Vendredi 19 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Top Banner
Societe

PROFESSEUR SOULEYMANE MBOUP, PRÉSIDENT DE LA 15ème ICASA : “ Nous ne pouvions pas continuer à avoir de bons résultats si nous n’avions pas pris en compte les minorités comme les homosexuels”

Single Post
PROFESSEUR SOULEYMANE MBOUP, PRÉSIDENT DE LA 15ème ICASA : “ Nous ne pouvions pas continuer à avoir de bons résultats si nous n’avions pas pris en compte les minorités comme les homosexuels”

Le président de la 15e Conférence internationale sur le Sida et les Infections sexuellement transmissibles en Afrique, le Pr Souleymane Mboup, tire un bilan satisfaisant de cette grande rencontre qui s’est tenue à Dakar du 3 au 7 décembre 2008. Dans l’entretien qu’il a accordé au « Soleil », il révèle que les derniers essais vaccinaux ont apporté des effets contraires. Tout compte fait, le Pr Mboup soutient qu’il faut plus de synergie pour mettre en évidence ce vaccin, en accordant une place capitale à la recherche fondamentale, afin de découvrir les différentes facettes du virus.

Professeur, quel bilan tirez-vous de la 15eme Conférence internationale sur le Sida et les Infections sexuellement transmissibles en Afrique (Icasa) ?

Je suis satisfait du déroulement de cette 15eme Icasa et à différents niveaux. D’abord il faut se souvenir et rappeler que cette Icasa était celle des défis. Parce qu’elle devait être organisée dans un pays africain après l’Icasa de 2005, à la fin de laquelle beaucoup de partenaires avaient quelques griefs sur les Icasa, de manière générale.

Certains partenaires avaient déclaré qu’ils ne participeraient plus ou ne soutiendraient plus l’Icasa. C’était une situation assez difficile. En plus, le pays, qui devait l’organiser après un an, n’avait pas montré de signes encourageants pour le faire dans de bonnes conditions. Les initiateurs de cette Icasa avaient fait un appel d’offres pour qu’elle soit organisée dans un autre pays et le Sénégal était le mieux outillé. Nous avions été choisis mais dans un contexte extrêmement difficile, eu égard au manque de confiance des principaux partenaires et du financement. Il faut rappeler qu’on ne vous donne aucun financement quand vous organisez l’Icasa. C’est à vous de le mobiliser. C’était donc un défi à relever. J’avais accepté d’organiser cette Icasa en m’ouvrant à tous les partenaires, afin que tous s’impliquent dans la Conférence et qu’il y ait de la transparence dans l’organisation. Nous avons alors mis en place une stratégie qui consistait à faire le tour de tous les partenaires et de les impliquer dans le Comité directeur international. Ce comité était l’organe qui devait travailler à tout ce qui avait trait l’organisation.

Comment vous avez fait pour redonner confiance aux partenaires et autres personnes qui étaient sceptiques  ?

Nous l’avons élargi à toutes les organisations qui ont été convoquées à Dakar pour expliquer notre stratégie de travail. La confiance est ainsi revenue. C’était un défi à relever pour que la Conférence ne soit pas perdue pour les pays africains. Aussi nous avions mobilisé tous les financements nécessaires, intégré les principales composantes (scientifiques, communautés et leaders).

La participation a été bonne. C’était l’Icasa de tout le monde. Ce qui justifie les excellents résultats obtenus. Les autres Icasa, surtout la dernière, avaient manqué de leadership. Nous avons eu par contre un leadership au plus haut niveau avec le chef de l’Etat, les deux princesses, au moins cinq Premières dames. Je pense que nous ne pouvons pas avoir un meilleur leadership que cela. Ces Premières dames, comme tous les participants, ont fait des sessions.

La 15eme Icasa a été de très haut niveau sur le plan scientifique, parce que nous avions mis en place un procédé extraordinaire en étant plus rigoureux dans l’évaluation des abstracts. Nous avons aussi créé un Village moderne ou toutes les composantes se retrouvent dans les sessions de convergences, en particulier des scientifiques et leaders. C’est la première fois que cela a eu lieu dans une Conférence. Globalement, tout le monde est satisfait et reconnaît que c’est l’une des Icasa les plus réussies. Le défi a été relevé pour le Sénégal et pour toute l’Afrique.

Il a été question au cours de cette Icasa de la prise en charge des minorités vulnérables, des travailleuses du sexe, des hommes ayant des rapports avec des hommes. Est-ce que vous pensez qu’après cette Conférence, les gens vont revoir leur manière de prise en charge de ces groupes dits vulnérables ?

Il est vrai que la stigmatisation et la discrimination étaient encore un frein à la sensibilisation mais également à l’accès, à la prise en charge de certaines minorités. Sur ce plan, je crois nous avons fait face à la réalité. Je crois qu’il n’y a jamais eu aussi une grande visibilité de ces minorités. Nous ne pouvions pas continuer à avoir des résultats importants dans la lutte contre le Sida, si nous ne prenions pas en compte ces minorités comme les homosexuels, qui constituent des populations très vulnérables avec des taux de prévalence presque équivalents avec ce que nous trouvons dans les populations de travailleuses du sexe.

Le Sénégal est l’un des pays qui n’a pas peur des défis parce qu’étant le premier qui a vraiment pris en charge ces minorités et de manière ouverte. Aujourd’hui, tout le monde veut s’inspirer de l’exemple sénégalais.

En ce qui concerne les antirétroviraux, que faut-il faire face à leur résistance ?

Globalement, il faut se rappeler de cette hantise que nous avons au départ en introduisant les Arv en Afrique. On pensait qu’on allait développer des résistances. Cela ne se vérifie pas pour le moment, parce que nous avons les meilleurs taux observés. Mais il y a plutôt une nécessité de la surveillance et des réseaux pour assurer cette surveillance. Les réseaux de l’Oms ont participé à la Conférence et je crois qu’il est prévu, prochainement, une réunion à Dakar sur la résistance aux Antirétroviraux (Arv) et les stratégies mises en place par l’Oms et comment faire en sorte que cela s’applique dans beaucoup de pays. Je crois que cette Icasa aurait permis de pousser tout le monde dans la même direction.

Où en est-on avec la recherche sur le vaccin ? Les tests vaccinaux ont connu un échec et est-ce qu’il faut relâcher ou continuer les recherches ?

Il faut absolument continuer. Je crois que les essais vaccinaux, qui ont été réalisés, n’ont pas encore donné des résultats encourageants. Pis, les derniers essais ont souvent révélé une certaine facilitation du vaccin, c’est-à-dire que les sujets qui reçoivent le vaccin sont beaucoup plus vulnérables, s’infectent plus facilement que les sujets qui ne l’ont pas reçu. Cela veut dire que le vaccin facilite plus la transmission. Ce n’est pas à des taux significatifs, mais c’est une tendance en particulier. Un autre phénomène assez surprenant : c’est que la circoncision protégeait aussi un peu. On savait qu’elle protégeait de manière générale mais nous n’avions pas compris pourquoi. Mais il semble que la circoncision serait protectrice par rapport à cette vaccination. C’est que cette situation a jeté un froid sur la recherche. C’est un vaccin à base du virus que nous appelons Adénovirus 5. On s’est rendu compte que ceux qui étaient très disposés et qui avaient des taux très élevés ou n’étaient pas circoncis étaient les plus à risque de s’infecter.

Ce qui fait que dans les prochains essais, les chercheurs tiendraient compte de ces facteurs en excluant des personnes qui ont un certain taux d’anticorps antéadenor ou qui n’étaient pas circoncis. Si nous voulons arrêter cette épidémie, il faut poursuivre la recherche. Nous avons encore besoin de mieux comprendre ce virus, de faire beaucoup de recherches fondamentales pour mieux comprendre ses mécanismes mais également continuer à diversifier et avoir de nouvelles stratégies. On est optimisme mais cela demandera d’approfondir nos connaissances et de mettre ensemble tout notre savoir-faire pour arriver à mettre à la disposition de l’humanité ce vaccin et freiner la progression du Vih.

Quelle réponse donnez-vous à certains tradipraticiens qui disent qu’ils ont mis en évidence des médicaments qui guérissent le Sida ?

Les tradipraticiens étaient largement représentés dans cette Icasa et ils se sont beaucoup exprimés lors de la Conférence. Je le dis et je répète, pour démontrer qu’un médicament est efficace, il y a une méthodologie à suivre et cette méthodologie est universelle. Qu’elle que soit la personne que vous soyez, si vous ne suivez pas cette méthodologie, vous ne pourrez jamais, en tout cas sur le plan scientifique, démontrer que le médicament que vous avez mis en place est efficace. Nous avons travaillé avec quelques tradipraticiens et chaque fois que nous avons essayé de prouver ces méthodes, elles n’ont jamais marché. Il y a une méthodologie universelle pour prouver l’efficacité d’un médicament.

On consacre plusieurs années pour prouver l’efficacité d’un médicament. Ce n’est pas quelque chose que l’on fait du jour au lendemain. Cela prend parfois 10 à 20 ans. Pour répondre à la question, je crois que les tradipraticiens doivent, quel que soit le médicament, continuer le travail de recherche et suivre cette méthodologie universelle. Car, c’est cette méthodologie qui nous permettra de confirmer un produit. Ce n’est pas en donnant un ou deux produits pour dire que c’est le médicament qui guérit le Sida.

Est-ce qu’il y aura un suivi pour les recommandations de cette 15eme d’Icasa ?

Il n’y avait pas souvent de rapport d’Icasa. Nous avons décidé, cette fois-ci, qu’il y aurait un rapport d’Icasa qui sera élaboré et diffusé dans note site web avec les différentes recommandations. C’est la première chose qu’on voulait faire. Mais, quant on a vu le chef de l’Etat, il s’est proposé que les recommandations d’Icasa soient portées au niveau des chefs d’Etat lors du prochain sommet de l’Ua, de manière à les sensibiliser mais aussi à faire en sorte que ces recommandations soient utiles aux populations africaines. Si cela se réalise, je crois on aura fait un grand pas par rapport à Icasa.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email