L’histoire donne raison aux confrères du journal «Le Témoin» qui avait révélé la perspective. C’est une première sous le Sénégal indépendant : de sources très sûres, le 16 décembre prochain la cour d’assises militaire va se réunir pour statuer sur le sort du caporal Mao Bâ qui avait tiré à bout portant sur son supérieur, le capitaine Ndiaga Bâ dans un campement de l’armée au niveau de Diouloulou. Inculpé et placé sous mandat de dépôt, le caporal Mao Bâ est écroué depuis presque cinq ans à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Rebeuss. Mais comme c’est un militaire, il fallait bien trouver une juridiction spéciale pour le juger.
C’est ainsi que la chambre d’accusation avait décidé de sa traduction devant une cour d’assises militaire, qui se réunit pour la première fois sous le Sénégal indépendant. A côté de l’instruction de l’affaire des chantiers de Thiès, c’est l’un des grands chantiers du premier président prés la Cour d’appel, Cheikh Tidiane Diakhaté chargé de «monter» ce procès qui fera date. Il faut dire que le cas du caporal Mao Bâ constituait une réelle équation pour les autorités judiciaires qui ont finalement opté pour une cour d’assises spéciale qui se réunira le 16 décembre prochain pour ne vider que cet unique dossier qui avait défrayé la chronique dans les casernes.
En effet, les faits remontent en 2002 dans le camp de l’armée se trouvant à Diouloulou, en Casamance. Le capitaine Ndiaga Bâ, réputé rigoureux, interpelle le caporal Mao Bâ, un de ses éléments. Ce dernier se fâche et décide, sans doute dépité, de lui demander des explications : «Capitaine, pourquoi moi ? Pourquoi vous passez tout votre temps à m’humilier. Que vous ai-je fait ? ». Pour toute réponse, le chef engueule le caporal Bâ qui se saisit alors de son arme, tout en continuant de poser les mêmes questions à son supérieur. Ce dernier tente alors, tout en continuant de l’engueuler, de saisir l’arme avant que la balle fatale ne parte. Devant le juge instructeur, le caporal Bâ avait nié l’intention de tuer, arguant tout simplement qu’il ne comprenait pas pourquoi son chef passait tout son temps à l’humilier devant les autres militaires de la base.
En tout cas, pour cette première cour d’assises militaire, il n’est pas téméraire de dire que le caporal Mao Bâ, même victime d’humiliations de son supérieur qu’il a tué, risque gros. En effet, il risque une peine de 15 à 20 ans de prison ferme, à moins que la cour d’assises militaire ne lui reconnaisse des circonstances atténuantes en écartant la volonté de donner la mort.
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