituts où ils disposent d’équipements de pointe, un équipement de qualité. Le financement de la recherche est également assuré et quant ils rentrent au Sénégal ou ailleurs en Afrique, ne trouvant pas ces conditions, ils n’arrivent pas à travailler.

Lutte contre la fuite des cerveaux

Les physiciens sont les plus mal lotis. Pour pouvoir faire un travail de recherche publiable, ils sont obligés de travailler dans un laboratoire d’un pays du Nord. C’est pourquoi à travers le CARA, nous cherchons à leur offrir le cadre favorable avec des équipements de pointe. Nous avons l’assurance, avec la coopération japonaise, de les avoir gratuitement. Cet environnement mis en place, je pense que les salaires vont suivre même si je ne suis pas en mesure de les négocier comme le fait le Pakistan qui paie à ces chercheurs le salaire d’un ministre multiplié par quatre. Nous, nous n’avons pas ces moyens pour atteindre ce niveau salarial, mais on peut leur créer un statut motivant.

Une base de données sur le recensement des chercheurs de la diaspora existe, mais elle est dynamique. A travers le PNUD, il y a un programme, le Top Ten qui crée cette base de donnée. L’idée vient d’ailleurs d’un Sénégalais. Et tous les chercheurs qui souhaitent s’investir dans les programmes nationaux s’inscrivent en envoyant leur curriculum vitæ. Ainsi on connaît leur domaine de compétence. Et si le Sénégal a besoin d’un expert dans un domaine très pointu, on peut le solliciter. Le PNUD prend en charge ses frais de déplacement, de séjour. Nous voulons maintenant que ces chercheurs puissent, au fur et à mesure, rester lorsqu’ils verront que les conditions se sont améliorées. C’est de cette manière qu’on pourra les inciter à rester. Les étudiants sont dans un environnement qui est souvent difficile à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Non seulement, ils ne bénéficient pas de conditions de recherche, mais aussi ils n’ont pas de bourses. Cela n’est pas propre aux étudiants. C’est le cas de l’ensemble des chercheurs de l’Ucad. La recherche ne peut pas être viable si elle n’est pas alimentée par un tissu compétent, de qualité au niveau des universités, de l’enseignement supérieur. Il est donc important pour nous de mettre en place ces conditions et à travers le Fonds d’impulsion de recherche scientifique et technique (FIRST) qu’on va promouvoir de meilleures conditions pour les étudiants afin qu’ils puissent travailler dans les laboratoires, mais aussi assurer leur mobilité et travailler quelques mois dans un laboratoire européen ou autre. Et c’est à travers le First qu’on pourra le faire.

Transfert de savoirs

Je dirai un transfert de savoir et de savoir-faire. Parce que le savoir en tant tel peut être livresque. Le savoir, c’est une connaissance, mais pour que le savoir puisse être utilisable, il faut qu’il soit traduit en savoir-faire. Et le savoir-faire peut être transféré pour créer de nouvelles technologies. Je vois en cela une continuité. C’est pourquoi je parle de système de l’innovation. Dans ce système, le savoir constitue une composante. Le savoir est généré, mais il peut être inutilisé ou inutilisable. Mais s’il est traduit en savoir-faire ou en technologie, on a n ce moment un produit palpable, concret. De fait, nous ne voulons plus faire de la recherche théorique. Il y a beaucoup de savoirs théoriques au Sénégal. Allez à la bibliothèque de l’université. Chaque jour, il y a une thèse qui est soutenue. Cela veut dire qu’il y a quelque chose de nouveau. Donc les savoirs sont là dans tous les domaines. Est-ce que ces savoirs sont utilisés, sont transférables ? C’est la question fondamentale qu’il faut se poser. Et nous voulons des savoirs utilisables, qu’on peut traduire en produits. C’est de cela qu’il s’agit, eu égard aux urgences, aux besoins dans les domaines de l’agriculture, de l’énergie, de la santé. Et nous ne pouvons pas nous limiter à des savoirs.

Grand Prix du chef de l’Etat

Nous allons rétablir le Grand Prix du chef de l’Etat des sciences dès 2007. Nous travaillons sur le format. Antérieurement, c’était un format où justement on valorisait simplement le savoir. Nous voulons donc créer chez les chercheurs cet esprit qui les pousse à innover. Par exemple, nous allons leur dire que dans un domaine particulier de la médecine, nous avons besoin d’un vaccin. Que les chercheurs aillent vers la créativité. C’est pourquoi nous voulons changer le format du grand prix du chef de l’Etat que nous appelerons Grand prix du chef de l’Etat pour l’innovation. Et nous allons essayer d’attirer le secteur privé pour qu’il vienne investir et offrir des bourses de l’innovation. Les prix seront assez conséquents. Les montants varieront de 20.000.000 à 25.000.000 de francs Cfa pour inciter les chercheurs à innover et à créer des produits nouveaux dans différents secteurs.

Biocarburants

Les biocarburants sont aujourd’hui devenus une exigence. Et chacun dans son domaine de compétence doit pouvoir apporter sa contribution. Le domaine des biocarburants est transversal. Il concerne l’agriculture, les transports parce que si l’on produit le biocarburant pour les véhicules, les moteurs doivent être modifiés. Le secteur économique est également concerné. En effet, il va falloir des mesures fiscales, des mesures incitatives pour que cette filière puisse être développée rapidement. Nous devons aussi mettre en place un cadre juridique qui n’existe pas. Est-ce qu’il faudra incorporer 15 % de bioéthanol dans l’essence ou 50 %. A ce niveau, il faut normer. De plus, il risque d’avoir un conflit entre la sécurité alimentaire et la sécurité énergétique. Parce que ce sont les mêmes agriculteurs qui vont produire l’arachide, le joja, le pourghère etc. Quelles sont les terres qui vont être allouées à ces différentes cultures. Il risque d’avoir des conflits sur lesquels il faut réfléchir dès à présent. Nous avons engager la réflexion depuis quelques mois au niveau de notre ministère à travers un certain nombre de documents élaborés. Mais la réflexion ne s’arrête pas. La recherche est au début et à la fin du processus. Aussi nous devons créer une charte où tous ces acteurs vont se retrouver et ensemble on pourra élaborer un système basé sur le développement de ces filières bioénergétiques et qui permettront à terme de réduire la facture pétrolière. C’est une réflexion qui est en cours et peut-être que nous sommes un peu plus avancé que les autres.

Un programme de qualité

Nous voulons un programme de qualité. Nous sommes ambitieux pour le Sénégal et pour l’Afrique. Parce que nous sommes persuadés que c’est à travers ces programmes que la plupart des pays sont développés. Qu’on ne se trompe pas, la fracture entre le Nord et le Sud est scientifique. On ne pourra jamais se développer tant qu’on n’aura pas intégré ce facteur dans nos politiques de développement. On peut gouverner sans la science et la technologie, mais on ne gouvernera bien que lorsqu’on intégrera la science et la technologie dans nos politiques. Le Sénégal n’est pas le seul à s’intéresser à ces biotechnologies. L’Afrique du Sud a développé depuis très longtemps une bonne politique en matière de sciences et technologies. Dans ce pays, c’est le secteur privé qui finance 50 % du budget de la recherche. Nous n’en sommes pas là bien que nous soyons conscients au niveau du gouvernement que ce n’est qu’à travers la science et la technologie qu’on pourra se développer. Le plan est ambitieux forcément et nous avons un échancier couvrant la période 2006-2010. Par exemple pour le CARA, nous sommes en voie de boucler le financement. Pour le parc scientifique et technologique, le financement est acquis et nous aurions pu le construire avant la fin de l’année, mais nous sommes confrontés à des procédures administratives très longues. Pour le centre de recherche et d’essai, on a démarré. Nous avons le centre de Dakar, nous allons inaugurer un centre à Gorée. Nous avons aussi un centre de recherche et d’essai en aquaculture à Mbour que nous allons bientôt inaugurer en collaboration avec l’IRD, à Saint-Louis nous avons ouvert un autre centre de recherche et d’essai. Nous sommes en train de mailler en y allant doucement, parce que nous avons un personnel réduit au niveau de la direction de la recherche technologique. En dehors du planétarium et le cyber village, pour tous les autres, nous avons soit l’assurance d’avoir un financement ou le financement est déjà en place. Nous avons de grandes ambitions et des moyens sont mis à notre disposition. Nous essayons de les utiliser de la manière la plus judicieuse possible pour atteindre nos objectifs.

Le financement de la recherche nécessite beaucoup d’argent. Donc si on a suffisamment de moyens à travers le first, on va renforcer et cela nous permettra d’avoir cet outil de coordination sur le plan des programmes de recherche pour éviter les duplications. Autrement, un programme va se mener à l’Ucad et le même programme va se dérouler ailleurs. Si on a cet outil de coordination avec des appels d’offre chaque année avec les thèmes identifiés, les chercheurs vont postuler.

Biosécurité

En ce qui concerne la législation sur la biosécurité, j’ai piloté pendant trois ans un programme lié à l’utilisation inoffensive des produits issus de la biotechnologie. Ce programme mené en collaboration avec différents partenaires nous a permis d’élaborer l’ensemble des textes législatifs pour réglementer l’utilisation des produits issus de la biotechnologie au Sénégal. Vous êtes informés sur les questions qui sont autour de ces produits notamment les questions environnementales, de sécurité alimentaire, sur la santé des populations. Des questions que les populations se posent en toute légitimité. Un motif suffisant pour nous de légiférer. Nous devons à chaque fois de besoin, à chaque fois qu’un privé importe une semence génétiquement modifiée, que l’Etat du Sénégal après avoir reçu les avis techniques sur l’innocuité du produit donner l’autorisation ou la refuser. C’est ce cadre réglementaire sur lequel nous avons travaillé non seulement sur les aspects techniques en tant que biotechnologiste, on devait définir les critères qui permettent au législateur de pouvoir dire oui ce produit est inoffensif, non il présente trop de danger pour l’environnement, pour la santé humaine, donc ce produit doit être banni. La réflexion a été menée, c’est maintenant au ministère de l’environnement de reprendre ce dossier en main. Le Sénégal était très en avance sur ce dossier. Malheureusement tous les autres pays disposent de cadre juridique dans ce domaine sauf nous.

Propriété intellectuelle

Le pillage des travaux de nos chercheurs pose le problème de la protection, du droit de propriété intellectuelle. Quant on travaille dans un laboratoire, on bénéficie d’un financement, mais il faut négocier avant d’accepter ce financement, les conditions dans lesquelles les résultats doivent être utilisés après. Si on ne le fait pas après, on est à la merci d’individus mal intentionnés qui sont prêts à venir prendre tout ce qui leur passe sur la main pour en faire leur produit qu’ils vont utiliser à leur profit. D’où l’intérêt de créer un bureau de sensibilisation sur la protection de ces droits. Un chercheur qui découvre quelque chose, cette découverte lui appartient d’abord. Cela n’appartient pas à l’institution. C’est à lui donc de négocier cette découverte comme cela se fait aux Etats-Unis. Il peut vendre cette découverte à une entreprise, mais les royalties lui sont versées d’abord, ensuite à l’institution où il a effectué les travaux. C’est vous l’importance et l’intérêt de sensibiliser. Certains chercheurs n’hésitent à sortir toute leur découverte à des collègues de passage au Sénégal depuis la méthodologie de recherche sans se rendre compte que c’est une mine d’or qu’ils sont en train de livrer à ces visiteurs. En dehors de ce bureau de droits de propriété intellectuelle, nous recevons des chercheurs européens, américains qui viennent travailler dans nos instituts et laboratoires pendant une période, nous tenons à ce que les résultats découverts au Sénégal restent. Qu’ils partent avec un document, nous sommes d’accord. Nous sommes en train de prendre un certain nombre de mesures pour les découvertes ne profitent pas à d’autres au détriment de ceux qui ont vraiment investi dans ce travail.



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